Accueil Culture Propos festivaliers : Musique d’hier, musique d’aujourd’hui

Propos festivaliers : Musique d’hier, musique d’aujourd’hui

Avant la reprise des festivals d’été, interrompus par le deuil national de 7 jours observé suite au décès du président de la République Béji Caïd Essebsi, retour sur deux soirées qui ont eu lieu au festival de Carthage et de Hammamet. Deux soirées qui ont souligné une vision qui s’ouvre sur la nouvelle scène musicale tout en s’inscrivant dans la reconnaissance de celles qui font partie désormais de notre patrimoine. Soirée hommage à Naâma au festival international de Hammamet et Zied Zouari, Lina Ben Ali et Nidhal Yahyaoui à Carthage

Miser sur les jeunes artistes tunisiens et s’ouvrir sur l’expérimentation musicale sont un pari hasardeux que peu de festivals tunisiens risquent de faire eu égard à l’impératif des équilibres financiers qui pèsent lourdement sur toutes les manifestations culturelles. Malgré cette grande contrainte, le Festival international de Carthage (FIC) a choisi de s’aventurer sur ce sentier en partant de ses propres valeurs et en tant qu’incubateur des talents les plus remarquables et de plateforme idoine à partir de laquelle plusieurs grandes stars ont pris leur envol.
Le FIC dans sa 55e édition a voulu démontrer que la programmation des jeunes artistes tunisiens au théâtre romain de Carthage est un investissement réel dont les bénéfices sont immédiats. En témoigne la soirée du mardi 23 juillet avec la participation de Zied Zouari, Nidhal Yahiaoui et Lina Ben Ali qui ont assuré tous les trois une soirée spéciale au grand bonheur de leurs fans venus nombreux les encourager.
La soirée a débuté avec la jeune Lina Ben Ali, connue par sa puissante et voluptueuse voix et ses interprétations des tubes célébrissimes. Durant quarante minutes, Lina a offert à son public «Shallow» de Lady Gaga, la chanson thème du film «A Star Is Born», sortie en 2018 en enchaînant par la suite avec «Rehab», une chanson écrite et interprétée par Amy Winehouse dans son second album studio «Back to Black», sorti en octobre 2006 avant de se lancer dans l’interprétation d’autres tubes de Withney Houston, Anastasia et tant d’autres grands artistes étrangers.
Lina a par ailleurs chanté des titres de son tout nouvel album qui ont fait vibrer les gradins de Carthage.
La deuxième partie de la soirée a été consacrée à l’artiste violoniste Zied Zouari qui a émerveillé ses fans par des sonorités qui lui sont propres et surpris le public qui le découvre pour la première fois par l’originalité de sa démarche artistique et son audace de créateur authentique. Avec son spectacle «Electro Btayhi», Zied Zouari a prouvé sur la scène de l’amphithéâtre de Carthage que le patrimoine musical tunisien est un immense réservoir d’inspiration et peut être à jamais immortalisé si les artistes lui accordent l’intérêt dont il a besoin. Avec des instruments occidentaux et très anciens dont le Didgeridoo, Zied Zouari a réussi un métissage d’une extrême finesse entre plusieurs styles de musiques. Avec son violon et avec la participation de ses enfants Taamim et Tarak au violon et à la guitare, Zied a revisité le patrimoine tunisien avec une approche très moderne qui fusionne l’électronique au pop et au hip hop dans un mélange très réussi.
Et ce fut à Nidhal Yahiaoui d’assurer la troisième et dernière partie de la soirée avec son nouveau projet «Chaouia», une reprise de chansons populaires très anciennes du nord-ouest tunisien dont il est originaire et présenté dans un style nouveau qui s’apparente à la pop music et ses rythmes endiablés, avec un spectacle qui restitue le patrimoine authentiquement tunisien sans la moindre altération.
De «Sag najak sag» «Chaouia», «Lasmar Khouya» à «Al Naoua», Nidhal a survolé tout un pan de l’histoire en offrant au public des moments de joie et de grand bonheur.
Une soirée avec la Diva
La veille de la fête de la République, le festival international de Hammamet a choisi de célébrer la Tunisie via sa première ambassadrice, la grande Naâma, et à travers elle, la chanson tunisienne pure et authentique.
La présence de Mme Naâma, ce soir du 24 juillet sur la scène du théâtre de Hammamet, a ajouté une émotion particulière à la soirée, tout en charme et en beauté. Elle était entourée des plus belles voix, toutes générations confondues : Soulaf, Mohsen Errayess, Noureddine El Béji, Abdelwahab Hannachi, Leila Hjaiej, Nawel Ghachem, Aya Daghnouj, Rakia Nasser, Foued Echeikh, Houssem Zaghdane, Sofiane Zaidi, et le compositeur et violoniste Béchir Salmi.
La soirée a été présentée et commentée par l’historien Abdul Sattar Amamou, qui a évoqué le parcours de Naâma depuis son départ de son village d’Azmour, son arrivée à la capitale et son intégration à la Rachidiya.
La narration de ce parcours riche en rencontres et en chansons a été ponctuée par l’interprétation fort réussie de son répertoire par les artistes guests.
L’Ensemble national de musique, dirigé par le maestro Mohamed Al-Aswad, a assuré l’exécution musicale de cet hommage qui a été retransmis en direct par la télévision nationale 1, agrémenté par des documents d’archives des début de Naâma projetés sur grand écran.
Des adwars classiques tels que «Harramtou Bick Nouassi», aux chansons plus légères comme «Howa lasmar» — «Om El Qad Tawil» – «Zine essahra» – «Habibiya Ghali» – «twassamet fik el khir» et autres aux duos comme «Finak ya Ghali» que le public réclamait et chantait en chœur.
Emportés par la musique et la danse, on acclamait notre Naâma nationale qui intervenait de temps à autre, racontait des anecdotes, et exprimait sa joie au public.
Naâma a tenu à raconter certaines de ses chansons interprétées dans différentes occasions et concerts à l’étranger et elle interagissait avec tous les chanteurs qui interprétaient ses chansons avec une voix que les années n’ont pas pu altérer.
La soirée, à laquelle ont assisté le ministre des Affaires culturelles et un grand nombre de spectateurs, a prouvé une fois de plus que la chanson tunisienne occupe une place de choix dans le cœur des Tunisiens.
La soirée hommage à la grande Naâma a été une rencontre familiale intime entre la Diva et ses fans, venus de différentes villes tunisiennes, qui ont chanté avec elle et qui ont échangé spontanément et en toute simplicité jusqu’à tard dans la nuit
S.R.

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