Au niveau régional, les deux régions du Grand Tunis et du Centre-Est affi chent, comme en 2015, les dépenses moyennes par tête et par an les plus élevées, respectivement à 6 874 dinars et 6 130 dinars.
La dépense moyenne aux prix courants par personne et par an s’établit à hauteur de 5 468 dinars en 2021, comparée à 3 871 dinars en 2015, soit une hausse de 41,3% sur l’ensemble de la période 2015-2021, selon l’Enquête nationale sur le budget, la consommation et le niveau de vie des ménages 2021, publiée vendredi par l’Institut national de la statistique (INS).
Cette progression correspond à une croissance annuelle moyenne de 5,9%. Aux prix constants, les dépenses ont connu une quasi-stagnation sur la période 2015- 2021.
L’enquête nationale sur le budget, la consommation et le niveau de vie des ménages (Ebcnv) vise essentiellement à fournir des informations sur l’acquisition par les ménages de biens et services destinés à la consommation.
Les renseignements recueillis à partir d’une observation directe des dépenses des ménages permettent d’avoir des éléments d’appréciation autour de la situation et de l’évolution du niveau, des conditions de vie des ménages et de la population tunisienne.
Elle permet, également, d’identifier la population pauvre et d’en dresser le profi l, sachant que la dernière opération a été menée entre le 13 mars 2021 et le 8 mars 2022.
Les dépenses moyennes par personne par an varient considérablement selon les tranches de la distribution statistique des dépenses. En e et, les ménages appartenant au dernier quintile des dépenses (les 20% les plus nantis) consacraient en 2021, en moyenne, 11 767 dinars par tête à leurs achats de consommation, contre 2 014 dinars durant la même année par personne et par an chez les ménages du premier quintile (les 20% les moins nantis), soit environ un rapport de un à six.
Changement dans la structure des dépenses des ménages en 2021
Au niveau régional, les deux régions du Grand Tunis et du Centre-Est a chent, comme en 2015, les dépenses moyennes par tête et par an les plus élevées, respectivement à 6 874 dinars et 6 130 dinars. En revanche, la croissance de la dépense moyenne annuelle par tête, entre 2015 et 2021, était la plus forte dans les régions du Nord-Ouest (8,9%) et du Sud-Est du pays (7,9%).
L’enquête a conclu que la structure des dépenses des ménages observée s’inscrit en 2021, en rupture de tendance par rapport aux exercices précédents pour certaines rubriques. C’est notamment le cas de la part consacrée aux produits alimentaires dans le budget des ménages qui passe de 28,9% en 2015 à 30,1% en 2021, après une baisse tendancielle durant les dernières décennies
Cette proportion consacrée aux produits alimentaires atteint environ 35% chez les ménages du premier quintile de dépense.
De même, la part des dépenses de transport, historiquement à la hausse, a baissé à 6,9% (contre 9,4% en 2015), alors que la part de dépenses allouées à d’autres rubriques, comme celles des produits de santé et d’hygiène, a marqué une augmentation substantielle, sans doute en raison de l’impact de la crise sanitaire.
Les inégalités ont légèrement augmenté
Le taux de pauvreté augmente de 16,6% avec une évolution contrastée des inégalités en 2021, une personne est considérée comme pauvre si ses dépenses de consommation annuelles sont inférieures à 2 536 dinars. Ainsi, le taux de pauvreté s’établit à 16,6% en 2021, contre respectivement 15,2% en 2015, 20,5% en 2010 et 23,1% en 2005. Les estimations issues des résultats de l’enquête montrent également une stagnation du taux de pauvreté dite « sévère ou extrême », puisqu’il ressort à 2,9% en 2021, soit le même taux qu’en 2015.
Une lecture des résultats de l’enquête par grandes régions refl ète une augmentation de la pauvreté dans plusieurs régions du pays entre 2015 et 2021. Il est à noter toutefois que la région du Nord-Ouest se distingue par une réduction sensible du taux de pauvreté, passant de 28,4% en 2015 à 22,5% en 2021.
Le Grand Tunis a che pour sa part une légère baisse du taux de pauvreté à 4,7% en 2021 (contre 5,3% en 2015). Le Centre-Ouest demeure la région où le taux de pauvreté est le plus élevé en Tunisie, en augmentation à 37% en 2021 (contre 30,8% en 2015) et son « gap » par rapport à d’autres régions, comme celles situées sur le littoral de la Tunisie reste important. En outre, et sur la base de la distribution des dépenses totales, les indicateurs d’inégalité entre individus (ou ménages) refl ètent, au niveau national, une légère atténuation des disparités. Ainsi, l’indicateur communément utilisé, à savoir l’indice de Gini, s’établit à 35,3 en 2021, contre 36,5 en 2015. Cependant, cette baisse est imputable à une réduction importante de l’indice de Gini pour la région du Grand Tunis, principalement due à une baisse de certaines dépenses des ménages les plus aisés pendant la crise sanitaire (transports, voyages, loisirs, achats de biens durables…), réduisant les disparités des profi ls de consommation au-dessus du seuil de pauvreté. Dans toutes les autres régions du pays, les inégalités auraient légèrement augmenté.