Avec la conjonction de plusieurs facteurs, les cours du pétrole ont enregistré ces derniers temps des flambées historiques, après une longue période de disette menant de nombreux spécialistes à affirmer que les prix ne baisseront pas de sitôt. Les craintes de manque d’approvisionnent en gaz et en pétrole ainsi que la flambée des prix des carburants remontent à la surface.
La demande mondiale est sans cesse grandissante. Les craintes alimentent les marchés pétroliers et font grimper les prix. Les cours du pétrole poursuivent leur ascension avec le baril de Brent à 86,83 USD. Les spécialistes s’accordent à dire que la tendance haussière va continuer pour les mois à venir. L’économie mondiale a besoin de pétrole et les capacités de productions sont limitées. Ils soulignent, en effet, que la demande sera grande et l’offre moins importante, ce qui fera exploser les prix.
D’après les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les prix du pétrole suivront une courbe haussière d’ici la fin de l’année 2023. L’AIE indique dans son dernier rapport que la réduction de l’offre de l’Opep et l’augmentation du niveau de la demande «vont éroder les stocks pour le reste de l’année et donc faire grimper les prix».
Hausse cumulée annuelle de 23,7%
A l’échelle nationale, l’Association tunisienne du pétrole et du gaz indique dans son dernier rapport «Les annales de l’énergie 2023», que la consommation nationale de produits pétroliers s’est élevée à 4,54 millions de tonnes (Mto), enregistrant une très faible hausse par rapport à l’année 2021, alors que la production de la «Stir» a été de 1,43 Mto en baisse de 12,4% par rapport à l’année précédente. Afin de répondre à la demande du marché intérieur, la Stir a importé 3,38 Mto de produits pétroliers.
Des difficultés d’approvisionnement du marché intérieur ont conduit au rationnement des carburants au cours des mois d’août et d’octobre 2022, et à un recours aux stocks de sécurité. Par ailleurs, cinq ajustements des prix ont été réalisés en février, mars, avril, septembre et novembre 2022, engendrant une hausse cumulée annuelle de 23,7% du prix de gasoil ordinaire et de 20,4% de l’essence sans plomb.
De même, selon le bulletin de la conjoncture énergétique publié en juin 2023, la demande nationale de produits pétroliers a enregistré, entre fin juin 2022 et fin juin 2023, une baisse de 4% pour se situer à 2.173 ktep. Ainsi, une baisse de la demande du GPL de 1%, du fuel de 26%, des essences de 5% et du gasoil de 8% a été observée. La consommation de carburants routiers a enregistré, entre fin juin 2022 et fin juin 2023, une diminution de 7%. Elle représente 62% de la consommation totale des produits pétroliers. La consommation de GPL a diminué de 1%, celle de coke de pétrole a augmenté de 19% au cours de la même période, sachant que ce produit est utilisé exclusivement par les cimenteries et qu’il est substituable par le gaz naturel et le fuel lourd.
D’autre part, la consommation de jet aviation a enregistré une hausse importante de 11% à fin juin 2023 par rapport à la même période de l’année précédente suite à la relance des activités de secteur du transport aérien qui a subi de plein fouet les répercussions de la pandémie du coronavirus. La moyenne journalière de la production de pétrole est passée de 36.4 mille barils/j à fin juin 2022 à 33.9 mille barils/j à fin juin 2023.
Gaz naturel : baisse de l’approvisionnement
Les ressources en gaz naturel (production nationale et forfait fiscal) ont atteint 1.366 ktep, à fin juin 2023, enregistrant ainsi une baisse de 7% par rapport à la même période de l’année précédente. La production du gaz commercial sec a diminué, en effet, de 11%. Par contre, la redevance sur le passage du gaz algérien a enregistré une baisse de 2% à fin juin 2023 par rapport à fin juin 2022, pour se situer à 507 Ktep.
Le forfait fiscal sur le passage du gaz algérien a baissé d’une façon significative durant le premier semestre de 2020, la pandémie, qui a touché l’Europe et, notamment, l’Italie, a impacté fortement la demande de l’énergie et par conséquent la quantité de gaz qui transite de l’Algérie vers l’Italie à travers la Tunisie. Néanmoins, une amélioration a été observée à partir du mois de juillet 2020 et qui a continué durant le sannées 2021, 2022 et 2023. Les achats du gaz algérien ont diminué de 7%, entre fin juin 2022 et fin juin 2023, soit 1.027 ktep. L’approvisionnement national et la demande en gaz naturel ont enregistré une baisse de 12% (2.166 ktep et 2.161 ktep).
Le secteur de la production électrique reste, de loin, le plus grand consommateur de gaz naturel(65% de la demande totale à fin juin 2023). La production électrique est, en effet, basée sur le gaz naturel à plus de 97%. La baisse de la demande du secteur électrique est due à la limitation de la disponibilité du gaz naturel et ne reflète pas la demande du secteur électrique.