L’été, roi des saisons, trône sur le fort de Kélibia. Le soleil couronne les lieux par ses rayons dorés. L’astre lumineux, dieu de l’abondance, apporte fortune et prospérité.
L’afflux des vacanciers à Kélibia est une intervention divine pour les Kélibiens. Tout d’un coup, la terre devient fertile car ces derniers contribuent énormément à la croissance économique de cette ville côtière.
Beaucoup de Tunisiens et étrangers choisissent Kélibia comme destination pour passer leurs vacances et il y a de quoi !
Les points forts de la ville sont ses plages. Rappelez-vous qu’en octobre 2013 dans le «daily news dig», les plages de Kélibia étaient classées 7e comme ayant les eaux les plus belles et les plus claires dans le monde.
Nous pouvons voir le reflet des nues et des cieux sur l’eau limpide. «Je ne peux plus me passer de Kélibia depuis que j’ai découvert ses magnifiques plages», a déclaré Amel Manai, une Tunisienne qui passe ses vacances à Kélibia pour la cinquième année consécutive.
Depuis quelques années, Kélibia est devenue la nouvelle destination des Tunisiens qui cherchent un lieu de vacances pour la famille. Elle satisfait les nouveaux vacanciers mais aussi les habitués.
Chacun profite de l’été avec les moyens du bord
Louer sa propre maison principale est chose commune à Kélibia où le nombre d’hôtels est très limité. Les vacanciers sont principalement hébergés dans des maisons meublées que les propriétaires louent pendant l’été. Cela ne veut pas dire que c’est moins cher ! Le prix dépend évidemment de l’emplacement des maisons et de leur superficie. Nous avons demandé à plusieurs résidents de nous faire part du prix le plus bas ainsi que du prix le plus élevé. Il s’avère que la nuit est à 70dt minimum pour un s+1 ou s+2 et la nuit peut atteindre 300dt pour les villas «pieds dans l’eau» comme celles qui se trouvent à «el Fatha» une petite plage entourée des deux côtés par des rochers connue pour ses eaux calmes même lorsqu’il y a beaucoup de vent.
La question qui se pose, où habitent les résidents lorsqu’ils louent leurs propres maisons ?
En réalité, il n’y a pas une seule recette. Chaque famille se débrouille à sa manière. Un grand nombre d’habitants ont une deuxième demeure et donc ils louent la plus spacieuse et se réfugient dans la deuxième jusqu’à la fin de l’été. Pour les autres, les solutions varient. Certains s’installent dans leurs propres garages préparés et conçus pour les accueillir chaque année, d’autres passent les vacances chez leurs parents ou leurs beaux-parents (si la relation est bonne évidemment !). Le plus surprenant c’est qu’il existe des Kélibiens qui eux-mêmes louent d’autres maisons. Dans le sens où ils laissent leur maison qui a un très bon emplacement et louent dans un endroit loin de la ville et de la plage à un loyer beaucoup moins cher. De cette façon tout le monde trouve son compte.
Chacun profite de l’été avec les moyens du bord, il va sans dire que la saison d’été est une source d’argent pour les résidents. Pour certains, il s’agit de la seule source d’argent qui permet de fixer le budget du reste de l’année. C’est ce qu’explique Wehida Laâbidi, qui habite à Kélibia depuis dix ans : «Nous gagnons beaucoup en terme d’argent grâce à la location; pour la majorité des natifs il s’agit d’une opportunité à ne pas rater».
Le dieu de l’abondance passe à Kélibia et ce n’est pas pour y rester, il n’est que de passage et donc il faut surtout en profiter. Grace à ce passage, Kélibia prend un nouveau souffle, tout se transforme… En hiver, «c’est un cimetière» affirme Azza El Mejri une résidente. «Il n’y a pas autant d’activités ni autant de monde ni autant de mouvement». L’été fait ressusciter ce lieu. Les restaurants, salons de thé, manèges, hôtels… regagnent leur force.
Il y a certainement beaucoup d’avantages pour les villageois qui se font une petite fortune selon Mahrane Ben Salah (originaire de Kélibia et plus exactement de Ezzahra) et il ne parle pas seulement des loueurs. En effet, il ne faut pas négliger l’impact sur les supermarchés, les boulangeries, les pâtisseries, etc.
D’ailleurs c’est le point qui dérange les Kélibiens. «Parfois nous n’arrivons pas à temps pour acheter du pain ou du croissant le matin, il faut faire ses courses très tôt en été», déclare Jelila Belhaj, une femme qui habite à Kélibia. Eh oui, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre !
Nous pouvons dire qu’ils ont de la chance quand même ces habitants de pouvoir profiter d’une si belle plage et des restaurants aux superbes vues… ou peut-être pas…
Les habitants prennent-ils des vacances ?
En réalité, les habitants ne profitent pas nécessairement de leurs vacances comme nous pouvons le croire. Le mois de juillet va bientôt nous quitter et plusieurs habitants, surtout des femmes, ne sont pas encore allées se baigner. «Le travail, les responsabilités familiales empêchent beaucoup de femmes d’aller à la plage comme elles le souhaiteraient», ajoute Wehida Laâbidi. Pourtant, un grand nombre d’habitants trouve le moyen d’en profiter même s’ils ont des contraintes. En effet, beaucoup d’hommes vont à la plage très tôt le matin puis tard le soir. Il y a même ceux chez qui la baignade matinale est un rituel accompli même en hiver.
Quant aux jeunes et plus particulièrement les garçons, la journée n’est pas faite pour s’amuser mais il s’agit d’une opportunité pour se faire de l’argent de poche. Ils travaillent essentiellement comme serveurs durant l’été. Mais ne sous-estimez pas ce que peut gagner un serveur à Kélibia ! Chanceux sont ceux qui travaillent au restaurant El Mansoura, un restaurant très chic qui vaut le détour (dont le budget moyen pour une seule personne atteint 70 dinars). Pour les jeunes, c’est une vraie source d’argent car le pourboire n’est pas estimé aux dinars mais plutôt à des billets de 20 et de 50. De quoi sacrifier ses journées !
Ceux qui profitent le plus des vacances sont les jeunes filles. Très peu d’entre elles travaillent. L’été est une saison de détente entre baignades, sorties entre copains, fêtes et balades en moto jusqu’au mois de septembre : un mois qui annonce la fin et c’est à ce moment-là que Kélibia se meurt…
Entre-temps, profitons des derniers jours qu’elle a à vivre avant qu’elle ne retombe dans son silence…
E.G.