Il n’y a pas si longtemps, l’idée d’un projet de gestion intégrée des déchets, à Testour, gouvernorat de Béja, fut perçue comme une planche de salut qui pouvait rompre avec un constat environnemental qui ne plaisait pas aux riverains.
Ce projet vise à transfigurer la région et la doter d’un milieu où il fait bon vivre. L’initiative vint de Mohamed Ferchichi, président de l’Association franco-tunisienne des Pyrénées-Atlantiques (Afraht 64) et une de nos compétences vivant à Pau, en France, qui a voulu tendre la main à Testour, en signe d’aide et de reconnaissance à sa ville natale. Trois ans déjà, ce projet tant attendu est encore à l’étude, bien que la planification du chantier semble prendre forme. Certes, la pandémie de Covid-19 avait brutalement bouleversé la donne et forcé tous les partenaires à prolonger les délais. Mais la bonne volonté des uns et des autres a fait que tout redevient réalité. Et les premières concertations, entamées début 2020, tiennent encore la route.
Un défi de propreté à relever !
Cela s’inscrit dans le cadre d’une coopération décentralisée tuniso-française, puisant dans un projet environnemental local. En fait, valoriser les déchets de la cité dépend d’une culture d’écocitoyenneté incrustée dans l’esprit et le comportement. Un défi de propreté et de développement durable que cette région aussi antique qu’authentique s’engage à relever. Son aspect esthétique s’avère aussi de mise. Visionnaire, l’ancien maire, Mohamed Mansi, agissait en bon stratège aguerri. Durant son mandat, il voulait ériger Testour en véritable pôle attractif et dynamique, une ville fière de son histoire séculaire et de son patrimoine andalou à fort potentiel socioculturel. Son successeur devrait, alors, lui emboîter le pas et continuer à concrétiser les ambitions d’une population qui compte plus de 13 mille habitants.
Ainsi, il y a raison de passer le flambeau et tenir toujours bon dans ce grand chantier d’environnement et du développement local. L’essentiel est que, maintenant, les pourparlers liés à ce sujet reprennent de plus belle. Avec plus d’énergie et d’engagement réitéré. Parlons-en ainsi, l’Afraht 64 demeure, visiblement, la partie la plus diligente, soucieuse de remettre le projet sur les rails, mais aussi grâce à la mairie de Lescar, ville française d’environ 10 mille habitants, située au nord-ouest de Pau, en région Nouvelle-Aquitaine. Madame la maire, Valery Revel, et la délégation l’accompagnant étaient, vendredi dernier, en visite à Testour, où ils se sont rendus sur le site du projet qui sera bâti sur les décombres d’une vieille décharge dite « contrôlée ».
Il n’y a que du positif !
Au siège de la commune, les échanges instaurés sur ce sujet sont qualifiés d’interactifs et féconds, à même de faire bouger les lignes et avancer sur le fond d’un accord de jumelage entre le lycée Ibn Zohr à Testour et celui de Jacques Monod à Lescar, avec le soutien du ministère de l’Education et l’ambassade de France en Tunisie. Il s’agissait de trois acteurs clés, à savoir Mme Revel, son adjoint chargé du dossier de l’environnement, Jean-Claude Setier, ainsi que son prédécesseur Christian Laine, ex-maire de Lescar, présent en qualité de membre du conseil d’administration de l’Afraht et qui venait remplacer Mohamed Ferchichi, l’initiateur du projet, absent pour cause de force majeure. Car, ce dernier, faut-il l’avouer, n’a jamais manqué à son devoir à l’égard de son pays, la Tunisie. L’Afraht lui a toujours accordé des dons. Elle ne peut qu’aider, disait M. Laine.
D’ailleurs, ce projet environnemental est la résultante d’une solide coopération entre Testour et Lescar. A l’état embryonnaire, ce projet de gestion intégrée des déchets s’annonce porteur d’espoirs. « A ce jour, on est en quête de financement, soit un budget total estimé à 1,5 million d’euros… », révèle Mme Revel, faisant valoir l’appui de l’AFD, Agence française de développement, sur laquelle elle compte beaucoup. Et là, elle et revenue sur les différents aspects et vocations du projet. « Ça consiste, essentiellement, en le traitement des déchets, s’agissant de la collecte au recyclage, passant par la phase de tri sélectif dont notamment celui d’ordures ménagères pour en faire du compost, reconnu comme fertilisant agricole prouvé», enchaîne-t-elle. Soit une approche de gestion qui devrait obéir au principe des trois R : Réduire les rejets des déchets, les réutiliser et puis les recycler.
C’est à quoi s’en tient la maire de Lescar. L’ultime but étant, selon elle, de faire en sorte que l’actuelle décharge de Testour soit moins polluante et le rêve d’une ville plus propre et plus agréable soit réalisé. Il n’y a que du positif, pour ainsi dire. Ceci étant, sauf si ces trois conditions préalables sont bel et bien réunies : «L’acceptabilité du projet par la population concernée, sa faisabilité technique et son efficacité économique», insiste Jean-Claude Setier, lui qui en avait chapeauté l’étude et passé à la loupe toutes les données y afférentes. Procéder au traitement des déchets, en optant pour le tri sélectif à la source ou à la décharge, comment les réutiliser, intégrer les fouineurs dans ces circuits de valorisation et bien d’autres questions qui y sont liées, rien n’a échappé à l’attention de M. Setier. Ce sont, d’ailleurs, des principaux indicateurs censés nous édifier sur la viabilité de ce projet. L’homme sait de quoi il parle.
Sensibilisation, ça commence par les élèves
Cependant, pour y arriver, on n’a pas seulement discuté du volet traitement des déchets. L’intérêt est aussi porté sur la sensibilisation de la population quant à la nécessaire valorisation des déchets. Et c’est elle qui se pose en cheville ouvrière. Aussi, faut-il commencer par les lycéens, censés jouer les bons relais en termes de communication et de conviction. Surtout qu’ils ont, comme en témoigne la délégation, fait montre de leur conscience et du sens de l’engagement écologique au sein de leur établissement scolaire, mais aussi ailleurs. Quand les élèves sensibilisent leurs parents, «toute la population locale devrait être mobilisée pour cette bonne cause communautaire », souligne le proviseur du lycée Ibn Zohr, Radhouane Hammami.
Il a ajouté que ce sera dur de s’initier à ce nouveau mode de gestion de déchets, mais il importe de le faire pour le bien de tous. « On est condamné à agir ainsi, si nous voulons changer d’habitudes et de comportements par rapport à notre environnement », résume-t-il. Du reste, il faudrait doter la région d’une véritable décharge contrôlée et qui soit dûment gérée par la municipalité de la place.
Ce débat sur la question de l’environnement va continuer dans le cadre d’un échange mutuel fort intéressant prévu entre des lycéens de Testour et ceux de Lescar. Des visites dans les deux sens seront prochainement programmées. Somme toute, une telle assistance financière et technique n’est qu’un gage d’assurance.