La réduction des externalités négatives de l’entreprise n’est plus aujourd’hui un défi exclusivement environnemental auquel elle doit répondre. C’est plutôt une question de modèle économique (Business Model) que chaque entreprise est appelée à revoir, car, désormais, c’est sa compétitivité qui est en jeu.
Inscrire les entreprises, indépendamment de leurs tailles ou du secteur dans lequel elles opèrent, dans une transition écologique, verte, durable est devenu un besoin économique. Et ce pour plusieurs raisons. D’abord, les nouvelles réglementations environnementales instaurées en Europe, telles que le mécanisme de la taxe carbone aux frontières, mettent les entreprises tunisiennes devant le fait accompli et les acculent à verdir leurs activités et réduire leurs empreintes carbone.
Et puis, les entreprises dont la performance et la compétitivité dépendent de l’optimisation des coûts de revient et de production sont impérativement appelées à soupeser les avantages de ce changement qui implique, de facto, le passage vers des modèles d’exploitation de ressources durables et optimisées.
Le recours aux énergies renouvelables, la réduction de la consommation d’eau et d’énergie, l’utilisation des matières recyclables… sont, à ce titre, des exemples de décisions que l’entreprise peut prendre pour faire bouger les lignes et amorcer leur transition écologique.
Le cadre réglementaire, un terreau fertile…
La bonne nouvelle, c’est que le cadre réglementaire en Tunisie constitue un terreau fertile pour ces transitions vertueuses. “Le cadre réglementaire est favorable à la transition verte des entreprises, que ce soit en termes de législation ou de lois de finances consécutives. Ce sont des lois de finances qui s’insèrent dans un cadre international et qui encouragent les activités de dépollution, la mise en place de fonds environnementaux… Je pense que la Tunisie a franchi le cap, mais c’est à nos opérateurs économiques et à nous, secteur privé, d’être responsable et d’accompagner nos gouvernants, nos choix gouvernementaux pour que nos opérateurs économiques, jeunes et moins jeunes, adhèrent à ce processus”, a souligné Aslen Ben Rejeb, dans une déclaration accordée à La Presse, en marge de la cérémonie de clôture du projet Cluster4Green.
Pour Ben Rejeb, les répercussions financières de ces changements ne sont plus à démontrer. “On a compris aujourd’hui qu’il n’est plus acceptable qu’une unité d’embouteillage d’eau basée à Kairouan, dont les frais de transport constituent une partie très importante du prix de revient, ait recours à une entreprise de transport installée à Tunis.
Il est absolument obligatoire d’un point de vue moral, mais aussi d’un point de compétitivité, qu’elle ait recours à une entreprise de la région. Cela lui permet, d’abord, d’être responsable d’un point de vue environnemental, mais aussi d’encourager l’inclusion et l’employabilité régionales. Ce sont des exemples simples par lesquels nous essayerons de faire changer un peu la culture et d’incruster ce côté environnemental chez tout opérateur économique”, a-t-il ajouté.
Le patronat a un rôle à jouer dans cette transition
Le candidat à la présidence de la Conect estime qu’en tant que patronat responsable, la confédération a un rôle à jouer dans la sensibilisation des acteurs économiques sur l’impératif environnemental.
“La culture environnementale n’est pas très bien ancrée chez les opérateurs économiques et nous avons estimé qu’en tant que patronat responsable, nous devons accompagner la formation des formateurs tunisiens afin d’acquérir le savoir-faire des entreprises responsables citoyennes installées en Europe, particulièrement en Italie”, a-t-il précisé.
Selon Ben Rejeb, il y a une certaine prise de conscience de la part des entreprises tunisiennes quant aux défis environnementaux. Elles comprennent que désormais, elles ne pourront plus exporter vers l’Europe si elles n’intègrent pas dans leurs politiques des stratégies de décarbonisation.
“Si elles veulent exporter, il est indispensable qu’elles y adhèrent et qu’elles comprennent en quoi consiste la décarbonisation et qu’elles balisent la voie à cette transition via des formations, l’acquisition d’équipements adéquats…, afin justement de rester dans la compétition internationale”, a-t-il insisté.
Il a indiqué qu’aujourd’hui, le tissu productif a besoin d’une mise à niveau environnementale afin de rester compétitif, et ce, en comparaison avec des pays concurrents qui ont franchi le cap tels que le Portugal, la Turquie ou le Maroc. Pour Ben Rejeb, le projet Cluster4Green, mis en œuvre par la Conect, avec le soutien du programme ENI CBC MED et de l’Union européenne, est une initiative qui ajoute une pierre à l’édifice en contribuant à la promotion de l’économie circulaire et au soutien de l’investissement durable en Tunisie.
Visant à encourager des projets responsables, cette initiative a permis, grâce à la collaboration entre les deux rives de la Méditerranée (la rive nord représentée par l’Espagne, la France et l’Italie et la rive sud par la Tunisie, l’Égypte, le Liban et la Jordanie) de créer des opportunités économiques et d’évaluer les différentes approches des institutions publiques, des associations, des ONG et des entreprises privées en matière d’écologisation.