Par Nejib Gaça*
La liberté d’expression doit-elle s’arrêter là où commence la vérité qui dérange ?
La Journée mondiale de la liberté d’expression est l’unique opportunité de pousser toujours plus loin les frontières de l’information sur la chose publique mise à nu et présentée au contribuable sur un plateau d’argent.
Ce qui est d’ordre sacré est le droit du citoyen d’avoir accès à une information idoine.
La qualité de cette information est du devoir du journaliste.
Sur la scène médiatique depuis toujours, nous avons assisté à une pratique paradoxale : les organes de presse gouvernementaux sont respectueux des droits des journalistes recrutés, alors que les médias non gouvernementaux ont toujours été iniques.
Iniques à l’égard des journalistes qu’ils exploitent jusqu’à la moelle, iniques à l’égard des citoyens qu’ils vendent au pouvoir politique à bas prix, car, sans cela, ils seront privés de pub.
A mon sens, bien que les médias privés aient poussé, d’une certaine manière dans le sens de la liberté d’expression, ils ont instauré une tradition d’exploitation des diplômés de l’Institut de presse, de leur minorisation et de leur déshumanisation, surtout quand nous avons enregistré l’acquisition de certains organes de presse par certains cossus du pays.
La scène médiatique a été et continue d’être un espace où l’homme moissonne sur les hommes.
Si certain(e)s journalistes sont devenu(e)s à la merci, ceci ne s’explique que par la voracité des organes de presse privés qui ont savamment larbinisé les jeunes ipsistes et autres étudiants qui n’ont pas entériné leur cursus universitaire.
L’État n’a point empêché ce marché indigne.
Au contraire, il l’a encouragé, avec la complicité des organes de presse dont l’objectif ultime n’est autre que l’argent facile, camouflé par le vernis de défense des droits et des libertés.
Si nous assistons à une génération de médiateurs dont le trait distinctif n’est point le professionnalisme mais le savoir-faire affûté «d’arracher» les dents des capitalistes, d’un côté, et de se soumettre au pouvoir politique, d’un autre côté.
Ce comportement va à l’encontre de l’enseignement référentiel de la formation en sciences de la communication.
Nous vivons une époque où personne n’est honnête, à quelques exceptions près car la seule «valeur» n’est, désormais, que celle de l’argent, aussi sale soit-il.
Un journaliste professionnel qui ne parvient pas à trouver son équilibre dans cette jungle de faux et d’usage de faux, se retrouve au ban de la société.
Toute notre scène médiatique a besoin d’une sérieuse refonte, pour une moralisation du secteur où l’Etat a la lourde responsabilité de se défaire des réflexes trop protectionnistes, pour asseoir une législation digne de la Tunisie post-chaotique et du militantisme quasi utopique des Tunisiennes et des Tunisiens, conscients du fait que leurs intérêts résident dans l’ancrage de la Nation dans l’ère de la modernité qui sied le mieux aux élans culturels et civilisationnels de tout ce peuple assoiffé de liberté, de justice sociale et de dignité.
N.G.