L’intelligence artificielle « IA » fait à la fois peur et rêver. Elle évoque des images d’un futur entièrement aux mains des robots et machines, tour à tour inquiétant ou porteur d’espoir. L’IA connaît déjà de nombreuses applications concrètes dans tous les secteurs et touchera à plus ou moins court terme tous les aspects de notre vie. Faut-il avoir peur du développement exponentiel de l’IA ou, au contraire, se féliciter des avancées dans ce domaine ?
L’intelligence artificielle offre aujourd’hui de nouvelles perspectives aux entreprises. En Tunisie, comme dans le reste du monde, la course aux données (big data) est lancée et leur exploitation crée de nombreuses opportunités. Toutefois, les répercussions sur le marché de l’emploi et la vie privée de chacun posent des questions qui demeurent parfois sans réponse. L’IA inquiète, car, par définition, elle consiste à déléguer une part du processus décisionnel aux machines et autres algorithmes. Pour ses défenseurs, l’IA est au contraire un formidable outil qui peut guider vers des choix plus rationnels et pertinents grâce à une puissance de calcul et d’analyse des données aujourd’hui quasi illimitées. Autre crainte, la perte d’emplois et l’apparition de nouveaux métiers autour de la programmation et du big data.
Défis éthiques et sociaux
L’IA, en définissant des emplois et des secteurs entiers, soulève des défis éthiques et sociaux. La protection de la vie privée, les droits d’auteur et l’impact sur l’emploi sont au cœur des préoccupations. Il y a un besoin urgent de repenser la manière dont les gains de productivité sont partagés et de trouver un équilibre entre automatisation et préservation des emplois. L’intégration de l’IA dans le monde du travail est une révolution complexe et multidimensionnelle. Elle offre des possibilités d’innovation et d’efficacité, mais soulève également des questions profondes sur la nature du travail, la valeur de l’expertise humaine et les droits des travailleurs dans l’ère numérique. L’intelligence artificielle a rapidement évolué et s’est répandue dans de nombreux secteurs économiques. En Tunisie, cette technologie émergente suscite un intérêt croissant, alors que le pays cherche à saisir les opportunités qu’elle offre tout en se préparant aux défis qu’elle pose. Avec l’avènement de l’IA, de nombreuses préoccupations émergent quant à son impact sur l’emploi. L’introduction de cette technologie et ses conséquences potentielles suscitent beaucoup d’inquiétude dans le marché du travail. Bien que l’IA puisse améliorer la productivité et la qualité du travail dans certains secteurs, elle peut également entraîner des suppressions d’emplois. Les études internationales prévoient que l’IA pourrait supprimer jusqu’à 7,2 millions d’emplois dans le secteur financier aux Etats-Unis d’ici 2025, et que jusqu’à 800 millions d’emplois pourraient être éliminés d’ici 2030 à l’échelle mondiale. Une étude de l’Université d’Oxford conclut même que 47 % des emplois aux Etats-Unis pourraient être automatisés d’ici 2033.
Maîtriser et développer l’IA au sein des entreprises
Le fulgurant avènement de l’intelligence artificielle a suscité un flot ininterrompu d’interrogations quant à son impact présumé sur le marché de l’emploi. Dans les cercles académiques et les sphères professionnelles, les débats alimentent à la fois craintes et espoirs quant à l’avenir des travailleurs. Il est indéniable que l’IA, avec sa capacité à analyser des données massives et à exécuter des tâches complexes, a déjà commencé à remodeler les contours du monde du travail, et ce, de manière significative. Les évolutions technologiques, bien que porteuses d’efficacité et de productivité accrues, créent un climat d’incertitude pour ceux dont les emplois sont menacés. «Près de la moitié des emplois dans les pays industrialisés sont à risque de numérisation et d’automatisation», selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde).
Toutefois, l’avènement de l’IA ne se résume pas à une simple substitution des travailleurs humains par des machines. En réalité, il donne également naissance à de nouvelles opportunités et à des emplois émergents. L’IA nécessite des compétences spécialisées pour son développement, sa mise en œuvre et sa gestion. Par conséquent, de nouveaux emplois sont créés dans des domaines, tels que l’apprentissage automatique, l’analyse de données, l’ingénierie de l’IA, la robotique et d’autres secteurs connexes.
