Accueil A la une Entretien avec Dr Souha Bougatef, directrice de la veille sanitaire à l’Observatoire des maladies nouvelles et émergentes : «70 espèces de moustiques transmettent le virus West Nile»

Entretien avec Dr Souha Bougatef, directrice de la veille sanitaire à l’Observatoire des maladies nouvelles et émergentes : «70 espèces de moustiques transmettent le virus West Nile»

 

Endémique dans le pourtour méditerranéen, la présence du virus West Nile, transmis à l’homme par les moustiques, a été confirmée, cette année, chez dix cas qui ont été hospitalisés. Les symptômes causés par ce dernier sont similaires à ceux de la grippe saisonnière: hausse brutale de la température, céphalées, douleurs musculaires, nausées…. Directrice de la veille sanitaire à l’Observatoire des maladies nouvelles et émergentes, Dr Souha Bougatef fait le point sur le risque que ce virus peut représenter pour la santé.

D’où vient le moustique Culex responsable de la transmission du virus du Nil occidental?

C’est un moustique qui est répandu un peu partout dans le monde et qui se trouve également en Tunisie depuis longtemps. Mais il faut savoir que le Culex n’est pas le seul à être un vecteur de transmission du virus West Nile. Il existe 70 espèces de moustiques qui transmettent ce type de virus.

Existe-t-il des conditions propices à la prolifération de cet insecte?

Il existe plusieurs facteurs de prolifération des moustiques responsables de la transmission du virus West Nile. La pullulation de ces derniers résulte notamment de la conjugaison de deux facteurs, à savoir la hausse des températures et la présence d’eaux stagnantes. Les bassins d’irrigation attirent également ces moustiques qui pondent leurs œufs dans l’eau. Il faut savoir que cette maladie est vectorielle et que le moustique est un vecteur de transmission qui a lieu à partir d’oiseaux migrateurs  infectés et porteurs de ce virus  qui circulent entre l’Europe et l’Afrique.

Ce qui pourrait rendre les conditions encore plus propices à la transmission de ce virus, c’est le fait que les oiseaux sédentaires, lorsqu’ils sont infectés, transmettent également ce virus aux moustiques. Par contre, l’être humain est ce qu’on appelle un cul de sac épidémiologique, car le virus ne se transmet pas de l’humain à l’humain.

Sommes-nous dans ce qu’on peut appeler une année épidémique?

Non, car nous avons observé juste des cas sporadiques depuis le début des investigations menées par les directions régionales de  la santé. C’est une maladie cyclique qui peut entraîner tous les cinq ans une épidémie. Nous avons eu des années endémiques en 1997, 2003, 2012, 2018 et nous avons découvert un foyer épidémique à Béja en 2022. Cette année, nous avons détecté depuis le 12 septembre  dix cas répartis entre les régions de Tozeur, Monastir, Sousse, Gabès, Jendouba. Des investigations ont été menées auprès des personnes infectées afin de déterminer les raisons de la transmission du virus. Les institutions concernées sont intervenues pour remédier aux causes de la transmission du virus  en éliminant toutes les  sources d’eau stagnantes. Elles ont, par ailleurs, conseillé à ces personnes de prendre toutes les précautions nécessaires dans leurs foyers en installant des moustiquaires et en utilisant des répulsifs pour moustiques.

Le West Nile présente-t-il un risque élevé pour la santé des humains ?

Dans 85% des cas, l’infection par le virus du West Nile est asymptomatique.

Quels sont les symptômes qui sont apparus chez les cas qui ont été infectés cette année ?

Nous avons observé chez ces derniers l’apparition de céphalées, d’érythèmes cutanés, de douleurs musculaires ainsi qu’une hausse de température. Dix personnes ont été confirmées et hospitalisées tandis qu’un décès a été enregistré.

Pour quelles raisons ce virus peut-il causer des décès?

Dans 1% des cas, nous pouvons observer l’apparition d’une méningite chez des personnes infectées qui peut conduire au décès.

Des complications neurologiques sévères peuvent survenir, surtout chez des personnes en bas âge, des personnes âgées  ou chez celles qui souffrent d’insuffisance cardiaque, respiratoire ou de maladies chroniques.

En quoi consiste le système de contrôle précoce qui a été mis en place par l’Observatoire des maladies nouvelles et émergentes?

Il s’agit d’un système de veille. Les années précédentes, nous avons, avec la collaboration du ministère de l’Agriculture, créé des sites de poulets sentinelles chez des éleveurs se trouvant dans des régions où circule le virus. Nous procédons à des prélèvements toutes les semaines  dans ces foyers afin de détecter la présence du virus du West Nile.

Charger plus d'articles
Charger plus par Imen Haouari
Charger plus dans A la une

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *