L’économie nationale est en train de subir les contrecoups des chocs sévères qui secouent l’économie mondiale : impacts négatifs de la pandémie de Covid-19, répercussions de la guerre en Ukraine et effet domino de l’odieuse agression israélienne sur la bande de Gaza.
Le pays affronte aussi les vents contraires sur le plan interne, fruit d’une décennie noire où terrorisme, contrebande, corruption et mainmise des lobbies et des hommes d’affaires véreux ont spolié le trésor public et saigné à blanc les ressources du pays. Profitant de ce contexte délétère, les bras financiers de Brettons-Wood ont essayé d’imposer au pays un programme de réformes sombres qui ne feront que noircir le tableau et exposer la Tunisie à des risques d’implosion sociale par des mesures inappropriées telles que la levée de la subvention sur les produits alimentaires de base ou sur les produits énergétiques. La fin de non-recevoir que le Chef de l’Etat a opposée à ce genre de programmes qui ont provoqué des crises par le passé, que ce soit en Tunisie ou ailleurs, a déplu aux bailleurs de fonds internationaux qui, depuis, font la fine bouche, en espérant voir notre pays courber l’échine et finir par se plier à leurs exigences empreintes de couleurs politiques et d’ingérence dans les affaires internes du pays. C’est d’ailleurs dans ce contexte économique et financier très tendu, où à l’ARP on continue de discuter du budget de l’Etat et de la loi de finances, que la Tunisie a décidé le report de la visite d’une délégation du FMI qui devait effectuer les consultations annuelles au titre de l’article IV et dont l’objectif est l’examen des performances économiques de la Tunisie.
Ce report confirme la décision souveraine de la Tunisie de compter sur ses propres ressources et mener une guerre contre les fléaux qui gangrènent son trésor public tels que le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale, la contrebande et les détournement de fonds.
Certes, en Tunisie l’Etat est pauvre, mais le pays est riche. La résilience économique du pays, malgré les chocs sévères qu’il continue de subir, est la preuve éloquente qu’il peut continuer à faire preuve de résilience, en attendant de remettre à flot ses finances et reconquérir les attributs de sa souveraineté financière. En attendant que les experts du FMI revoient leur copie, il serait plus approprié que la délégation du FMI se rende à Gaza où l’économie palestinienne est en chute rapide et brutale avec une destruction massive de son infrastructure et où le peuple palestinien connaît famine et génocide, pour proposer une aide urgente à une population en détresse. Mais cette séquence inhumaine ne semble pas inquiéter outre mesure le FMI qui tourne le dos aux Palestiniens et refuse d’accorder un prêt à l’Autorité palestinienne «tant que les Palestiniens n’auront pas d’État reconnu au plan international». Entre-temps, la Tunisie continue, malgré les difficultés, à acheminer de l’aide aux Palestiniens et à accueillir les blessés. Un pays qui manque cruellement de ressources financières mais qui a le cœur sur la main saura mieux que le plus expert des financiers du FMI comment sortir la tête de l’eau. Une tête haute sans le concours du FMI.