Accueil A la une Pénurie de médicaments : Le calvaire continue

Pénurie de médicaments : Le calvaire continue

 

• Du côté des pharmaciens, on constate des ruptures de stock d’environ 300 médicaments par mois.
• Les médecins de l’hôpital Errazi parlent d’un manque de 30% des médicaments pour les maladies chroniques et psychiatriques.
• L’armée nationale intervient pour faire échouer une opération de trafic de médicaments du côté du Kef.

Face au manque flagrant de médicaments dans certaines pharmacies relevant des hôpitaux publics et aussi au sein de certaines officines du secteur privé, l’on craignait de vivre une pénurie générale où même ceux qui ont les moyens de se procurer des médicaments à des coûts très élevés seraient obligés de faire le tour de la ville sans réussir à trouver le médicament qu’ils sont censés utiliser quotidiennement.

Et ceux qui professaient que le manque de médicaments, en particulier ceux utilisés par les citoyens souffrant de maladies chroniques, est à assimiler à une bombe à retardement avaient peut-être raison dans la mesure où les événements  n’ont fait malheureusement que confirmer leurs pronostics.

Ainsi, avec la révocation du directeur général de la Pharmacie centrale (sans désigner jusqu’à la rédaction du présent article un cadre de la profession pour le remplacer), la décision des pharmaciens des officines privées de rompre leurs relations avec la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) pour non-paiement des arriérés à la solde de la Cnam et aussi la mesure prise par plusieurs laboratoires étrangers établis en Tunisie de ne plus approvisionner la Pharmacie centrale pour la simple raison que leurs dettes, de plus en plus importantes, ne sont plus honorées par la PCT, les prévisions des professionnels du secteur virent, de jour en jour, au rouge au point qu’arriverait un jour où les pharmacies des hôpitaux sonneront vides et que les officines privées se contenteront d’écouler… les produits cosmétiques.

Mais comment en est-on arrivé à la situation actuelle où, selon certaines sources médicales, les pharmacies publiques accusent un manque de plus de 30% en médicaments, comme c’est le cas à l’hôpital Errazi, et est-il vrai que les réseaux de trafic de médicaments ont réussi à faire passer de grandes quantités en dehors des frontières ?

Pour essayer de répondre à ces questions, l’on ne peut que piocher des éléments de réponses préliminaires dans les déclarations et les données produites, à un rythme régulier, par certaines directions régionales de la santé ou par certains directeurs des hôpitaux ou même par des citoyens de plus en plus nombreux à se plaindre de la pénurie des médicaments, de moyens.

Ainsi, lors des journées scientifiques d’Errazi, tenues ces derniers jours à Hammamet, les psychiatres exerçant dans cette institution ont convenu que «le manque de médicaments spécifiques est à comparer à une bombe à retardement», appelant les autorités compétentes à tout faire pour «éviter qu’on ne tombe en rupture de stock pour ces psychotropes».

Du côté de l’Ordre des pharmaciens, Ali Bsila, le président de l’ordre, parle «des problèmes de ravitaillement et des ruptures de stock d’environ 300 médicaments par mois».

Il ajoute : «Ces troubles touchent les médicaments courants et aussi les médicaments utilisés pour les maladies chroniques».

Toujours du côté de ceux qui souffrent de la pénurie de certains médicaments, on relève qu’à Béja, plusieurs citoyens se sont exprimés pour dire que les médicaments de l’hypertension artérielle, du diabète et de l’insuffisance cardiaque «se font rares dans les pharmacies privées ou dans les hôpitaux depuis plus de deux mois».

Il reste toutefois qu’en parallèle avec les contestations citoyennes et les appels lancés par les professionnels aux autorités pour trouver une solution urgente à la pénurie, se poursuivent la vigilance et la veille en vue de faire face aux opérations de trafic de médicaments. La marine nationale vient, en effet, de mettre en échec une opération de trafic de médicaments qui étaient destinés à atterrir en Libye. L’on apprend qu’un bateau chargé de médicaments a été intercepté et que deux individus ont été arrêtés par l’armée.

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