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Intelligence artificielle : La Tunisie peut rejoindre la cour des grands

 

Une loi «Startup Act» en cours d’actualisation, un cadre réglementaire lié à la protection des données personnelles étoffé, un vivier de talents pouvant faire les beaux jours de l’économie du savoir et des sociétés savantes actives, voilà un aperçu des atouts dont dispose la Tunisie lui permettant de devenir un pays phare de l’IA dans la région. Selon les spécialistes, il s’agit d’un des rares écosystèmes de la région pouvant se hisser au rang d’un hub d’innovation dans le domaine de l’IA.

On peut épiloguer longtemps sur les avantages et les inconvénients de l’Intelligence Artificielle. Mais l’IA est d’ores et déjà une réalité. Elle a investi tous les domaines de vie et secteurs d’activité économiques. Par exemple, les progrès qui ont été réalisés dans les domaines de la santé et de la biotechnologie grâce à l’IA sont incommensurables. Par contre, son côté sombre, à savoir les risques de déshumanisation, fait débat. Bien que peu d’experts se soient hasardés à estimer son impact économique, la plupart d’entre eux pensent qu’il s’agit d’une révolution en marche qui va bouleverser à jamais l’économie mondiale et le marché de l’emploi. Selon les approximations, cette filière encore émergente apportera plus de 15 mille milliards de dollars au PIB mondial entre 2018 et 2030, soit une augmentation de 14%. Là, on ne parle plus d’une simple tendance mais d’un véritable levier de croissance. Cependant, la répartition de création de valeur, selon les régions, révèle de grandes disparités : alors que l’Asie Pacifique caracole en tête des pays qui misent le plus sur la filière avec 26% du total des valeurs créées dans le monde, suivie par l’Amérique du Nord (avec 14%) et l’Europe (dont l’apport serait compris entre 10% et 11,5%), l’ensemble des pays en voie de développement devrait se livrer à une rude compétition pour pouvoir s’imposer sur le marché international.

Car, à ce jour, le marché de l’IA demeure dominé par les géants de la tech «Gafa». Toutefois, des segments de marché restent ouverts aux start-up et pépites de par le monde. Alors quelle place pour la Tunisie dans cette course effrénée à l’Intelligence artificielle ?

La Tunisie peut mieux faire 

A vrai dire, l’écosystème tunisien de l’IA est prédisposé à se distinguer sur le marché international. En témoigne, d’abord, le classement de la Tunisie, qui occupe la 4e place à l’échelle continentale et la 70e place à l’échelle mondiale d’après le rapport «Government AI Readiness Index 2022» d’Oxford Insights. Selon les spécialistes, il s’agit d’un des rares écosystèmes de la région pouvant se hisser au rang d’un hub d’innovation dans le domaine de l’IA.

Dans une interview accordée précédemment à La Presse, le professeur universitaire en IA, Faouzi Moussa, a expliqué que la Tunisie a les capacités et les compétences du même calibre que celles dont est dotée Israël, l’un des pays phares ayant pris une longueur d’avance dans cette spécialité. Cependant, pour éviter que la Tunisie soit dans une position de pure consommation et afin de faire partie intégrante des écosystèmes orbites, elle est appelée à passer la vitesse supérieure et engager des mesures davantage structurantes à même de stimuler l’écosystème de l’IA. Nul ne peut nier que la Tunisie constitue un vivier de talents qui peut faire les beaux jours de l’IA et de l’économie du savoir d’une manière générale. Certes, des lacunes en matière de formation académique, nécessitant une mise à jour et une mise au diapason des nouvelles méthodes et technologies subsistent, mais le niveau des compétences tunisiennes en la matière est exemplaire, à l’échelle internationale. D’ailleurs, les efforts des institutions universitaires en matière de recherche dans l’IA se sont intensifiés depuis 2010 faisant passer le nombre des publications scientifiques de près d’une cinquantaine  à 968 en 2020.

Un écosystème en effervescence 

En effet, le foisonnement de compétences n’est pas l’unique point fort de l’écosystème tunisien : la loi «Startup Act» qui a impulsé, depuis son entrée en vigueur, l’innovation et a stimulé  la dynamique de création des start-up en Tunisie, en est un autre. C’est le déclencheur qui a incité beaucoup de jeunes à franchir le pas et se lancer dans une aventure entrepreneuriale où les nouvelles technologies occupent une place prépondérante. Selon le dernier rapport de Startup Tunisia, 17% des start-up labellisées s’appuient sur l’IA, l’internet des objets et la Big data pour le développement de leurs solutions.

«Ce qui commence à s’installer comme une caractéristique de l’écosystème local», note le rapport. D’ailleurs, l’essor qu’a connu le health-tech, en Tunisie,  après la crise sanitaire du Covid (qui a connu une croissance moyenne de 40% sur les deux années 2020 et 2021), repose essentiellement sur les solutions d’intelligence artificielle. L’écosystème IA est également doté de sociétés savantes qui ont contribué, grâce aux divers événements qu’elles ont organisés, durant la période écoulée, à mettre les pleins feux sur les success stories et surtout sur le potentiel du pays  dans ce domaine. InstaDeep, Expensya, Enova Robotics sont, à cet égard, des réussites qui font des émules dans la région et qui ont réussi à faire tourner les regards vers le potentiel de l’écosystème tunisien de l’IA.

Il ne faut pas oublier non plus qu’en étoffant le corpus juridique lié à la protection des données personnelles, qui sont le fuel de la nouvelle économie du savoir, la Tunisie espère gagner la confiance des pépites, des start-up et même des géants de la Tech.

Passer la vitesse supérieure 

Au vu de tous ces atouts, le pays n’a pas, à vrai dire, de choix que d’aller de l’avant pour entretenir cette dynamique qui s’installe. D’ailleurs, le mémorandum d’entente portant sur  l’élaboration de la stratégie nationale d’IA et le plan de sa mise en œuvre qui ont  été signés, en début 2022, par les ministères des Technologies, de l’Industrie, de l’Economie et de l’Enseignement supérieur, s’inscrit dans le cadre des efforts visant à impulser l’écosystème de l’IA et  à baliser la voie à l’économie du savoir.

Il est à rappeler également qu’une deuxième version de Startup Act est en cours d’élaboration. Elle permettra, entre autres, de rajouter un peu plus de flexibilité au cadre réglementaire actuel de même à pallier les lacunes et les insuffisances, jusque-là observées.

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