En cette saison, il ne fait pas bon d’être à la tête d’une formation de Ligue 1, car les tenants de nos formations sont moins frileux à faire sauter le premier fusible pour espérer relancer la machine.
Nabil Mâaloul n’est désormais plus un rescapé. Avec son départ acté de l’EST, le week-end passé, toutes les écuries de l’élite auront changé d’entraîneur au moins une fois cette saison, avec pas moins de 52 coachs passés par les guérites alors que la saison n’est pas encore arrivée à son terme. Forcément, l’on note donc que la valse des entraîneurs a atteint un pic en cette année atypique mêlant Mondial en plein hiver et un championnat en deux temps et à deux vitesses. L’on note aussi que, comme à l’accoutumée, les clubs ont moins de patience dans la difficulté et veulent tout de suite repartir du bon pied, quitte à licencier leur head-coach «manu militari».
En cette saison particulière, il ne fait pas bon d’être à la tête d’une formation de Ligue 1 tunisienne car les tenants de nos formations sont moins frileux à faire sauter le premier fusible pour espérer relancer la machine. A ce titre, certains coachs anticipent en démissionnant avant d’être écartés, alors que d’autres croyaient à tort que leur club employeur allait se montrer patient avant de déchanter. A l’aube de la 7e journée du play-off et après le déroulé de la 7e ronde du play-out, la valse des entraîneurs fait donc toujours rage après des licenciements en cascade qui interpellent sur la justesse de la stratégie de nos clubs, peut-être à l’exception du CA qui a vu Bertrand Marchand, indisposé, céder sa place à Saïd Saïbi, lui-même parti de Soliman après avoir ponctuellement relevé Maher Guizani. A ce sujet, les Capbonais de l’AS Soliman détiennent le record de coachs «consommés» cette saison avec les passages de Guizani, Saïbi, Mounir Chihi, Tarek Jeni (en poste à l’UST), Ferid Ben Belgacem (qui a rebondi au CAB après une «pige» à l’ESM), Lassaad Maamer et Mohamed Tlemçani.
Aujourd’hui donc, c’est comme si la peur et l’angoisse règnent sur les clubs de Ligue 1. C’est l’affolement et l’inquiétude générale dès le début d’une mauvaise série avec des tenants qui «réagissent» précipitamment, quitte à perdre le sens de la mesure en repartant de zéro, avec un nouvel entraîneur. En l’état, certains diront que leur situation interroge, et que l’équation dans un contexte difficile est laborieuse à résoudre entre l’envie de reconduire ou de tout remettre à plat pour bâtir un nouveau projet. Concrètement donc, personne n’est épargné, les concurrents pour le sacre et les places d’accessit, ainsi que ceux qui jouent le maintien. A ce titre, cette catégorie-là a certes «préservé» l’OB et l’UST qui participent au play-off. Mais cela n’a cependant pas empêché l’exécutif en place de ces deux formations d’en être à quatre et deux techniciens en poste jusque-là avec les Mohamed Kouki, Hafedh Guitouni, Tarek Jarraya et Jamel Khcharem pour les Cigognes, ainsi que Mohamed Ali Maâlej puis Tarek Jeni pour une UST qui s’inscrit tout de même dans une sorte de stabilité-durée par rapport à d’autres écuries. Cette saison, au tout début, lors de la préparation estivale, les beaux discours fleurissaient avec des clubs qui communiquaient sur les profils qu’ils voulaient prendre, sur le portrait qui cadrerait avec le projet, bref, des speechs captivants alors que dès les premières secousses, la tension est à tous les niveaux et le premier maillon de la chaîne à «céder» est le technicien en chef.
De l’oiseau rare au suppléant
En football, connaître et trouver le meilleur moment pour se séparer d’un entraîneur n’est pas une tâche aisée. Toujours est-il que certaines décisions peuvent paraître précipitées à l’image de la séparation entre Tarek Jarraya et l’Olympique Béja, alors que ce dernier club récolte actuellement ce qu’a semé le 3e coach passé par l’OB cette saison. Foncièrement donc, la Ligue 1 est entrée dans une zone de turbulences dès les trois coups de la compétition, la phase de groupes. A ce moment-là, outre les postulants qui visent toujours les places d’accessit, le reste du peloton voulait croquer les points à pleines dents pour se mettre à l’abri le plus vite possible, quitte à débarquer son coach au tout début, dès le premier accroc, la première sortie de route. Or, et l’on revient à nouveau à la période du Mondial, le contexte, l’arrêt brutal du championnat suivi de l’enchaînement des rencontres ont forcément pesé sur des effectifs assez justes. Ce qui n’a pas permis d’avoir davantage de régularité, car les clubs ont même dû reprogrammer des séances de préparation physique intense, supposées d’avant-saison, juste après la fin du Mondial qatari. Le bouleversement était donc tel que les clubs ont abordé la période d’après «Coupe du Monde» de manière désordonnée, confuse même. Et au final, ce sont les techniciens enrôlés qui paient les pots cassés, de l’oiseau rare au suppléant…