En optant pour la grève, les chauffeurs de taxis individuels paralysent le transport en ville, si bien que les usagers se rendant au travail paient le prix fort et restent à quai. Place au désordre, à l’improvisation et à la paralysie.
Il est 11h00 en ce début de semaine du 16 janvier, le trafic des taxis est beaucoup moins important et dense que d’habitude. Et encore ! Beaucoup de taxis circulent comme pour narguer les citoyens, en les laissant au bord de la route attendre indéfiniment que l’un d’eux daigne les embarquer. Comme prévu, ce mouvement est en train de paralyser la circulation, car le syndicaliste le plus en vue des taxis tunisiens, Faouzi Khabouchi, a indiqué sur les ondes radio le matin même que «certains grévistes seront sur les routes». Il faut entendre par là qu’ils vont circuler bon gré mal gré sans exercer. Pendant que d’autres n’hésiteront pas à manifester leur mécontentement en se garant en contre-bas de la route, notamment au niveau de la route X où une rangée d’une dizaine de taxis rajoute un zeste de paralysie à sa manière.
Alors qu’on croyait que les différentes majorations sur le compteur du taxi depuis la mi-décembre dernier allaient résoudre le conflit avec le gouvernement, les voilà qu’ils repartent de plus belle avec moult revendications et sur fond de désaccords.
Le flou
La veille de la grève, le secrétaire général de l’Union tunisienne des taxis individuels Faouzi Khabouchi, a assuré aux médias le maintien de la grève des taxis individuels. Le responsable syndical a expliqué que cette décision intervient à la suite de l’absence de réaction du gouvernement et des autorités concernées. La sourde oreille face aux revendications des professionnels du secteur au sujet des applications de e-transport que leur profession juge illégales, aux multiples infractions et en violation de la loi régissant le secteur et pratiquant le blanchiment d’argent rajoute au flou artistique.
Selon un communiqué de la TAP, on apprend qu’au micro de Jihene Miled dans son émission Sbeh Ennes sur Mosaïque FM, M. Khabouchi a expliqué que le sit-in de l’avant-veille a permis de se réunir avec un conseiller de la présidence de la République, qui a promis de présenter la situation et les documents fournis au Chef de l’État qui devra prendre une décision dans les jours qui suivent.
Les taxistes tunisiens réclament une baisse du prix des pièces de rechange alors que d’autres veulent un meilleur amortissement de leur véhicule qui passerait à la casse au bout de cinq ans afin de circuler avec un véhicule neuf et moins coûteux, «même d’origine chinoise s’il le faut», estime l’un d’eux, la cinquantaine et motivé plus que jamais à amortir son véhicule vieillissant.
Pour d’autres précisions, le communiqué développe ce qui suit : « L’Utti a accordé aux autorités un délai d’une semaine, avant d’entamer la grève. L’organisation reproche la prolifération d’applications et l’entrée de non-professionnels, un danger pour le métier », estime-t-elle. En outre, elle réclame l’octroi d’autorisations de taxis individuels aux professionnels dans les plus brefs délais. Rappelons que certains chauffeurs de taxis individuels adhérant à la Chambre syndicale relevant de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat étaient en grève le 2 janvier 2023, notamment à cause de l’octroi d’autorisations. Une grève qui a coïncidé avec celle des agents de la Transtu et qui avait paralysé la capitale, au début de la nouvelle année».
Un ultimatum qui va sans doute contraindre le gouvernement à envisager des solutions plus radicales, pour assainir le secteur du transport agonisant en Tunisie. Mais cette façon d’anticiper la grève générale du transport prévue les 25 et 26 janvier n’est pas de nature à apaiser les tensions. Maintenant, la question est de savoir si aujourd’hui les taxis vont circuler comme si de rien n’était ou opteront pour l’escalade sans savoir s’ils auront gain de cause ?