Objets inanimés, vous aviez donc bien une âme, et Majed Zalila a su la réveiller. Guitares désaccordées, réveils silencieux, machines à coudre obsolètes, sièges démodés, porcelaines de grand-mères ou miroir sans tain retrouvent, au fil de son imagination, actualité, pertinence et contemporanéité.
Cela avait commencé comme un jeu. Lilia Haj Khalifa, connue pour être un redoutable chef d’entreprise, a un jardin secret qui commence d’ailleurs à ne plus être aussi secret que cela : organiser en tant que commissaire des expositions d’artistes auxquels elle propose des thèmes insolites, originaux, hors de leur zone de confort. Cela a commencé avec l’étonnante invasion de tortues dans le cadre somptueux et raffiné du Dar Jeld des soirs de Ramadhan. Cela a continué dans les espaces délabrés du vieux palais du bord de mer où Omar bey déploie ses Sumos et ses œuvres monumentales.
Cette fois-ci, elle a demandé à l’un de nos plus créatifs et productifs artistes, Majed Zalila, de rendre vie et vie artistique à des objets du quotidien, réformés et oubliés.
Comme il a de l’humour et de l’imagination, Majed Zalila s’est tout de suite emballé pour cette gageure. Réussissant à embarquer dans cette aventure sa galeriste traditionnelle, Senda ben Khelil, il se jette à corps perdu dans cette nouvelle expérience. Le voilà qui écume brocantes et gouacheras, puces et surplus. Il en ramène des trésors insolites qui eurent une vie autrefois. Ce n’est pas du recyclage, c’est de la ré-création, de la réinvention. Il faudrait peut-être inventer un mot pour cela. L’essentiel étant que c’est créatif, inventif et bourré de talent.
Et pour continuer de surfer sur le côté décalé de la chose, on a choisi de présenter ces œuvres dans le cadre tout de délicatesse et de préciosité du Dar Turki à Sidi Bou Saïd.