L’insécurité dans les hôpitaux, notamment dans les services d’urgence, est un grave problème récurrent qui met à nu les conditions de travail insupportables et interpelle les parties prenantes à prendre des mesures urgentes en vue d’assurer la sécurité de ces lieux qui font face à la recrudescence des actes de violence ciblant le staff médical et paramédical. Des actes qui sont le plus souvent revus à la hausse au début de chaque saison estivale. De l’insulte, aux intimidations et menaces qui finissent par les agressions verbales et physiques et même la destruction du matériel de soin. Le calvaire vécu au quotidien par le personnel médical n’est pas un fait nouveau et n’est pas, non plus, propre à notre pays mais il est temps d’y mettre fin. La grave agression commise ces derniers jours à l’encontre d’un infirmier et l’un de ses collègues à l’hôpital Mahmoud-Matri à l’Ariana, a parait-il précipité les choses et la ministre de la Santé par intérim, Sonia Ben Cheikh, est allée hier matin à la rencontre du ministre de l’Intérieur pour examiner et adopter dans les plus brefs délais les mesures de sécurité nécessaires dans les services d’urgence relevant des établissements publics.
A cet effet, il faut remonter à l’année 2017 et plus précisément au mois d’octobre lorsque l’ancien ministre de la Santé, feu Slim Chaker, avait tenu une réunion en présence de Sonia Ben Cheikh qui occupait à cette époque le poste de secrétaire d’Etat à la Santé en vue de discuter et se concerter autour des mesures qui devaient être prises pour assurer la sécurité dans les hôpitaux, dont surtout l’élaboration d’un texte de loi protégeant le staff médical et paramédical et le renforcement des mécanismes de protection et de sécurité.
Certes, aucun accord n’a été entériné après cette réunion et il n’y a pas eu de renforcement du dispositif sécuritaire dans les urgences relevant des hôpitaux publics. Les agressions n’ont jamais cessé et ont pris parfois des tournures graves mettant en danger même la vie du staff paramédical. Un infirmier a failli passer de vie à trépas la semaine dernière après avoir été poignardé par un patient qui était sous l’effet de l’alcool et de la drogue. Les actes d’agression poussent dans certains cas le staff médical à larguer les amarres comme l’avait confirmé l’ancien ministre de la Santé, Abderraouf Cherif, au début de l’année en cours. Environ 200 médecins étaient sur le point du départ suite aux agressions subies dans les hôpitaux, avait-il déclaré à une radio privée. Toutefois, le problème des violences aux urgences doit être traité en amont et en aval. Le dépassement des délais d’attente raisonnables, l’engorgement des services d’urgence et le manque de staff médical et paramédical sont des facteurs susceptibles de mettre les nerfs des médecins et des patients à fleur de peau, d’où ces menaces qui finissent par des actes d’agression physique au bout de quelques heurs d’attente. Ainsi faudra-t-il se pencher sur l’amélioration des conditions d’accueil dans les services d’urgence, le renforcement du personnel médical pour répondre dans les plus brefs délais aux besoins des patients et l’aménagement des salles d’attente bien adaptées.
Certes, la présence d’agents de sécurité, de rondes policières ou de caméras de surveillance pourrait jouer un rôle dissuasif mais il faut en parallèle se pencher sur les réelles causes de la violence, à savoir l’augmentation du nombre des patients dans les urgences au moment où celui des médecins ne cesse de diminuer, ce qui est de nature à créer de vives tensions sur le plan relationnel entre ces derniers.