Accueil A la une Découpage territorial : Une démarche à expliquer et des craintes à dissiper

Découpage territorial : Une démarche à expliquer et des craintes à dissiper

 

La nouvelle carte administrative est certes liée techniquement aux prochaines échéances électorales. Elle est, en outre, motivée par une volonté d’opérer une nouvelle division des régions plus juste et plus adaptée eu égard à plusieurs considérations.

Depuis son annonce, le nouveau découpage territorial suscite les passions. Les pour et les contre des Tunisiens s’opposent sur les réseaux sociaux par arguments interposés. Le découpage semble poser problème à certaines formations politiques, une partie de la société civile et des observateurs. Notamment suite à l’amalgame généré par le timing de publication de la nouvelle carte conçue par l’Isie. Certains y ont vu une mainmise du pouvoir politique pour des visées purement électoralistes.  Le porte-parole de l’Isie, Mohamed Tlili Mansri, a indiqué, à cet égard, que le nouveau découpage territorial est une décision politique qui dépasse l’instance, avant de nuancer son propos et ajouter que ce nouveau découpage constitue une nouvelle base de travail à l’Isie d’un point de vue technique et logistique.

Ce découpage territorial a été décidé en prévision des élections locales qui auront lieu le 24 décembre 2023 en vue de la création du nouveau Conseil national des régions et des districts. Une seconde chambre du Parlement composée de 77 membres dont 72 représentants des régions et 5 représentants des districts nouvellement constitués. Donc, oui, la nouvelle carte administrative est certes liée techniquement aux prochaines échéances électorales. Elle est, en outre, motivée par une volonté d’opérer une nouvelle division des régions plus juste et plus adaptée eu égard à plusieurs considérations.

En finir avec le tribalisme et le régionalisme

En outre, il ne fait aucun doute que le disrtrict, nouveau concept introduit, qui devra composer l’ossature desdits Conseils locaux et régionaux, suscite, la perplexité, voire la suspicion. Or, la nouvelle répartition s’est faite selon une logique administrative, géographique et économique minutieusement étudiée par des compétences nationales. On retiendra que le projet a été mis en œuvre sur la base de données objectives et scientifiques qui ont donné lieu à 24 décisions relatives à la délimitation des frontières territoriales de 2085 «imadas», 275 délégations et 24 gouvernorats, publiées au Journal officiel de la République tunisienne du 12 au 25 juillet 2023. A la faveur de ce nouveau découpage, donc, cinq grands districts sont créés et annoncés par décret publié au Jort du 22 septembre 2023.

Les compétences tunisiennes à avoir pris part au processus relèvent des institutions officielles de l’Etat dont notamment le ministère de l’Intérieur, le Centre national de la cartographie et de la télédétection, l’Institut national de la statistique (INS) et l’Office national de la topographie et du cadastre.

Pour sa part, Slah Dawdi, porte-parole du mouvement «Pour que le peuple triomphe», estime que ce nouveau découpage est en mesure d’incarner une nouvelle voie vers un développement global de l’ensemble des régions en Tunisie, tout en permettant de neutraliser les tentations tribales et régionalistes.

Dawdi, expert universitaire de son état, considère que «ce découpage permettrait d’en finir avec le tribalisme et le régionalisme pour construire une unité nationale et aller vers une dynamique de développement intégré sur la base de plans de développement nationaux qui prennent en compte les dimensions régionales et locales…». Il se dit persuadé que ce nouveau système «rompt totalement avec tout ce qu’avait connu la Tunisie auparavant: un découpage administratif selon un maillage tribal, précolonial ou encore géographique. Et d’enchaîner que d’après ce modèle horizontal, il n’y aurait ni commandement ni leadership. «Les métropoles et les mégapoles appartiennent au passé», a-t-il encore souligné.

Les velléités séparatistes

On rappellera à cet égard que le projet de gouvernance par les bases du Président de la République a préconisé la création un nouveau parlement composé de deux chambres. La première, l’Assemblée des représentants du peuple qui est déjà opérationnelle, et la seconde, le Conseil des régions et des districts.

Le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Brahim Bouderbala, assure, de son côté, que «ce découpage n’a pas de caractéristiques administratives, ne relève pas de la fonction exécutive, et ne changera rien dans l’organisation des gouvernorats, des délégations et des municipalités».

Au-delà des considérations politiques, il est utile que l’Isie adopte une démarche didactique pour vulgariser les notions, expliquer le processus et dissiper les craintes. Une partie des Tunisiens a peur, c’est bien le cas de le dire, de voir surgir de ces «districts» des velléités séparatistes.

Il faudra les rassurer par un discours argumenté et rationnel et par une gouvernance efficace.

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