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Moez Hadidane : «Le dossier de financement auprès du FMI est incomplet »

L’expert financier, Moez Hadidane, a déclaré, récemment sur les ondes d’une radio privée, que les banques tunisiennes ont réalisé des bénéfices importants en termes de nombre de transactions. « Le déclassement de la notation de la Tunisie par l’agence Moody’s devait forcément affecter celle des banques en imposant également un déclassement de celles-ci ». Sur un autre plan et pour ce qui est du fait d’aller au « Club de Paris », Hadidane a précisé que le fait d’en parler est tout à fait justifié, car la Tunisie a des délais à respecter pour le remboursement des dettes extérieures comme spécifié dans la loi de finances. « En réalité il n’y a aucun signe permettant de s’assurer que les fonds pour ce remboursement seront fournis, et le dossier de financement auprès du Fonds monétaire international n’est pas complet ».

Selon Moez Hadidane, l’Etat aurait dû publier certaines lois mais rien n’a été fait. Tous les problèmes d’ordre social et politique que connaît le pays sont tout autant des facteurs indiquant l’absence de signes de possibilité de remboursement de la dette. « Quelques changements ainsi que la réalisation de véritables réformes par le gouvernement  pourraient épargner à la Tunisie d’aller au Club de Paris. Parmi les solutions disponibles, figure la réforme des systèmes de production et l’exportation du phosphate, qui génère des fonds importants permettant de couvrir une partie du déficit, en plus de l’importance du tourisme tunisien », a indiqué l’expert financier. Et d’ajouter, « il y a une très grande indifférence face à la situation actuelle mais il y a un espoir que d’ici juillet et août, une première tranche pourra être obtenue auprès du Fonds monétaire international en cas d’engagement de réformes ». Hadidane a également expliqué que la plus grande problématique consiste en la suppression des subventions, sachant que si le gouvernement prend des mesures pour les supprimer, cela fera office d’un indicateur positif, et le financement pourra être obtenu.

Energie renouvelable : Une nécessité pour le pays

Naila Gonji, ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, a déclaré que « la durabilité énergétique n’est plus une option en Tunisie, mais une nécessité liée à la sécurité énergétique du pays en raison de la situation financière générale au niveau national, ainsi que de l’accélération des changements politiques, de l’augmentation des prix des combustibles et de l’irrégularité de l’approvisionnement au niveau mondial ». Il est à rappeler que le décret 86 de 2023, publié sous le numéro 12 du 6 février 2023, définit le champ d’intervention du fonds de transition énergétique dans le cadre du plan de transition vers les énergies renouvelables en octroyant des incitations aux particuliers, soit pour la concentration sur les toits délaissés, soit pour les chauffages solaires, soit aux entreprises pour la production autonome d’électricité renouvelable. Ce fonds intervient, par ailleurs, dans les investissements dans le secteur résidentiel pour l’isolation thermique des toits des maisons individuelles, en accordant une subvention ne dépassant pas 25% du coût de l’investissement et un plafond de 21 dinars par mètre carré de surface isolée pour les maisons existantes. Ce décret accorde également une subvention ne dépassant pas 25% du coût de l’investissement et un plafond de 16 dinars par mètre carré de surface isolée pour les maisons en construction. Les investissements peuvent également bénéficier d’un taux d’intérêt préférentiel pouvant aller jusqu’à 3,5% pour les prêts pour l’investissement.

Hichem Hajji, directeur exécutif du Centre maghrébin de recherches et d’études : «La crise est complexe»

Dans un entretien exclusif à « Xinhua », le chercheur politique tunisien Hichem Hajji, directeur exécutif du Centre maghrébin de recherches et d’études, qualifie la pénurie de certains produits de base que connaît la Tunisie de « crise complexe ». Elle est, selon lui, le fruit des difficultés subies par les finances publiques du pays. « Les difficultés financières ont affecté négativement la liquidité du fonds de soutien (Etat) et ont conduit au non décaissement des cotisations des grands producteurs, ce qui a provoqué une baisse de la production, d’autant plus que le secteur se plaint de la domination d’un seul producteur qui représente 80% de la production. Le manque de lait et de ses dérivés est également dû à la décision de certains éleveurs de renoncer à élever des bovins en raison du coût élevé de leur alimentation et aussi à cause de la sécheresse, ce qui a contribué à l’émergence du phénomène de la contrebande des bovins hors de Tunisie, d’où une baisse importante du troupeau ». Pour lui, l’incapacité à trouver une solution à cette crise est « la preuve de l’échec de la gouvernance tout au long de ces dernières années, outre la baisse d’efficacité du rendement des institutions de l’Etat dans certains domaines ». Et d’ajouter : « J’estime que la hausse de l’inflation n’est pas, dans tous les cas, un indicateur positif, car elle affecte négativement le niveau de vie des citoyens tout autant que l’économie nationale. Il existe des raisons externes liées à la hausse du prix du pétrole, des céréales et de tout ce que la Tunisie importe, en plus de la baisse des exportations, qui a réduit le solde de la Tunisie en devises. L’une des raisons les plus importantes de la hausse de l’inflation n’est autre que le relèvement successif du taux d’intérêt directeur de la Banque centrale sans prendre de mesures d’accompagnement, du fait que la Tunisie applique des mesures parachutées, sans prendre en considération des données subjectives liées aux paramètres propres à son économie. Sur cette base, je ne vois pas l’inflation diminuer ».

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