L’inclassable Hammadi Ben Saâd dans ses trois variations de «fête des couleurs», qu’il expose dans «Summer Collective», s’éloigne un peu de ses figures habituelles pour donner lieu à une sorte de paysages aériens. Dans une approche plus sauvage, plus libérée, les couleurs—appliquées dynamiquement au pastel et à la cire d’abeille sur des affiches dont on entrevoit, ici et là, en transparences ou en apparitions, des bouts de vie — colonisent l’espace de ses figures.
La galerie TGM abrite, depuis le 16 juin dernier et jusqu’au 12 juillet, les œuvres de 12 artistes, réunis autour de l’exposition «Summer Collective». L’idée était, aux dires de la commissaire Rim Ben Boubaker, de clôturer cette saison en rassemblant des artistes qui ont exposé dans la galerie et de donner à voir leurs nouvelles démarches.
Mehdi Ben Temessek, Anis Ben Jemaa et Oussema Zakraoui sont les lauréats du concours «Jeunes Artistes 2022» organisé par la galerie TGM. «Summer Collective» nous donne l’occasion de voir l’évolution de ces trois jeunes artistes dont on a pu déceler le potentiel l’année dernière.
On retrouve l’esprit pop de Anis Ben Jemâa, lauréat du premier prix, à travers son œuvre «Al Bahth aan balad ghayr moktachaf» (A la recherche du pays inexploré), avec ses techniques mixtes, ses citations et son trait de dessin naïf posés dans un grand format. Il fait accompagner son œuvre par la fameuse réplique d’Hubert Koundé dans «La Haine de Kassovitz», qui se termine par «Jusqu’ici tout va bien… Jusqu’ici tout va bien… Jusqu’ici tout va bien… Mais l’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage».
Mehdi Ben Temessek nous revient avec une approche photographique différente de celle abordée dans les trois clichés qui lui ont valu le troisième prix du concours. Toujours autour du paysage et notre rapport à l’espace, mais moins dans le panoramique, la vue d’ensemble et plus dans le rapproché, dans les interstices, dans le tout petit qui raconte l’ensemble, dans la métonymie, dans la méditation…Une approche plus plastique via superpositions de photographies pour distiller des analogies et figurer ces lieux invisibles qui relient entre eux des éléments de la planète, mais aussi l’individu à la nature. Etablir des bouts de ressenti, de vie à travers des moments collectés, in situ, dans et à travers ses paysages vécus. Oussema Zakraoui, deuxième prix du concours, s’abreuve toujours des lieux qu’il rencontre et dont il accompagne l’évolution à travers le temps pour nous en exposer le récit.
Dans ce nouveau travail, il est revenu dans les mêmes lieux qui ont donné naissance en 2022 à sa série «Not Far From Home» (dont il expose un cliché) avec l’idée de recréer les mêmes émotions. A travers une démarche plus expérimentale, il fait écho à un cliché de cette série, pour figurer le flottement et renvoyer à l’incroyable connectivité des arbres. L’inclassable Hammadi Ben Saâd dans ses trois variations de «fête des couleurs», qu’il expose dans «Summer Collective», s’éloigne un peu de ses figures habituelles pour donner lieu à une sorte de paysages aériens. Dans une approche plus sauvage, plus libérée, les couleurs — appliquées dynamiquement au pastel et à la cire d’abeille sur des affiches dont on entrevoit, ici et là, en transparences ou en apparitions, des bouts de vie — colonisent l’espace de ses figures. D’autres œuvres sont, aussi, à voir et à vivre, celles de Adnène Hadj Sassi, Hela Ammar, Majed Zalila, Michela Margherita Sarti, Alya Derouiche Cherif, KOOM, Safa Attyaoui et Badr Klidi.