La propreté est un acte ordinaire quotidien, alors que l’écocitoyenneté est une culture qui s’apprend tous les jours. Notre rapport à l’environnement n’est pas un fait divers ou une pratique occasionnelle.
En Tunisie, comme d’ailleurs dans le reste du monde, l’on célèbrera, lundi 5 juin, la Journée mondiale de l’environnement, la 50e édition depuis 1973, soit une année après l’historique Sommet de la Terre. Sous nos cieux, elle est encore doublement fêtée, revêtant aussi une dimension nationale.
La journée est placée, cette année, sous le slogan «Combattre la pollution plastique», en s’attaquant, avec acharnement, à la prolifération, sans cesse, d’un phénomène dû essentiellement à une pratique humaine abusive, visiblement traduite par des comportements individuels et collectifs, le moins que l’on puisse dire inciviques et contre-productifs. L’effet domino n’a fait qu’entraîner un certain rythme de vie et de consommation révélateur d’une culture écologique à l’envers. Que reste-t-il d’un tapage commémoratif à répétition et des talk-shows démonstratifs et spectaculaires?
Un dépotoir à ciel ouvert
Au fil du temps, la protection de l’environnement n’a jamais été une vraie politique d’Etat. Nos stratèges ont du mal à prendre la bonne décision qui convienne à la mauvaise situation. Cela dit, ils n’ont guère l’art et la manière de gérer ce dossier et de mobiliser les fonds et les actions nécessaires. Sans pour autant lui accorder l’intérêt et la portée qu’il faut, pour se sortir d’un dépotoir à ciel ouvert et un paysage jonché d’ordures et de déchets à n’en plus finir. Ceux qui ont suivi, à l’époque, le déroulement de l’inauguration du ministère de l’Environnement, créé il y a maintenant trente ans, n’ont jamais pu imaginer qu’on pouvait en arriver là.
Aussi, est-on en droit de s’interroger sur le rôle et l’apport de ces instances et agences, censées être au cœur du sujet. Bien qu’elles agissent en connaissance de cause, œuvrant à être au fait des défis et enjeux liés à l’environnement, l’Anpe, l’Apal, l’Anged ou bien d’autres mécanismes n’ont pas réussi, comme il se doit, leur mission. A vrai dire, elles n’ont pas les moyens de leurs ambitions. Pourtant, il n’y a pas mal d’idées et de projets nécessitant leur intervention. L’on peut dire que le ministère de l’Environnement, en tant que département d’Etat chargé de toutes les affaires et les questions y afférentes, a failli à son devoir de communication et de réflexion sur les solutions appropriées.
Dérisoire..!
A cet égard, le pays n’a pas encore honoré ses engagements, notamment ceux liés à la propreté, la qualité de l’air, la protection du littoral et la gestion des déchets. Ce dernier volet se manifeste, chaque fois, comme une bête noire, voire un coup de poker politique. Sans suite. La crise écologique survenue à Sfax et qui persiste encore témoigne d’une inconscience environnementale. Et combien de fois l’on s’acharne contre la pollution plastique, faisant vainement d’innombrables campagnes d’action et de sensibilisation. Pourtant, les chiffres sont têtus : la population produit plus de 2,5 millions de tonnes de déchets chaque année, avec un taux de croissance moyenne de 3%. Pourtant, leur gestion étant, depuis toujours, un sérieux défi. Faute d’appui et de financement, autant d’initiatives de tri sélectif, de récupération, de valorisation et de recyclage sont vouées à l’échec.
On revient à dire que la propreté est un acte ordinaire au quotidien, alors que l’écocitoyenneté est une culture qui s’apprend tous les jours. Notre rapport à l’environnement n’est pas un fait divers ni une pratique occasionnelle. Pourtant, le ministère de tutelle s’attelle à faire juste des rappels. Lundi, une cérémonie festive aura lieu en guise de commémoration de la journée de l’environnement. Les festivités s’étendront sur dix jours successifs pour finir le 15 de ce mois. Et à l’année prochaine !