«Hor-I-zons», une performance marchée de l’artiste plasticien franco-tunisien Ridha Dhib a démarré le 2 mai à Paris en direction de Sousse. Faisant escale à Tunis le 8 août prochain avant de continuer à marcher jusqu’à Sousse, Ridha Dhib a entamé cette expérience qui va durer quatre mois pour illustrer d’une manière artistique et physique le trait d’union reliant la France et la Tunisie.
Muni de son smartphone, l’artiste «déplie» sa ligne d’«Hor-I-zons» sur 107 étapes. A chaque étape et à l’aide d’une application boussole en réalité augmentée pointant vers la ville de Sousse, il prend une photo de l’horizon ciblé. Il envoie aussitôt l’image à l’Institut français de Tunisie (IFT) sous forme de carte postale, et cela grâce à une autre application qui prendra en charge quotidiennement l’impression et la distribution des cartes. Elles seront exposées au fur et à mesure des envois. C’est cette série d’images qui finira par former sa ligne d’«Hor-I-zons».
Conçu en partenariat avec l’Institut français de Tunisie, le projet du plasticien Ridha Dhib «Hor-I-zons» s’articule autour de la problématique de la ligne et ses potentialités plastiques.
Expliquant sa démarche dans un communiqué adressé aux médias, Dhib déclare: «Pour ce faire, je l’expérimente (la ligne) dans son rapport au plan, au geste et au mouvement. J’explore ses résonances avec l’air et la lumière, et je sonde ses potentialités à plier, à lier et à générer des textures variées…».
Parlant du lien entre la trace d’une ligne et celle de la marche, le plasticien ajoute :
« Et comme du tracé au marché il n’y a qu’un pas, je me suis tout naturellement faufilé dans une ligne de fuite… Ce faisant, j’ai perdu mon épaisseur, je dois donc me mouvoir pour faire territoire. A partir de ce devenir, une réflexion sur la dimension mutante de la ligne s’est imposée, plus précisément, sur la transmutation numérique de la ligne et son rapport au corps. Avec ce corollaire : comment faire émerger une hybridité rythmée ? Comment « s’atelier » en marchant ? Dans cette perspective, je me suis équipé d’un smartphone — outil entre autres de captures, de traçage et d’archivage… — et je marche. Je suis tracé, donc je trace».
Né à Sousse en 1966, Ridha Dhib est diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Toulon et vit à Paris depuis 1991. La peinture fut longtemps son médium de prédilection, mais depuis une quinzaine d’années, il travaille sur une recherche plastique dont la problématique principale est de « libérer » la ligne du plan. Dans un premier temps, il s’est approprié un pistolet à colle en l’utilisant à contre-emploi : avec cet outil, il ne s’agissait plus de coller les matériaux, mais plutôt de décoller et libérer la matière. Ridha arrivera à Tunis le 8 août et continuera à marcher jusqu’à Sousse sa ville natale, où il clôturera la dernière étape de la marche avec une exposition à la galerie El Birou. Mais la performance continuera avec une exposition à l’IFT au mois de septembre 2019.
TAP