Voilà ! Et pour nous, ce n’est pas une surprise ! C’est le film de Kaouther Ben Hania « Les filles d’Olfa » qui représentera le cinéma tunisien pour les Oscars 2024. Pour la deuxième fois, la Tunisie est représentée dans ce prestigieux concours par la même réalisatrice.
En 2021, son film « L’homme qui a vendu sa peau» est retenu parmi les cinq nominés pour l’Oscar du meilleur film international, devenant le premier film tunisien à concourir dans cette catégorie. Et voici que le docufiction « Les filles d’Olfa » représentera de nouveau le cinéma tunisien si, bien entendu, le film est nominé aux Etats-Unis. En fait le mécanisme est le suivant : un comité de sélection tunisien choisit un film qui le représente et le propose ensuite au comité des Oscars aux Etats-Unis et il attend ensuite la réponse. Si le film est nominé, il concourt au fameux prix. Une « short list » sera publiée par le comité des Oscars le 21 décembre 2023; quant à la cérémonie, elle aura lieu le 10 mars 2024 à Hollywood.
Les faits relatés sont réels et vécus par Olfa Hamrouni
Au-delà de la valeur artistique du film, le communiqué du ministère des Affaires culturelles dira que «ce film répond à tous les critères d’éligibilité énoncés dans les règles de nomination publiées par les Oscars». Rappelons aussi que Olfa Hamrouni est une Tunisienne originaire de Sousse. Elle a quatre filles. Ses deux filles aînées ont rejoint Daech. Elles ont participé avec leurs maris respectifs à l’opération de Ben Guerdane. Leurs maris ont été tués pendant l’attaque et les deux filles de Olfa sont depuis emprisonnées en Libye. Il y a deux actrices qui jouent les deux grandes filles. Les deux petites filles jouent leurs propres rôles aux côtés de leur mère. En tout cas, le film est très attendu en salles en Tunisie et continue à faire parler de lui en Europe, réalisant des chiffres très honorables dans les guichets. Le film est d’une facture originale dans sa structure et dans sa narration et le producteur, Habib Attia, nous dira dans une interview accordée à La Presse : «Je dirais que c’est un film documentaire dans le sens où les faits relatés sont des faits réels vécus par Olfa Hamrouni, le personnage central du film. Un film qui relate ces événements par lesquels cette femme est passée durant les dix dernières années de sa vie.
Ces événements dans le film sont relatés par le vrai personnage, mais interprétés par Hind Sabri. C’est l’interaction entre ce vrai personnage (Olfa) et Hind Sabri en présence de Kaouther ben Hania qui recrée les événements phares vécus par Olfa. On peut dire que c’est un docu-fiction, mais c’est une manière de démontrer aussi que la ligne qui sépare le documentaire de la fiction est très fine. C’est un film qui est à la limite du documentaire et de la fiction. C’est aussi un documentaire qui a été tourné avec des moyens supérieurs à ceux d’une fiction. Ce mécanisme a nécessité la mise en place d’une assistance technique et artistique très importante avec des décors que nous avons loués pour deux mois afin de permettre à tout le monde de s’exprimer comme la réalisatrice le voulait».
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