Depuis le cataclysme de 1993 et le but assassin de Kostadinov au parc des Princes, le football français a connu sa grande mue, son retentissant essor. L’effet Aimé Jacquet, sauveur du football français, est indéniable. La chute connue en 2002 et en 2010, deux Mondiaux ratés de Lemerre et Domenech ne peuvent contredire l’hypothèse d’un modèle français très efficace qui a fait de l’équipe de France un favori certain et une référence. Mieux, un modèle de renouvellement des générations de joueurs de qualité «produits» dans les centres de formation (les meilleurs dans le monde depuis plus de 20 ans) et les clubs français (Lille, Rennes…), puis exportés vers les championnats huppés. Et derrière cela, une très forte structure technique qui anime les politiques de formation dans l’Hexagone. Ce n’est pas un hasard si les Bleus ont remporté le Mondial 2018, atteint la finale de l’Euro 2016, et s’apprêtent à entrer au carré d’as en tant que premiers favoris à leur succession. Malgré les blessures qui ont touché des pièces maîtresses de l’équipe comme Benzema, Kanté, Pogba, Hernandez, et bien qu’ils jouent avec un seul latéral de métier, les Français ont pu se ressaisir en «rédeployant» intelligemment des joueurs axiaux, comme Koundé. Et ce n’est pas vrai que l’équipe de France a un mauvais banc, au contraire, Deschamps peut compter sur des noms solides, comme Coman, Thuram, Konaté… C’est la sélection la plus régulière et même si elle a moins bien joué que l’Angleterre, elle a su forcer, avec «l’arrogance» des grandes sélections, la chance. L’homme clef de cette équipe de France ? A notre avis ce n’est ni Mbappé, ni Giroud, ni même Lloris, tous très bons, mais un certain Griezmann, le créateur et le passeur décisif. Un joueur régénéré sur ce Mondial, lui qui souffrait sur le banc de l’Atletico Madrid. Deuxième attaquant décalé, il est aussi ce 3e relayeur pour épauler Tchouaméni et Rabiot en phase défensive. C’est le joueur de création sur lequel repose tout le système d’un Deschamps qui a réussi à monter une équipe soudée et complémentaire malgré la cascade de blessures. Ce modèle de l’équipe de France est quelque chose de très compact. De bien structuré, loin des faux débats tactiques et des caprices des stars.