J’ai repris à dessein le titre d’un article que j’ai publié dans ces mêmes colonnes plus de deux décennies en arrière. C’était, à l’époque, pour célébrer l’enlèvement par l’équipe de Carthage du championnat mondial du jeu de boules –plus généralement connu chez nous de jeu de pétanque. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois — ni la dernière, d’ailleurs — qu’une équipe nationale remportait ce trophée.
Nous avons attrapé le virus de ce jeu à l’époque coloniale au contact de joueurs européens, et plus particulièrement les cheminots, qui en étaient friands. Les lignes de chemin de fer étaient ponctuées de clubs et de terrains de jeux de boules, ce qui explique la dissémination rapide de ce « sport » à travers l’espace et les classes sociales perméabilisées par sa convivialité.
La nature même du métier de cheminot a favorisé la « mixité » entre les populations « indigènes » et celles européennes, ce qui explique la pérennité de cette discipline après le départ massif de ses promoteurs du pays devenu indépendant. Car, contrairement au football, et à d’autres sports du ballon ainsi que l’athlétisme ou le pugilat, jeux de boules et pétanque ne sont pas « universels ».
Ben Arous, Bouaârada ou Jérissa ainsi que Bouaouane ou Rédeyef, chaque localité pour ne pas dire chaque station de chemin de fer, avait au moins un club de jeux de boules. Tous concouraient régionalement ou nationalement, les champions représentant le pays aux joutes internationales qui regroupaient les (ex)colonies françaises.
Dextérité, sérénité et camaraderie
J’ai profité de cette occasion pour « commettre » un plaidoyer en règle en faveur de la promotion de ce jeu. Il se trouve que cet évènement s’est renouvelé encore une fois tout récemment, mais en version féminine, cette fois. Ce qui relance mon engagement pour cette cause.
J’ai eu à plusieurs reprises l’occasion d’assister à des tournois de jeu de boules dont j’apprécie à la fois la dextérité des joueurs, mais également leur sérénité et, surtout, l’ambiance très amicale et l’esprit de franche camaraderie qui règne autour des pistes. Mais ce qui plaide tout autant en faveur de ce sport, c’est la modestie des moyens à mettre en œuvre pour son exercice. Presque rien : un terrain plat pour l’aménagement de pistes parfois délimité par un simple marquage à même le sol. Et voici autant d’équipes que de rectangles tracés à s’affairer dans une saine émulation. Imaginez : des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes à travers le pays à pouvoir se rencontrer régulièrement pour des parties de plaisir sans contraintes ni risque. Et, cerise sur le gâteau, à pouvoir se mesurer à leurs semblables, dans le pays ou à l’extérieur, et même remporter des trophées qui feront rayonner leur région ou leur pays.