Le dinar continue de dégringoler par rapport aux devises étrangères et notamment à l’euro. Cette dépréciation qui a débuté depuis la révolution de 2010 n’a pas connu de répit.
En effet, le dinar tunisien se traite, depuis le 24 avril 2023, sur le marché des changes interbancaire entre 3.35 et 3.36 dinars pour un euro et entre 3.05 et 3.06 dinars pour un dollar américain, contre des niveaux à la fin de l’année 2022 de 3.31 face à l’euro et de 3.11 face au dollar américain, ce qui marque une dépréciation du dinar depuis le début de l’année 2023 de 1.3% face à l’euro et une appréciation de 1.6% face au dollar américain.
La Banque centrale de Tunisie vient de préciser que «le dinar tunisien a fait preuve d’une bonne résilience tout au long de ces dernières années, en affichant une évolution ordonnée, et ce, grâce à plusieurs facteurs, notamment la conduite d’une politique monétaire rigoureuse qui a garanti des taux d’intérêt à des niveaux appropriés ayant permis d’assurer une cohérence entre la dynamique de la sphère monétaire et la sphère réelle».
Quel impact sur l’économie ?
De l’avis des analystes, et devant les déséquilibres persistants des principaux fondamentaux macro-économiques de la Tunisie (faible taux de croissance économique, déficit des finances publiques, déficit de la balance commerciale, endettement en surcroît, inflation et chômage élevés…), et malgré le calibrage de la Banque centrale de Tunisie du cours du dinar sur le marché des changes, la monnaie nationale a connu depuis 2017 une dépréciation historique face aux principales devises internationales.
En effet, à la fin du mois d’août 2018, le dinar a perdu 67% de sa valeur par rapport à la moyenne des cours observés en 2012. Entre 2018, et la moyenne des cours observés en 2017, le dinar a perdu 16% de sa valeur. Cette dépréciation est importante et elle a des conséquences significatives au niveau des équilibres macro-économiques de la Tunisie et des finances publiques et privées, sachant que la monnaie nationale, comme dans tous les pays, ne fait que refléter la situation économique et financière.
Cette dépréciation aura certainement un impact sur l’économie nationale, en gonflant la valeur (en dinar) de la dette publique et du service de la dette. Cela crée une pression supplémentaire sur le budget de l’Etat et aggrave, par conséquent, le déficit budgétaire, qui est de nature à alimenter l’inflation. La dépréciation du dinar entraîne l’inflation importée du fait que les prix, exprimés en dinars, de tous les produits et services importés, augmentent.
Pour combattre l’inflation et la dépréciation du dinar, la BCT se met à augmenter le taux d’intérêt. La majoration des taux d’intérêt augmente les charges, et donc les coûts… Cela est générateur de plus d’inflation et de plus de dépréciation de la monnaie.
Libérer progressivement et totalement le dinar
Pour sa part, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane El Abassi, affirme que le projet du nouveau code des changes permettra de libérer “progressivement” et “totalement” le dinar tunisien.
Selon le budget de l’Etat pour l’exercice 2023, la nouvelle réglementation des changes devrait entrer en vigueur cette année en vue de contribuer à améliorer le climat des affaires et encourager l’initiative privée. Elle permettra, notamment, de faciliter les démarches relatives à l’ouverture de comptes bancaires en devises pour les investisseurs et d’intégrer le secteur informel aux circuits de financement légal.
De même, ce projet de loi relatif aux transactions financières avec l’étranger et au code des changes a pour objectif “la révision de la réglementation des changes dans le cadre de la concrétisation du programme de relance économique et des réformes annoncées par le gouvernement dans l’objectif de rétablir progressivement les équilibres des finances publiques, d’améliorer le rendement du régime de change, d’en simplifier les procédures et de renforcer son rôle dans l’amélioration du climat de l’investissement et des affaires». L’objectif motivant la révision du code des changes consiste aussi à contrer les difficultés existantes, ainsi que de rendre plus facile et plus fluide le travail des différents acteurs économiques concernés qu’ils soient établis en Tunisie ou à l’étranger.