En attendant l’US Open, Ons devra bâtir sur ses victoires en quarts et en demi-finales à Wimbledon. Il ne faudra jamais lâcher prise après tous ses progrès. L’aspect mental reste le domaine-clé pour rebondir.
L’obsession de gagner un grand chelem a fini par être fatale pour Ons Jabeur à Wimbledon. C’était clair et net dès les premiers jeux de sa finale perdue contre Vondrousova. Après l’impressionnante version de Ons qui a assommé quatre joueuses vainqueurs d’un grand chelem, on a retrouvé en finale l’ancienne version, moins sobre et moins lucide, qui gère mal une avance et qui fait tout pour faire revenir son adversaire. Nous restons tous frustrés après cette défaite parce que Ons Jabeur était techniquement et tactiquement meilleure que Vondrousova. Perdre pour la 3e fois en une seule année face à la Tchèque ne veut pas dire que cette dernière est catégoriquement meilleure, car n’oublions pas que notre joueuse était diminuée physiquement après les blessures contractées en début d’année. Sur gazon, la supériorité de Ons lors du tournoi était indiscutable de l’avis de tous les observateurs. Mais ces grands tournois ne se gagnent pas par points, mais dans les confrontations directes. Lors de cette finale, Ons a eu les meilleures séquences du jeu et les points gagnants les plus beaux malgré la défaite. Elle devra se poser beaucoup de questions dès lors : Pourquoi avoir si failli mentalement lorsqu’elle a mené à chaque fois ? Comment a-t-elle pu commettre 31 fautes directes sur une finale aussi importante? Que faire alors pour rebondir et amortir l’effet de cette douloureuse défaite ?
Pour la 2e année de suite, Ons Jabeur, placée favorite pour la consécration, s’effondre et cale d’une façon bizarre. Pourtant, elle a nettement mieux joué cette année sur un tableau beaucoup plus difficile qu’en 2022. Elle doit répondre elle-même et son staff à toutes ces questions pour pouvoir rebondir à plus d’un mois de l’USOpen.
Un tennis charmant, mais
pas si «cynique» !
Ons Jabeur et son staff sont sûrement sur le visionnage de tous les matches joués à Wimbledon. Tirer les conclusions et interpréter les faits survenus permettent alors de mieux gérer le futur. Quelques points à retenir de ce tournoi londonien : Ons Jabeur, qui revient d’une sérieuse blessure musculaire, a sorti un énorme tournoi malgré la défaite. Quand on joue avec cette intensité et cette puissance «bestiale» dans les échanges, surtout contre Sabalenka, on ne peut qu’être très satisfait. Ons a retrouvé aussi sa première balle avec un service virulent qui l’a un peu lâché malheureusement en finale. Elle peut bâtir sur ce service pour cette «transition tactique» vers un tennis musclé, diversifié et réaliste plutôt que ce tennis doux et spectaculaire. Ons Jabeur a montré qu’elle peut taper aussi fort que Sabalenka et Swiatek, et qu’elle peut moins compter sur les amortis. Peut-être qu’il faudra améliorer la qualité du coup droit offensif et miser davantage sur les balles profondes et les coups droits et revers parallèles, un domaine où elle excelle. Son point faible, c’est sûrement cette pression, cette énergie négative qui l’envahit, à chaque fois où elle est placée favorite. Elle bloque complètement, elle se perd et se fait prenable, ce qui permet à n’importe quel adversaire de la déstabiliser. Vandrousova n’a pas volé son titre, elle était juste plus lucide et n’a pas craqué quand elle était menée de deux jeux de différence. C’est une joueuse intelligente qui a le savoir-gérer. Ons Jabeur devra apprendre de cette 3e défaite en finale d’un grand chelem. Ce n’est pas la fin du monde. Ce n’est pas aussi la fin des rêves. Avec le talent et le cœur qu’elle a, elle pourra gagner un jour un grand chelem. Il ne faut pas en faire une obsession, il faut peut-être se rabattre sur les tournois de 1.000 et 500 points pour en gagner plus. Le classement n’est pas une finalité en soi, Ons Jabeur est encore 6e mais reste très proche de Garcia, Pegula, et Rybakina.
Elle a encore de la joie à nous offrir, avec le début des tournois américains sur la surface rapide, notamment Washington (début août), Montréal (7 août), Cincinnati (14 août), avant le grand rendez-vous à New York, fin août, soit l’USOpen.
Quel que soit le résultat, même si elle ne gagne pas ce grand chelem, Ons Jabeur est une immense championne qui a fait honneur à son pays. Le tennis de très haut niveau, ce n’est pas un jeu d’enfants, ce n’est pas deux ou trois matches de gagnés pour s’imposer, c’est un chemin pénible fait de sacrifices, de fatigue, de souffrance, de larmes, mais aussi de joie, d’espoir et de folie.
Dans tout cela, Ons Jabeur est aujourd’hui une joueuse démarquée, distinguée qui force le respect d’anciens et d’actuels joueurs tels que Billie Jean King, Martina Navratilova, Chris Evert, Novak Djokovic, Angelique Kerber, Mats Wilander et d’autres grands noms de la balle jaune qui louent le talent et la qualité de son jeu. Elle rebondira, c’est sûr, car c’est une championne-née, c’est un Tunisienne racée et au gros cœur.