Jeudi soir, après la victoire écrasante de notre Équipe nationale à la CAN, un match que le Festival de Carthage a choisi de diffuser sur le grand écran de l’amphithéâtre, place fut donnée à la finesse du geste et l’élégance du mouvement avec « Le lac des cygnes » du Ballet Saint-Pétersbourg. Une ouverture qui a conquis le public.
Déjà, à l’annonce de ce choix pour la soirée inaugurale, le public puritain du Festival de Carthage a exprimé son enthousiasme pour ce grand retour aux traditions du ballet et de la danse, abandonnées ces derniers temps, et il l’a exprimé en assistant massivement à la soirée… Le théâtre romain de Carthage était plein.
« Le Lac des cygnes » a été adapté des centaines de fois, elle est l’œuvre de référence du registre classique du ballet. D’ailleurs, tout le monde retient un ou deux airs de cette œuvre de Tchaïkovski et nous connaissons tous l’histoire écrite en 4 actes.
Le jeune prince Siegfried fête sa majorité. Sa mère, la reine, lui annonce qu’il devra choisir une future épouse. Vexé de ne pouvoir choisir celle-ci par amour, il se rend durant la nuit dans la forêt. C’est alors qu’il voit passer une nuée de cygnes. Une fois les cygnes parvenus près d’un lac, il épaule son arbalète, s’apprêtant à tirer, mais il s’arrête aussitôt : devant lui se tient une belle femme vêtue de plumes de cygne blanches.
Enamourés, ils dansent, et Siegfried apprend que la jeune femme est, en fait, la jeune et belle princesse Odette, la princesse cygne. Un terrible et méchant sorcier, nommé Von Rothbart, la captura et lui jeta un sort ; le jour, elle serait transformée en cygne blanc et, la nuit, elle redeviendrait femme. D’autres jeunes femmes et filles apparaissent et rejoignent la princesse Odette, près du Lac des cygnes, lac formé par les larmes de ses parents, le roi et la reine décédés, lorsqu’elle fut enlevée par le méchant sorcier Von Rothbart. Ayant appris son histoire, le prince Siegfried, fou amoureux, est pris d’une grande pitié pour elle. Il lui déclare son amour, ce qui affaiblit le sort. Von Rothbart apparaît. Siegfried menace de le tuer, mais Odette intervient: si Von Rothbart meurt avant que le sort ne soit brisé, il sera irréversible. Le seul moyen de briser le sort est que le prince épouse Odette.
Présentée pour la première fois à Moscou en 1877, la véritable création du « Lac des cygnes » par Marius Petipa et Lev Ivanov date du 27 janvier 1895. Depuis, les versions se sont succédé apportant chacune sa propre lecture et sa propre vision.
Et jeudi soir, le Ballet Saint-Pétersbourg et ses 40 danseurs ont offert une interprétation dans la pure tradition ; en 4 actes avec entractes, qui s’est étalée sur 2 heures et demie.
Cette jeune compagnie qui existe depuis une dizaine d’années s’est inscrite dans la rigueur, la tradition et l’excellence, la version proposée est grand public et romantique avec des costumes flamboyants, une partition de mouvements faits de gestes précis et poétiques rehaussée par la musique de Piotr Tchaïkovski.
Quand la danseuse étoile qui joue Odette (cygne blanc) et Odile (cygne noir) apparaissaient, le public est enchanté. Elle arrive parfaitement à incarner les deux entités des cygnes, à se fondre dans la dualité qu’ils représentent.
Un coup de cœur pour Le Fou du roi, qui avec son humour, son dynamisme et sa vivacité, a apporté allégresse et envolées aux tableaux auquel il apparaît.
Impressionnant aussi de voir danser plus d’une trentaine de cygnes, douces sont les rencontres entre le duo Odette et son prince. Rothbart dégage puissance avec son costume de plumes noires et ses prouesses physiques.
Diverses fins sont attribuées à ce ballet, mais cette version nous a proposé un happy end où Siegfried arrive à écarter Rothbart et savoure la joie de retrouver Odette. Le public, aussi, a savouré sa soirée.