Mes humeurs: Soft Power

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Le 27 septembre, les Etats-Unis ont lancé  une opération de charme au monde, baptisée la diplomatie par la musique, et, pour donner plus d’éclat à cette actualité, le secrétaire d’Etat Antony Blinken en remet une couche. Il donne le coup d’envoi de l’événement en chantant, guitare en main devant un parterre d’admirateurs. 

L’objectif est clair : mettre la musique au service des ambitions de la diplomatie américaine et promouvoir les échanges culturels ; le monde entier approuverait, c’est toujours mieux  que d’envoyer des chars et des avions de guerre. Des artistes de renom se déplaceront au Moyen-Orient, en Arabie Saoudite pour raffermir et confirmer les amitiés, ainsi qu’un grand orchestre classique en Chine ( en souvenir de la visite du président Nixon), le pianiste et claviériste Herbie Hancock, accompagné de la chanteuse de jazz Dee Dee Bridgewater et de l’ensemble de Jazz de l’université de Californie-Los Angeles, se produira en Jordanie en octobre, en mémoire du concert historique que l’orchestre de Duke Ellington donna en 1963 au Théâtre romain d’Amman. 

Cette initiative prévoit d’autres séries d’échanges et de collaborations musicales, dont l’envoi d’artistes hip hop au Nigeria ; il faut croire que tous les moyens sont bons pour développer ou affermir les relations diplomatiques. Talleyrand, l’un des plus célèbres diplomates de l’Histoire, qui a survécu à tous les régimes, préférait la cuisine pour tisser les liens entre les rois, les princes et les chefs d’Etats. « Le meilleur auxiliaire d’un diplomate, disait-il, c’est bien son cuisinier »

La musique, accessoire de diplomatie ? C’est une vieille recette gagnante que les rois, les princes et les chefs d’Etat ont appliquée au cours de l’Histoire, sans nuances ni bémols. Il serait trop long d’énumérer les exemples de Lully et Louis XIV, Mozart et l’archevêque de Salzbourg, etc, etc. 

1815. Congrès de Vienne, les chefs d’Etat tiennent conclave. Il s’agit d’établir un nouvel ordre mondial. Ce n’est pas un hasard si en mai 1825 dans la même ville est créée la Symphonie N° 9, dans le droit prolongement du Congrès. Elle est dédiée au roi Frédéric-Guillaume III de Prusse. Ce n’est pas un hasard non plus si l’œuvre de Beethoven célèbre l’Europe d’aujourd’hui  et  que la 9e est devenue l’hymne de la Communauté européenne.

Aujourd’hui encore, ce jeu de puissance à travers les gammes est profitable à ceux qui savent s’y livrer. La Chine, dernière arrivée au cercle des grandes puissances, s’y met manifestement, même dans un domaine où on l’attend pas: la musique classique occidentale. Et ce n’est qu’un exemple de plus.

Des exemples encore ?

Berlin. Que reste-il des images de la destruction du mur en 1989 ?  L’inoubliable et émouvant morceau de Bach ( une sarabande),  joué au pied du mur  par le célèbre et iconique violoncelliste et chef d’orchestre  Mstislav Rostropovitch. Les mouvements de joie et l’engouement  manifestés par les Berlinois, ajoutés aux émotions du musicien, ont fait de cet événement un exemple de fraternité.

La paix au Moyen–Orient ? Aucun amateur de musique ou de politique ne peut ignorer le West Eastern Divan Orchestra, créé par le musicien et chef d’orchestre juif, israélo-argentin, citoyen d’honneur palestinien  et l’écrivain palestinien Edward Saïd. Le but de cet ensemble est d’établir un dialogue entre Israéliens et Arabes. Barenboïm est controversé par ceux qui ont une idée subjective et partiale de la paix. En 2001, il a été critiqué, houspillé lors d’un concert à Tel-Aviv. 

Et le soft Power en Tunisie ? Le sujet sera traité dimanche prochain dans notre chronique.   

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