Plus de 180.000 écoliers en 2e année et autant en 4e année suivront des cours de français et d’anglais. L’objectif est de s’ouvrir au monde grâce à l’enseignement des langues étrangères
Le renforcement de l’enseignement des langues dès le primaire n’est plus un luxe. C’est une nécessité. L’introduction du français a connu des flottements. Les élèves pouvaient alors le suivre en 3e année de base. Mais il semble que c’est un peu tardif.
L’anglais ne faisait son introduction qu’en 6e année de base. Là, aussi, on pouvait juger qu’il ne correspondait pas à l’étape.
Lorsque le débat sur la réforme du système éducatif a commencé, on s’est rendu à l’évidence que l’ouverture de notre enseignement sur son environnement géographique ne pouvait passer que par l’ouverture aux langues étrangères. On a, donc, opté pour l’enseignement précoce de deux langues : le français et l’anglais. Pour ce dernier, il n’était pas enseigné dans le primaire. Son introduction, à partir de la 6e ne remonte pas loin.
Seulement, cette fois, l’anglais débutera plus tôt en 4e année et ce sera à partir de la rentrée prochaine (2019-2020). Le français, lui, sera désormais enseigné dès la 2e année. Bien sûr, tout repose sur une nouvelle optique qui se fixe pour objectif de faire des langues étrangères un moyen d’acquérir les outils d’appropriation du savoir.
Car, il faut dire que la fermeture de notre système éducatif avait été entamée avec le tournant malheureux de la « tunisification ». Sous cette étiquette, on avait, alors, commencé une arabisation à outrance qui a conduit à un véritable bouleversement des habitudes et des concepts. Dès les années 1990 on avait commencé à voir les conséquences de l’arrivée de nouvelles idéologies et théories dans les programmes étudiés dans nos institutions d’enseignement. Il était, déjà, trop tard. Et, on en voit, aujourd’hui, les retombées de ces enseignements hermétiques importés par des politiciens qui cherchaient à s’inspirer d’un panarabisme sans lendemains.
Actuellement, il faudrait être réaliste et pragmatique. Notre pays n’a pas besoin de jouer les héros. La priorité pour tous les Tunisiens c’est de former des générations imbues de nos propres valeurs. Des valeurs que l’on ne trouve que chez nous. Pour ce faire, la formation qui devrait être dispensée à nos enfants doit se caractériser par la tolérance et l’ouverture sur l’Autre tout en étant ancrée dans nos traditions.
Les diagnostics constatés officiellement montrent, en effet, que nos élèves ne sont pas tous des as dans les langues. Et, cela ne concerne pas seulement les langues étrangères mais, également, la langue arabe (appelées, à tort ou à raison, la langue «mère»).
On estime que les élèves qui n’obtiennent pas leurs moyennes en arabe dans les examens nationaux se situent autour de 30% contre 40% pour le français. Il y aurait, parmi les élèves de 6 e, de grandes faiblesses dans la maîtrise de la langue de Molière ou de Shakespeare. Ils seraient près de 20% à ne pas maîtriser le français et, environ 15% l’anglais.
Ce qui n’est pas, nécessairement, le cas pour le secteur privé où on accorde beaucoup plus d’intérêt à l’enseignement des langues étrangères à un âge de plus en plus précoce. Les parents sont tentés par ces expériences qui, faut-il le souligner, ne sont pas autorisées officiellement. C’est, pour le secteur privé, une manière d’appâter les parents et les pousser à choisir le privé.
Il n’en reste pas moins que ce choix adopté par certaines institutions privées est sujet à controverse. Pédagogiquement parlant, il y aurait un âge à respecter pour engager les élèves dans ces apprentissages linguistiques.
Ceci n’a pas empêché le secteur étatique de s’investir dans ces projets sans, toutefois, forcer la dose. C’est pourquoi on tient à préciser que dans ces deux niveaux (2e année pour le français et 4 e année pour l’anglais) il ne s’agira pas à proprement parler d’un enseignement mais d’une initiation à ces deux langues. L’approche sera, donc, beaucoup plus ludique. Et c’est dans ce contexte que l’on a procédé à une formation très ciblée de 1.000 enseignants de français et de 3.000 en anglais. Ce travail a été entrepris grâce à une collaboration avec le British Council, l’ambassade américaine (pour l’anglais) et l’Institut français de Tunisie (pour le français).
Toujours est-il que, dès l’année prochaine, plus de 180.000 élèves de 2 e année primaire suivront des cours de français avec des enseignants formés, particulièrement, à cette mission. Il y en aura autant d’élèves de 4e année qui inaugureront leurs premiers cours d’anglais. Signalons, par ailleurs que plus de la moitié des effectifs sont constitués de garçons.