D’ailleurs, le bureau d’études pluridisciplinaire IDC prévoit, dans une étude qu’il vient de publier que, d’ici 2025, l’IA et l’automatisation contribueront à la création de 12 millions d’emplois dans le monde. Cependant, il est impératif que les individus et les sociétés s’adaptent à ce changement de paradigme. L’IA peut stimuler la croissance économique en favorisant l’innovation, en améliorant l’efficacité des entreprises et en ouvrant de nouveaux marchés. Cependant, il est important de noter que la transition vers une économie alimentée par l’IA nécessite également des efforts pour former et reconvertir la main-d’œuvre afin de saisir ces nouvelles opportunités d’emploi. Alors que les marchés du travail dans le monde nourrissent de plus en plus les craintes autour de l’intelligence artificielle et son impact sur l’emploi, l’Organisation internationale du travail rassure. Dans une étude dédiée, l’organisme onusien estime que l’Open IA créera plus d’emplois qu’elle n’en détruira. Il suggère que la plupart des emplois et des industries ne sont que partiellement exposés à l’automatisation. L’impact le plus important de cette technologie ne sera probablement pas la destruction d’emplois, mais plutôt les changements potentiels de la qualité de ces derniers, notamment l’intensité du travail et l’autonomie.
Quel apport de l’IA pour la Tunisie ?
La Tunisie a rapidement adopté cette technologie pour stimuler sa croissance économique et améliorer sa compétitivité sur la scène mondiale. Les entreprises tunisiennes reconnaissent de plus en plus les avantages de l’IA, notamment en termes d’efficacité opérationnelle, d’automatisation des processus, de prise de décision éclairée et d’innovation. Le marché de l’emploi tunisien voit ainsi émerger de nouvelles opportunités dans le domaine de l’IA. Des postes, tels que les ingénieurs en IA, les scientifiques de données, les développeurs d’applications d’IA, les experts en apprentissage automatique et les spécialistes en analyse de données sont en forte demande. Ces métiers d’avenir offrent des perspectives prometteuses pour les jeunes talents tunisiens désireux de se lancer dans des carrières à la pointe de la technologie. Cependant, bien que l’IA apporte de nombreuses opportunités, elle pose également des défis en matière de compétences et de formation. Les professionnels doivent acquérir des connaissances spécialisées pour relever les défis uniques posés par l’IA, et il est essentiel que le système éducatif tunisien s’adapte pour former une main-d’œuvre qualifiée et compétente dans ce domaine.
A l’évidence, l’intelligence artificielle transforme rapidement les métiers d’avenir et offre des perspectives passionnantes pour la Tunisie. L’adoption croissante de l’IA dans les entreprises tunisiennes crée une demande croissante de professionnels qualifiés, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère de prospérité économique et d’innovation.
L’experte de la Diaspora, Lobna Karoui, relève que la Tunisie est parmi les pays leaders en Stratégie IA. Elle occupe la 4e position en Afrique. Elle a mis en place depuis 2018 des programmes d’intelligence artificielle pour permettre aux entreprises industrielles de renforcer leur compétitivité. En février 2022, quatre ministères se sont associés pour établir la stratégie nationale d’intelligence artificielle qui touche aux domaines du transport, de la santé et de l’éducation.
Et d’affirmer que «la Tunisie manque fortement d’investissements pour accélérer l’adoption de l’IA et devra développer un Framework avec le milieu industriel et international ». Pour elle, « il est aussi crucial de développer les compétences IA en s’appuyant sur la Diaspora en Technologie. A l’aube de la révolution des IA créatrices, nul ne doit souffrir de pauvreté digitale ».
L’experte souligne, par ailleurs, que la Tunisie, classée seconde mondialement avec 37% de ses jeunes en filières Stem (Science, de la Technologie, de l’Ingénierie et des Mathématiques), a toutes ses chances pour développer un pool de talents innovants et développant des solutions à l’échelle pour des problématiques du pays et du continent africain.