Une mi-mai pas comme les autres. Non seulement à cause de la météo quasi caniculaire qui sévit depuis déjà quelques jours, flirtant avec les 50 degrés au soleil, mais aussi à cause du confinement rigoureux imposé à toute la population par suite de l’irruption ravageuse de la pandémie de Covid-19. Une double raison pour ne pas mettre le nez hors de chez soi, surtout quand on est confortablement installé dans une villégiature douillette, immergé dans la beauté de la nature et la quiétude de l’esprit. Et puis vlan ! La sonnerie du téléphone vous arrache à cette béatitude pour vous annoncer une catastrophe grand format : un incendie gigantesque s’est déclaré dans l’une des principales entreprises de fabrication d’articles en papier du pays. Enjeux : plusieurs dizaines de milliards de millimes qui, suite à une fausse manœuvre dans la conduite de l’enquête consécutive au sinistre, pourraient partir en fumée ! Homme de terrain autant que de dossiers, sans perdre une minute et sans se soucier de la conjoncture climatique ou sanitaire (dans le cas d’espèce sécuritaire aussi), l’agent assureur bondit dans sa voiture, accélérateur écrasé au plancher, et fonce vers le théâtre du drame situé à quelque 500 km de sa résidence du moment. Il s’agit de suivre au plus près le déroulement de l’enquête, de son enclenchement à sa conclusion.
Cela pourrait être le commencement d’un roman. C’est la faute à Moncef Felli, assureur-conseiller qui a tenu à adopter un style narratif pour rendre compte de l’une des plus grandes affaires de sa déjà très longue carrière professionnelle. Il en a fait un récit quasi romanesque qu’on avale presque comme un polar. Non pas qu’il a « brodé » pour habiller son récit de sensations fortes, de rebondissements et de suspense, mais en se montrant attentif au décor, à l’ambiance, aux réactions et aux motivations des divers acteurs à tous les stades de l’évolution de la situation. C’est sa manière à lui d’« intégrer » le lecteur dans sa logique professionnelle, le prétexte pour l’introduire sans heurts dans les arcanes d’un métier au premier abord rébarbatif.
Le sujet est un plaidoyer pour une protection contre les aléas de la vie par le truchement de l’assurance, plus particulièrement l’assurance incendie, perçue par beaucoup comme une charge coûteuse sur laquelle il y a lieu de lésiner. L’ouvrage est également une sorte de manuel à l’usage de la clientèle (mais il intéresse également les techniciens de l’assurance) pour l’instruire des avantages d’un contrat bien conçu et la manière d’en assurer le suivi. Le tout à travers la relation qu’il fait d’un événement qu’il a vécu de bout en bout et à la lumière d’une expérience vieille de près d’un demi-siècle.