La mauvaise nouvelle pour nos contrebandiers est que la Libye a annoncé une imminente levée des subventions sur son carburant. Une nouvelle qui a suscité une grande inquiétude chez les trafiquants officiant sur les marchés parallèles, notamment à la frontière sud du pays. En effet, le Premier ministre du gouvernement d’union nationale, Abdelhamid Dbeiba, a assuré que le phénomène de la contrebande du carburant ne peut être éradiqué qu’en levant les subventions. Il propose de les remplacer par un transfert direct aux citoyens. Sous cet angle, Dbeiba a indiqué récemment que la moitié du budget libyen est consacrée aux subventions des carburants et a souligné, à ce titre, que les indicateurs des subventions deviennent « effrayants », tout en expliquant que l’État achète du carburant pour environ 3,5 dinars libyens (2,3 dinars tunisiens au taux de change officiel) et le vend pour 0,15 dinar libyen. La Libye perd, à cause du trafic de carburant, au moins 750 millions de dollars (2,3 milliards de dinar tunisien) par an, alors que les subventions allouées ont atteint plus de 12 milliards de dollars (37,6 milliards de dinars tunisiens) en 2022, soit une augmentation de 71,4% par rapport à 2021, selon les données officielles.
Une décision qu’on peut comparer à une boîte de Pandore du côté tunisien vu les problèmes sociaux que cela pourrait générer dans le Sud de la Tunisie et dans les régions frontalières précisément. A Ben Guerdane, Gabès, Médenine et Tataouine, le taux de pauvreté atteint les 17,8%, tandis que le taux de chômage se situe à 24,8%, selon les dernières données de l’Institut national de la statistique. Des régions qui « vivent » carrément et malheureusement de cette contrebande, profitant du prix de l’essence très bas et hyper-subventionné par la Libye. Une stabilité sociale précaire somme toute. Au-delà de cette donnée sociale importante, tous les Tunisiens qui se fournissaient auparavant en carburant de contrebande vont retourner à la pompe « officielle ». Résultats des courses : la Tunisie devra augmenter ses importations énergétiques et faire grimper ainsi sa facture. Même si certains pensent que pour réaliser l’unité économique du Maghreb, il faut éliminer la contrebande, en espérant que le voisin algérien adoptera la même décision que la Libye, la Tunisie est appelée à réunir ses états généraux économiques pour trouver une solution à un éventuel mécontentement social dans les régions frontalières.