Par Tijani Haddad |
De ces conférences, on s’attendait à un vrai pacte écologique mondial, on se retrouve avec une simple déclaration d’intention non entérinée par la majorité des pays, non contraignante et qui ne prévoit aucune réduction chiffrée et détaillée des émissions de gaz à effet de serre.
Depuis bien longtemps, le changement climatique et le réchauffement de la planète ont été un sujet d’inquiétude pour un grand nombre de leaders de plusieurs pays. Faut-il préciser qu’aujourd’hui, les menaces de ce phénomène, dont l’homme est la principale cause, n’ont jamais été aussi réelles et aussi terrifiantes pour l’ensemble de l’humanité. Un certain nombre de conférences internationales, dont la plus importante, celle des Nations unies tenue à Copenhagues en 2009, n’ont pas été suivies d’effet tellement les divergences entre les pays industrialisés et les pays en développement, depuis le Sommet de la terre de Rio de Janeiro (1992) en passant par le protocole de Kyoto (1997).
Pourtant, pendant des semaines avant la tenue de la conférence, nous avions l’espoir que les leaders du monde entier allaient enfin se hisser au niveau de la lourde responsabilité qui est la leur, dans la lutte contre le changement climatique et le réchauffement de la planète.. Certains leaders, les plus médiatiques, nous faisaient miroiter l’espoir de leur détermination et de leur capacité à conclure un accord chiffré et contraignant, avec des objectifs précis en réponse à la gravité de la situation. Le Président Barack Obama n’a-t-il pas déclaré : « Nous n’avons plus le temps tant le changement climatique est un risque inacceptable pour la sécurité, pour l’économie et pour la planète ». De son côté, le Président Nicolas Sarkozy est allé jusqu’à dire que « l’échec est interdit ». Pourtant, au lendemain jusqu’à aujourd’hui, l’échec est bel et bien établi malgré les accords arrachés à la volée par un groupe de chefs d’Etat et dont on a exclu les représentants des pays les plus vulnérables puisque les plus menacés par une éventuelle dégradation catastrophique du système écologique planétaire : une fuite en avant ou une façon de sauver les apparences en enfantant au forceps une déclaration politique.
De ces conférences, on s’attendait à un vrai pacte écologique mondial, on se retrouve avec une simple déclaration d’intention non entérinée par la majorité des pays, non contraignante et qui ne prévoit aucune réduction chiffrée et détaillée des émissions de gaz à effet de serre. Force est de constater que les textes n’apportent aucune mesure convaincante au profit des pays défavorisés, ceux qui sont les plus vulnérables et qui de surcroît ne contribuent guère d’une façon abusive à l’intensification des émissions de ces fameux gaz. Aucune mesure concrète relative à la question cruciale du transfert des nouvelles technologies des pays du Nord vers les pays du Sud.
Clivage entre pays développés et pays en développement
La conférence de Copenhague par exemple n’a fait que confirmer le clivage qui a toujours existé entre les pays industrialisés et les pays en développement, depuis le Sommet de la terre de Rio de Janeiro (1992) en passant par le protocole de Kyoto (1997). Celui-ci n’a pu entrer en vigueur qu’en février 2005, soit huit ans de tractations, pour qu’il soit ratifié par 55 pays comme l’exigeait le texte lui-même. Le protocole de Kyoto a introduit le principe d’un engagement contraignant des pays développés de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. La Chine ainsi que les pays en développement tels que l’Inde, le Brésil qui réclamaient leur droit à la croissance n’étaient pas concernés par cette réduction.
Le gouvernement des Etats-Unis a signé le protocole mais le Congrès a refusé de le ratifier et George Bush l’a, par la suite, carrément dénoncé car, selon lui, le protocole menaçait l’économie américaine.
C’est ce genre de clivage entre pays développés et pays en développement qui a, à notre avis, sapé les mesures de lutte contre le réchauffement de la planète. En plus, les Etats-Unis et l’Europe exigeaient, outre les engagements de réduction, des inspections internationales régulières pour vérifier la stricte application de ces engagements sans pour autant s’engager eux-mêmes pour le transfert des technologies nouvelles. Mais la Chine, tout en acceptant de réduire modérément ses émissions de CO2, continue à clamer son droit et celui des pays en développement à la croissance.
Entre-temps, notre planète continue à être sérieusement menacée : tornades en Amérique, tsunami en Asie, fonte de neige et montée du niveau de la mer, érosion des plages et des zones côtières, disparition des petites îles, réduction des rendements de l’agriculture pluviale, croissance des terres arides, conséquences néfastes sur le plan sanitaire, dégradation du produit touristique et des économies des pays, etc. Si chacun continue à travailler pour soi, le péril sera certainement pour tous.