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Billet | Regagner du terrain sur le marché mondial

 

Depuis des décennies, on était toujours conscient qu’un développement de la production de phosphate permet de faire d’une pierre deux coups. Non seulement cela permet de maintenir l’équilibre des finances publiques, mais également de gagner en poids géopolitique. La production de phosphate comme catalyseur de l’hégémonie économique de la Tunisie dans la région n’est cependant pas une stratégie nouvelle.

Le secteur des mines a toujours été une valeur économique sûre. Plus encore. C’est un gisement de croissance en période difficile. Mais les effets de la pandémie et la conjoncture nationale et internationale difficile n’ont pas permis à cette industrie de réaliser les performances souhaitées et de s’approcher des indicateurs de l’année 2010 (production de 8 millions de tonnes) et même avant, où le secteur des phosphates et dérivés rayonnait à l’international.

Les indicateurs records enregistrés en Tunisie en 2010 lui ont permis de s’ancrer solidement dans le marché des engrais et de se positionner  comme l’un des premiers producteurs et exportateurs mondiaux d’engrais phosphatés. Aujourd’hui, le pays est passé de cinquième à douzième producteur mondial. En 2020, il a même dû importer du phosphate depuis l’Algérie pour subvenir à ses besoins.

La production des phosphates est en baisse continue depuis la révolution (2,7 à 4 millions de tonnes), connaissant des blocages répétés. Plusieurs sites ont été à l’arrêt à maintes reprises. Et pour cause : les protestations menées par  des jeunes depuis la révolution à cause du chômage, du manque de développement et d’investissements, etc.  Résultat : la production de cette richesse nationale s’est fortement ralentie, quasiment paralysée par la grogne sociale depuis plus d’une décennie. La Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), cette entreprise vitale pour le pays, —puisque la Tunisie était le 5e exportateur mondial de phosphate avant la révolution—,  et une des sources de devises pour l’économie,  voit ses revenus dégringoler en chute libre. Elle n’a pu tourner qu’à 30% de ses capacités.

Face à cette situation alarmante, le Président de la république Kaïs Saïd a appelé, la semaine dernière, à la relance de l’industrie en berne des phosphates. Une industrie  «susceptible de générer des revenus permettant à la Tunisie de se passer des emprunts auprès des institutions internationales». Et de rappeler que «notre or est sous terre alors que le pays est confronté à une situation financière difficile. La production pourrait atteindre dix millions de tonnes par an et les revenus générés pourraient renflouer en grande partie les caisses de l’Etat». Il a en outre dénoncé «la corruption» en grande partie responsable du ralentissement de la production, citant notamment l’acquisition de wagons pour le transport du phosphate qui «se sont avérés inutilisables sur la voie ferrée existante».

Il faudrait s’atteler aujourd’hui  à impulser une nouvelle dynamique au secteur phosphatier en vue de rehausser ses performances et son impact aussi bien sur le plan économique que social et à répondre, d’une part, aux enjeux intrinsèques auxquels ce secteur est confronté, notamment la nécessité de rechercher de nouveaux gisements, l’optimisation de la valeur ajoutée et l’affirmation des enjeux de développement durable et, d’autre part, relever les défis extrinsèques liés principalement aux exigences sociales et environnementales. La production, elle, devrait s’orienter à la hausse afin de booster davantage les profits et regagner du terrain sur le marché mondial.

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