La régression de l’ordre financier mondial sera tragique pour l’humanité si nous ne réagissons pas, parce que la diversité du vivant, c’est aussi la diversité du langage, c’est aussi la diversité des cultures, c’est aussi le monde de la création, de la beauté, de la poésie et de la diversité qui risque de s’évanouir.
Quatre-vingts ans après la conférence de Bretton-Woods, ses recettes « techniques », sans âme et glaciales, sont devenues des monstres froids qui broient êtres et écosystèmes. En plaçant les intérêts économiques comme moyen pour exercer une pression politique sur les pays pauvres, les bras financiers internationaux ont laissé sur le bord de la route des peuples qui auparavant respectaient la nature et protégeaient les écosystèmes. Cette ignorance est aujourd’hui à l’origine de grands déséquilibres régionaux et d’agressions multiples qui ont provoqué des inégalités, la migration irrégulière, les conflits autour de l’eau, l’insécurité alimentaire, le changement climatique et la dégradation de la biodiversité.
En effet, le dernier rapport mondial de l’Unic souligne déjà que l’extinction de la biodiversité est plus une menace mais un processus bien installé. Il montre que près de 30% des espèces existant sur Terre sont désormais en voie d’extinction et que si nous n’agissons pas, la Terre sera bientôt confrontée à une dégradation difficile, voire impossible à éviter.
C’est pourquoi nous devons donc entendre comme un même phénomène autant l’alarme des méga-feux que le silence des oiseaux qui s’installent dans nos campagnes, dans nos forêts et aussi surmonter l’apathie quand ce n’est pas le déni face à la tragédie sous les mers qui se joue notamment autour des grands récifs coralliens et avec cet effondrement qui menace non seulement la survie humaine qui est en jeu mais c’est aussi la beauté, la poésie, la diversité du monde qui risque de s’évanouir. C’est une régression qui sera tragique pour l’humanité si nous ne réagissons pas parce que la diversité du vivant, c’est aussi la diversité du langage, c’est aussi la diversité des cultures, c’est aussi le monde de la création.
A cet effet, l’invitation du Président de la République par le Chef de l’Etat français à participer à ce sommet est non seulement une marque de reconnaissance pour son rôle crucial dans la remise en cause d’un ordre mondial financier fortement polarisé et ponctué d’ingérences multiples mais aussi la Tunisie se trouve dans un contexte d’alerte rouge, celle du ravage de ses écosystèmes en Méditerranée, ce joyau de la biodiversité.
Pour enrayer cette régression, la Tunisie s’est engagée à l’objectif mondial de protéger 30% de la planète d’ici à 2030. Mais engluée dans ses tiraillements politiques et ses problèmes financiers et économiques, elle n’arrive toujours pas à trouver des mécanismes pour y parvenir.
Il n’empêche, participer à cet effort mondial en doublant nos zones protégées d’ici à 2030 et en fournissant les moyens financiers équitables, l’Etat tunisien pourrait prendre ses responsabilités et en se saisissant de ces formidables outils pionniers que sont les conventions internationales pour le patrimoine mondial, pour l’homme et la biosphère qui sont tous deux liés. Mais protéger 30% de la planète serait vain si nous ne réconcilions pas 100 % de l’humanité avec la solidarité, la nature dans son rapport avec le vivant. C’est une nouvelle éthique profondément modifiée qui se gagnera surtout dans les mentalités et fortement liée aux financements qu’il faut trouver et vite.
C’est pourquoi il faut mieux comprendre par la solidarité, les sciences et la recherche pour mieux aussi diffuser les connaissances par une culture scientifique véritablement partagée.
Il faut aussi dans le même temps mieux respecter et valoriser dans les sciences, les savoirs des peuples autochtones qui sont les gardiens de 80% de la biodiversité et qui ont tant à nous apprendre. Ces peuples, s’ils trouvaient chez eux des conditions de vie digne, ne chercheraient plus à migrer, à dégrader et à spolier leur bien qu’est la Terre, pour le compte de multinationales voraces, de trafiquants d’êtres humains et d’animaux, ou d’autres minéraux dans le sous-sol.
Ce sommet est donc une occasion historique à saisir face au déclin de la santé des humains et de la biosphère pour tracer les contours de nouvelles réponses plus solidaires que celles qui sont aujourd’hui fragmentées, partielles et insuffisantes.
D’où la nécessité de réviser profondément un système financier mondial, obsolète et incapable de corriger une situation alarmante. La Tunisie a été parmi les premiers pays à élever sa voix et à plaider en faveur d’un monde plus juste et à construire ensemble un système financier international plus réactif, plus juste, et plus solidaire permettant de lutter contre les inégalités et à même de jeter les bases d’un nouveau système pour relever les défis communs.