Bien que des mécanismes juridiques assurent, théoriquement parlant, la protection des migrants, sous nos cieux, la réalité en dit long sur le volet pratique. Et combien de migrants ont été, ces dernières années, la cible de violences et d’agression. Voire tout un comportement discriminatoire adopté à leur encontre et qui fut vivement dénoncé par les uns et les autres.
En 2018, la Tunisie, première dans le monde arabe, se dotait d’une loi organique n° 2018-50 relative à l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Un acquis juridique qui n’a pas été traduit dans la pratique. En 2020, le nombre de migrants vivant en Tunisie est estimé à plus de 60 mille, comptant des personnes qui ont décidé de migrer pour des raisons très diverses. Certaines d’entre elles ont été victimes de discrimination raciale de la part des populations locales, nourrie par les préjugés et les stéréotypes proliférés sur leur statut et leurs origines, lit-on dans un communiqué récemment publié par l’Organisation internationale pour les migrations, OIM-Tunisie.
Nouveau cadre des liens sociaux
Ainsi, la discrimination s’accentue et exacerbe des formes d’exclusion sociale pouvant avoir de graves conséquences pour les migrants, comme la ghettoïsation, des violences physiques et des violations des droits de l’homme, ce qui remet en question la cohésion sociale dans la communauté. Et là, il y a lieu de mettre en avant l’apport du sport comme vecteur de rapprochement et d’interactivité, mais aussi en tant « qu’outil précieux pour soutenir le processus de cohésion sociale ainsi qu’une accroche pour attirer les migrants et les communautés d’accueil dans des activités qui favorisent plus explicitement un nouveau cadre des ‘‘liens sociaux’’, juge-t-on ainsi. .
Et c’est dans cette optique que l’OIM- Tunisie a mis en œuvre le projet “Sport pour l’inclusion : football contre le racisme», financé par la « Fondation Uefa pour l’enfance », en partenariat avec le ministère de la Jeunesse et des Sports. A travers ce projet dont la 1ère phase vient d’être clôturée, il y a à peine deux jours, l’OIM cherche à résoudre ou atténuer les effets néfastes dus au manque de cohésion sociale entre migrants et la communauté hôte. L’OIM a mené, alors, 75 activités sportives profitant à plus de 800 personnes, dans le but de réunir différents acteurs sociaux, publics et privés dans les villes de Djerba, Médenine, Sfax, Sousse, Tunis et Zarzis. Des villes considérées comme centres d’implémentation du projet contre toute forme de discrimination raciale pouvant avoir comme conséquence la marginalisation des migrants en Tunisie. Un fléau préjudiciable à leur dignité et sécurité. L’objectif étant la facilitation de l’intégration des migrants.
Quatre espaces sportifs aménagés
Dans le cadre de ce projet, quatre espaces sportifs ont été également aménagés à Médenine, Sfax (maison des jeunes Cité Cimar), Sousse (Maison des jeunes Cité Erriadh), et à Zarzis. Toutes ces activités ont été réalisées en collaboration avec des partenaires institutionnels, diplomatiques, onusiens, et de la société civile, à savoir le ministère de la Jeunesse et des Sports, la Fédération tunisienne de sport pour tous, les Scouts tunisiens, le Croissant-Rouge tunisien, les ambassades de l’Argentine et de la Côte d’Ivoire, ONU Femme et Unhcr, Aesat-Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie et Armat-Association des ressortissants marocains en Tunisie.
A rappeler que la cérémonie de clôture a eu lieu, samedi dernier au palais Esaâda à La Marsa, dans la banlieue nord de la capitale, au cours de laquelle l’OIM-Tunisie avait, ce alors, dressé un bilan exhaustif des activités accomplies et les résultats obtenus. Ceci étant le fruit d’un travail collaboratif et la conjugaison de tous les efforts consentis à cet effet. Le soutien de tous les partenaires de l’OIM-Tunisie a été aussi mis en valeur. « La cohésion sociale est un édifice dont la construction nécessite l’effort conjugué de tous. Migrants et Tunisiens jouent ensemble pour bâtir une Tunisie encore plus unie », ainsi résume l’OIM dans son communiqué. Somme toute, “Sport pour l’inclusion : football contre le racisme», ce n’est, en fait, qu’un début rassembleur, dans l’attente d’une seconde phase beaucoup plus généreuse et stimulatrice de la culture de solidarité et du vivre-ensemble.