Bredouilles, nous sommes rentrés de cette dernière coupe d’Afrique qui se déroule en Côte d’Ivoire. Cuisante est cette défaite de notre onze national à la CAN sur un continent africain qui est devenu l’écran du monde entier. Le football tunisien a encore échoué à placer notre pays sur l’échiquier géopolitique du sport. Tout un pays a passé une nuit de frustration qu’il n’est pas près d’oublier à chaque fois qu’il entend le mots « Aigles de Carthage ». Perdre un match et ne pas aller jusqu’au bout, cela peut arriver à toutes les équipes, mais jouer avec une telle désinvolture dans le profond déni du maillot national, ne jamais fournir le moindre effort pour s’imposer devant des équipes somme toute modestes était le constat de tout Tunisien qu’on rencontre dans la rue le lendemain du match. Cela a eu l’effet d’un trauma… Le titre de La Presse du 25 janvier résumait parfaitement la situation : il n’y avait « ni tête, ni cœur, ni jambes ».
Il est temps de reprendre notre sport en main car ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire n’est que le reflet de ces secrets de Polichinelle du sport en Tunisie, à savoir la corruption, les coups bas, les accointances et la sélection des joueurs pas sur le mérite mais sur la superficie financière de leurs parents. Sauf que dans le sport, tout se voit sur les écrans du monde le jour J. Tout comme dans le cinéma : ce qu’on investit dans la production rejaillit sur le travail final projeté au grand public. Faut-il rappeler que nous sommes entrés dans cette coupe avec un président de la fédération de football sous les verrous, soupçonné de malversations et de corruption. Même si l’enquête est encore en cours, quelle mauvaise presse pour notre football !
Force est de croire aussi qu’il n’y a pas de politique du sport en Tunisie, surtout pour le onze national où tout le monde agit à sa guise sans aucune autorité qui impose la discipline. La preuve, c’est que les joueurs tunisiens sont les plus faibles physiquement, ils ont à peine une mi-temps dans les jambes. Aucune autorité non plus pour virer un joueur de l’équipe nationale fêtard et amateur de narguilé. On croit même savoir que pour certains joueurs, on réserve des séances d’entraînement « light » parce qu’ils ont fait la fête le soir précédent. Ça c’est pour la discipline. Pour la politique du sport, le tableau est aussi sombre car les compétitions tunisiennes ne sont plus valorisées, les clubs sont endettés et les dirigeants vulnérables. Il n’y a plus de dirigeants qui flairent et ramènent les « foudres de guerre » dans ce sport.
Mais l’équipe nationale a toujours eu les moyens. Alors, pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi sommes-nous condamnés à gérer des sportifs surpayés et fatigués ? Le fait est qu’il y a un problème de démission totale avec des joueurs qui sont surestimés par le public et par des dirigeants faibles, et cela leur donne un sentiment d’impunité. Il est temps d’instaurer une véritable politique du sport basée sur le mérite, l’honnêteté et la discipline… Pour une fois, il ne s’agit pas d’une question de moyens.