Récemment, Tunis recevait la visite d’une délégation monégasque conduite par Madame Isabelle Berro-Amadeï, conseiller de gouvernement, ministre des Relations extérieures et de la Coopération de la Principauté de Monaco. Une visite fort dense en rencontres, échanges, signatures d’accords, et concrétisations de projets.
Cette visite a permis de mettre en lumière une coopération tuniso-monégasque active et dynamique.
Nous avons voulu en savoir davantage, et pour faire le point, rencontrer le consul honoraire de Monaco en Tunisie, Selima Bensaid Lakhoua.
Si elle n’est pas la seule femme consule, elle est certainement la plus jeune. Formée à bonne école, ayant longtemps secondé son père, le regretté Slaheddine Bensaid, qui occupa longtemps avec rigueur et efficacité ce poste, elle affrontait avec courage et détermination cette première épreuve du feu.
La coopération tuniso-monégasque célèbre cette année son trentième anniversaire.
Les liens entre la République Tunisienne et la Principauté de Monaco sont historiques. La coopération bilatérale avec la Tunisie a été initiée en 1993, au lendemain de l’adhésion de Monaco aux Nations unies, par la signature d’un protocole d’accord cadre avec le ministère de l’Environnement de la République Tunisienne. Cet accord visait en particulier la mise en œuvre d’activités dans le domaine de l’environnement. On peut citer l’aménagement de la Corbeille de Nefta et le Jardin Méditerranée à Sidi Bou Saïd.
Quelles sont les priorités et les points forts de la coopération tuniso-monégasque ?
Les projets du portefeuille 2023 de la Coopération monégasque en Tunisie sont aujourd’hui à 80% consacrés à l’accès au travail décent, à l’éducation et la protection de l’enfance, cela pour répondre aux priorités nationales.
Ce portefeuille compte actuellement dix projets en cours d’exécution dont cinq sont mis en œuvre par des ONG locales, ceci pour répondre à notre objectif de localisation de l’aide. Nous avons une programmation dynamique dans les domaines de l’éducation, la protection de l’enfance, la promotion du travail décent, et le développement économique local à travers des partenaires associatifs tunisiens, internationaux et des organismes multilatéraux.
Enfin, la Coopération monégasque appuie deux initiatives plus régionales : l’appel à projets J-Med pour la jeunesse en Méditerranée et le réseau Méditerranée Nouvelle Chance (MedNC). Madame Berro-Amadeï a ainsi rappelé « l’engagement du Gouvernement Princier pour l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes sur le pourtour méditerranéen ».
Les visites de la délégation reflétaient-elles ces engagements prioritaires ?
Tout à fait. C’est ainsi que dans le cadre de l’action en faveur de l’éducation et la protection de l’enfance, la délégation conduite par Madame Berro-Amadeï a visité le Centre d’accompagnement psychologique et éducatif de Health and Psychology, centre réalisé dans le cadre du projet « Idmaj » que nous soutenons actuellement. Il s’agit de soutenir le rôle des parents et de les aider à prévenir le décrochage scolaire pour les enfants en situation de vulnérabilité.
Toujours dans cette optique, nous avons rendu visite à l’Association Rafiq et son Ecole de la deuxième chance, fondée par l’école Esprit. Ce dispositif de la deuxième chance est le tout premier à avoir été créé en Tunisie, avec l’appui de l’Unicef à l’époque.
Nous avons également visité le Centre d’éducation spécialisée de Fouchana. Nous collaborons à la seconde phase du projet « Pour une meilleure prise en charge et inclusion des enfants autistes en Tunisie », mis en œuvre par Handicap International.
La délégation monégasque a visité à Gammarth le premier village SOS en Tunisie, ouvert en 1984. Monaco ne soutient pas le village en lui-même, mais bien la politique de renforcement de la famille de l’Association tunisienne des villages d’enfants SOS dans le cadre de la politique nationale de désinstitutionnalisation.
Enfin, nous nous sommes rendus à l’Institut Pasteur, où nous avons été reçus par son directeur général, le Professeur Hechmi Louzir, et son équipe pour discuter et échanger autour du projet sur les Déficits immunitaires primitifs qui est soutenu par la Coopération monégasque et dont les enfants atteints sont les premiers bénéficiaires.
N’êtes-vous pas également fortement impliqués dans la politique d’accès a un travail décent ?
Effectivement. Et c’est dans cette optique qu’a eu lieu la visite de l’Artisanerie, vitrine de l’association tunisienne Shanti, et que sera lancée la troisième phase de partenariat avec l’Agdor, -Association de gestion durable de l’oasis de Ras El Ain-et Shanti. Celle-ci sera axée sur le travail décent et l’entrepreneuriat de femmes et des jeunes. Il s’agira de faciliter l’insertion économique dans la région de Nefta en valorisant les ressources du territoire et les valeurs de l’Économie sociale et solidaire.
L’Institut arabe des droits de l’Homme nous a aussi fait l’honneur de nous accueillir. Nous avons pu y rencontrer Madame Monica Noro, représentante de l’Unhcr en Tunisie. Ce déplacement a donné lieu à la signature de la troisième phase du projet sur l’employabilité des réfugiés et demandeurs d’asile.
Nous démarrons également le projet Karamti, avec ONU-Habitat. Le site des potières de Hay Hlel sera le point de départ de l’aménagement d’espaces publics accessibles aux femmes, aux filles et aux enfants.
Enfin, Monaco soutient l’insertion sociale et économique des jeunes désocialisés entre 15 et 25 ans sur le Grand Tunis. Cela à travers le projet « Ftartchi : 2 mois, 1 métier » porté par l’Association Patrimoine pour l’économie solidaire (Apes).
Voici un bien vaste et passionnant programme. Quelles sont les étapes à venir dans un immédiat proche et les domaines qui risquent d’intéresser cette coopération ?
Mme Isabelle Berro-Amadeï a récemment invité son homologue tunisien, S.E. Nabil Ammar, ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, à venir coprésider en février 2024 à Monaco la 4e réunion de la Commission bilatérale des Affaires étrangères entre la République Tunisienne et la Principauté de Monaco.
Pour rappel, la visite du ministre d’État de la Principauté le 5 mai 2008 avait donné lieu à la signature avec la République Tunisienne d’un accord-cadre de coopération, le premier du genre pour Monaco. Cet accord a établi une commission bilatérale chargée d’identifier les activités à entreprendre. Il a été reconduit en 2017, lors de la dernière réunion de la Commission mixte des affaires étrangères à Tunis, par un accord sectoriel dans le domaine du social.
L’environnement n’était-il pas une des priorités de l’action de la Principauté ? Les projets de coopération n’en font pas acte.
L’environnement est toujours bien présent dans les projets soutenus, il fait partie des approches transversales de la Coopération monégasque, au même titre que l’égalité femmes-hommes, mais aussi à travers des appuis d’autres acteurs monégasques, tels que le MedFund et la Fondation Prince Albert II.
Madame Isabelle Berro-Amadei a d’ailleurs commencé sa visite en Tunisie en assistant au conseil d’administration du MedFund, fonds fiduciaire pour les aires marines pÒrotégées en Méditerranée créé par la Tunisie, Monaco et la France, et présidé par Madame Leila Chikhaoui, ministre de l’Environnement.