L’attente est aussi longue que l’excitation, grande: entre le Sénégal de Sadio Mané et l’Algérie de Riyad Mahrez, les deux meilleures équipes depuis le début de CAN-2019, la finale oppose deux pays en quête de gloire continentale depuis des décennies, vendredi au Caire (21h00).
De Dakar à Alger, en passant par la France, où la diaspora des deux pays est très présente, les supporters des deux camps rêvent d’un moment historique: le premier sacre des Lions de la Teranga, abonnés à la « lose », ou la deuxième étoile des Fennecs, après le titre à domicile de 1990.
Un dispositif de sécurité important sera mis en place dans les grandes villes françaises après les incidents qui ont marqué la liesse populaire à la hauteur du beau parcours des Verts.
Même Le Caire, endormi après l’élimination précoce de l’Egypte dès les 8e de finale, reprendra vie côté tribunes: environ 10.000 Algériens sont attendus dans la capitale, dans un contexte d’ébullition politique inédit.
L’affiche vaut le coup, entre le grand favori et l’outsider inattendu. C’est aussi l’histoire intime de retrouvailles entre deux gamins de Champigny-sur-Marne en banlieue parisienne, Aliou Cissé et Djamel Belmadi, au sommet du foot africain.
Fort de son statut de mondialiste, de première nation africaine au classement Fifa, et de l’apport de son champion d’Europe Mané, le Sénégal était programmé pour aller en finale.
Au contraire de la surprenante Algérie de Belmadi, engluée dans l’instabilité au poste de sélectionneur ces deux dernières années, et incapable de dépasser le premier tour de l’édition 2017.
Revanche de Cissé
« Dès le départ, c’était clair. Avec l’équipe et le staff que l’on a, j’avais dit dès le début que nous étions favoris cette année. Sans prétention aucune -je pense être assez modeste-, il faut à un moment donné ne pas se voiler la face et dire les choses telles qu’elles sont », a confié mardi Sadio Mané dans un entretien à la BBC.
« Maintenant, nous avons la chance d’être (en finale), nous devons la saisir », a-t-il ajouté, alors que les Lions de la Teranga n’ont plus disputé de finale depuis 2002 -le coach Cissé était alors le capitaine de cette équipe.
« Dix-sept ans, c’est assez long, il y a eu depuis plus de 5-6 CAN. Beaucoup de nos garçons avaient peut-être 5-6 ans à l’époque. Pour arriver à ce niveau de la compétition, (on a vécu) beaucoup de déceptions, de désillusions, de larmes », a rappelé jeudi Cissé, qui tient une chance de prendre sa revanche sur ce trophée qu’il lorgne tant.
« Aujourd’hui, nous y sommes, nous ne comptons pas nous arrêter à cette finale. Nous voulons plus que cela! », a-t-il prévenu.
Face aux coéquipiers de Mahrez, meilleure attaque de la compétition avec 12 buts, le Sénégal sera toutefois privé de son meilleur défenseur, Kalidou Koulibaly, suspendu. « Une perte pour notre système défensif », admet Cissé.
Public algérien « magnifique »
Car si Sadio Mané est à la hauteur de son statut depuis le début du tournoi, avec trois buts, son rival algérien Mahrez est aussi en feu, à l’image de son coup franc d’anthologie inscrit dans les toutes dernières secondes en demi-finale contre le Nigeria (2-1).
Au-delà du talent des ses joueurs offensifs, et de sa défense hermétique, l’Algérie pourra compter sur un autre atout de choix pour tenter de l’emporter: l’appui du public, qui viendra en masse d’Algérie grâce au « pont aérien » mis en place par le gouvernement.
« Le peuple que l’on représente a toujours montré des très belles choses. C’est magnifique ce qu’il se passe », a relevé le joueur algérien Adlène Guedioura, en référence aussi au « hirak », mouvement de contestation politique inédit qui enthousiasme le pays depuis fin février.
« C’est l’un des matches les plus importants de la vie de beaucoup de joueurs, a-t-il encore asséné. « On a envie de terminer en beauté. »
Sur et en dehors du terrain, a souligné son entraîneur. « On veut être représentatifs et montrer au monde ce que les Algériens sont capables de faire, comme c’est le cas avec les manifestations chaque vendredi. On veut être heureux et célébrer dans l’ordre, tout en ayant le respect des pays dans lesquels on se trouve. C’est très important pour nous. »
Encore faut-il remporter le trophée !