C’est vrai que la balance et les pronostics penchent nettement en faveur du Brésil, quintuple champion du monde, mais on doit croire quand même à l’impossible exploit
Ce premier huitième de finale dans l’histoire d’une équipe nationale tunisienne, toutes catégories confondues, dans une épreuve aussi glorieuse que la Coupe du monde, est un grand événement pas seulement pour le public sportif mais pour tout le peuple tunisien. Il ne pourra que nous faire vibrer et nous chavirer surtout que l’adversaire des Aigles de Carthage juniors est le Brésil, cinq fois champion du monde qui convoite son sixième sacre et sa sixième étoile. L’affiche est belle mais, pour Montasser Louhichi et son équipe, la responsabilité est lourde. Il faudra chercher, sans complexes, à obtenir un billet pour les quarts de finale et surtout offrir une meilleure qualité de jeu et ne pas décevoir. Si on fait le décryptage et l’analyse des résultats des trois matches de notre adversaire lors de la première phase , on constate que l’équipe U-20 du Brésil est fidèle aux vertus du football brésilien et principalement à son jeu ouvert, offensif et spectaculaire. Avec 10 buts marqués contre 2 encaissés, ça ne peut qu’inciter au respect de cet adversaire de haut calibre.
Nos Aiglons, sur lesquels nous tablons pour livrer un duel de qualité, doivent donc être bien méfiants et fort vigilants. Devant cette armada offensive brésilienne, toute erreur de placement dans notre compartiment défensif, de mauvaise anticipation d’actions et de danger venant des deux flancs et toute fraction de seconde de déconcentration seront, à n’en pas douter, payés cash. Les Dominicains ont eu droit devant le Brésil à un cinglant 6 buts à 0 et le Nigéria, géant sur le plan africain, s’est incliné par 2 buts à 0. Seule l’Italie, une équipe de jeu en contres, a pu avoir raison de ces redoutables Brésiliens avec une victoire par 3 buts à 2.
Même plan avec de nouveaux pions
Montasser Louhichi est donc bien averti avant de choisir son plan de jeu et d’étudier sa copie. Le dilemme, auquel il est confronté, est comment procéder et faire la meilleure approche de ce huitième de finale pour neutraliser cet adversaire avant de penser à le surprendre. Le meilleur pion de son échiquier défensif, Ghaith Ouahabi, est suspendu pour ce match et il n’y a pas beaucoup de solutions de rechange pour y remédier à part l’option de refaire confiance à Zinedine Sassi aux côtés de Raed Bouchniba et Aziz Saoudi pour garder la formule de trois arrières centraux et pour donner plus de liberté d’action et de montées sur les deux flancs à Mahmoud Ghorbel et à Malek El Abed pour desserrer l’étau derrière et apporter le soutien nécessaire en phase de transition.
Avec l’espoir que derrière ce rideau défensif hermétique où il y aura peu d’espaces, le gardien Driss Arfaoui fera le reste et sans doute le plus gros du boulot pour bien défendre et préserver sa cage. Les deux matches contre l’Angleterre et l’Uruguay ont montré plusieurs failles dans la récupération et la conservation du ballon au milieu et dans le travail de relance qui ont fait que nos adversaires ont réussi à avoir le monopole du jeu et à exercer un pressing constant et étouffant sur la défense qui a subi tout le poids du match sans pouvoir éviter la défaite. D’où la nécessité d’un premier rideau à l’entrejeu pour que les trois compartiments de jeu soient plus rapprochés et que le bloc soit plus compact pour le boulot défensif avec plus de variétés et de marges de manœuvre comme pour les tâches offensives. Montasser Louhichi semble décidé à associer Yassine Dridi, qui a fait bonne impression, à Sami Chouchane pour en faire une paire de demis axiaux de récupération et d’essuie-glaces. Ce n’est pas mal comme formule pour donner plus d’équilibre au système de jeu et pour permettre à Mohamed Wael Derbali de faire duo avec Chaim Djebali ou Mohamed Dhaoui comme électrons libres, débarrassés de toutes consignes de replis constants physiquement éprouvants et se consacrant en grande partie et suffisamment pour le travail de projection vers l’avant, comme créateurs et joueurs des dernières passes décisives.
Avec une telle formule, Montassar Louhichi ne pourra jouer qu’avec une seule pointe et doit trancher entre Jibril Othman et Youssef Snana pour faire la pression sur la défense brésilienne et l’empêcher d’être la rampe de la relance du jeu à partir de l’arrière. Contre l’Italie, ce Brésil si redoutable en attaque a confirmé qu’il peut être vulnérable et prenable sur le jeu en contre. Certes, l’équipe de Tunisie n’a pas les arguments et les atouts puissants du onze italien pour créer l’énorme surprise, mais elle devra rêver et croire jusqu’au bout à un possible exploit qui restera dans les annales.
crédit photo : © Mokhtar HMIMA