D’aucuns se plaignent de la qualité des services fournis par les banques tunisiennes qui, en dépit d’un marché concurrentiel, tendent à adopter les mêmes tarifs et les mêmes comportements vis-à-vis de leur clientèle. De plus, tout ce qu’on dit à propos d’une inclusion financière rapprochant les services d’une banque à des segments fragiles et démunis n’a pas vraiment d’effet palpable sur le terrain. Car même la clientèle classique de nos banques déplore une mauvaise et insatisfaisante qualité de service envers les épargnants et déposants, ainsi que les entreprises cherchant à financer leurs activités. On vous parle d’agios élevés, de gammes de services à tarifs exorbitants tels que les cartes bancaires, de retard et d’encombrement dans les agences et de manque de suivi et de fidélisation. Ce n’est pas la sophistication des services qui va changer ce constat. Nos banques gagnent énormément avec des ratios de rentabilité des plus élevés sur notre économie ; elles sont devenues un bailleur de fonds sollicité par l’Etat (en dinars et en devises avec parfois certains risques surestimés sur les engagements pris). Mais cette rentabilité ne s’accompagne pas d’une modernisation des services et des délais, avec cette terrible inflation des tarifs sur le dos du client.
Censées jouer le rôle de financement des entreprises via les crédits de toutes sortes, on remarque également un blocage d’accès à ces crédits, surtout pour les PME à la recherche de capitaux et de tarifs réduits pour relancer leurs activités. Nos banques ne prennent pas assez de risques et n’accompagnent pas des idées innovantes de projets très bénéfiques pour l’économie. Elles préfèrent se concentrer sur les crédits à la consommation très rentables, et autres services à leurs clients privilégiés. Quitte à rentrer dans des opérations perdantes et par la suite des crédits carbonisés. Et puis, une remarque s’impose : pourquoi le paysage bancaire tunisien est-il encore dominé par les banques de dépôt classiques qui représentent les quatre cinquièmes du marché au détriment des banques d’affaires, de développement et autres établissements financiers dont la nature et le fonctionnement facilitent mieux le financement des entreprises ? On reste, hélas, cloué dans le même modèle économique dépassé des banques qui ne cherchent que les placements sûrs et à accroître leurs ratios de rentabilité au détriment de leur image et de leurs clients, particuliers et entreprises.