La sortie peu glorieuse de l’équipe de Tunisie de la Coupe d’Afrique risque de l’enfoncer dans les ténèbres d’une longue traversée du désert et de lendemains qui déchantent.
Nous avions eu raison d’écrire dans ces mêmes colonnes que ce troisième match décisif contre l’Afrique du Sud pour la qualification au second tour serait suivi par le public tunisien avec la main sur le cœur. Rien n’augurait, en effet, d’une progression et d’une montée en puissance d’une équipe en panne d’arguments sur les trois plans, physique, technique et tactique dès le premier match contre une Namibie. Le match nul contre le Mali, malgré un léger mieux, n’avait fait que retarder l’échéance de l’élimination même s’il a laissé la porte entrouverte face aux Sud-Africains à une possible réhabilitation. Ce miracle n’a pas eu lieu. Au lieu d’un match plein et intense, d’une performance exceptionnelle qui auraient fait rentrer les Aigles de Carthage dans les cœurs de leurs fans, ces derniers n’ont pas eu droit à ce moment de bonheur, mais à une nouvelle et cruelle déception. Jalel Kadri et sa bande se sont contentés d’un point finalement grappillé pour rien. Ils n’ont pas répondu présent, alors que tous les feux et tous les regards étaient tournés et braqués sur eux.
Ombres et pas de lumière
On cherchera longtemps à comprendre pourquoi le sélectionneur tunisien n’a pas réussi à galvaniser suffisamment sa troupe et à installer un esprit commando pour ce match de survie. On s’interrogera longuement pourquoi il n’a pas appuyé fort sur l’accélérateur avec un rythme endiablé dès le départ et n’a pas exercé sur les Bafana Bafana, qui avaient joué plus pour ne pas perdre que pour gagner, le pressing haut et infernal qui s’imposait. On regrettera profondément que notre team national a eu une approche timide des buts adverses (deux tirs cadrés) et des essais sporadiques qui n’ont pas donné des occasions nettes et a fait passer 90 minutes plutôt tranquilles au gardien Williams. Lui qui s’était préparé, à n’en pas douter, à un déluge de frappes variées et puissantes et n’avait jamais imaginé qu’il s’en sortirait avec seulement quelques petites égratignures. On ne finira pas de chercher des réponses à l’obstination de Jalel Kadri à faire les mauvais changements poste par poste à 20 minutes de la fin (Msakni, Ltaief, Sliti, Jouini puis Ben Romdhane à la place de Ben Slimane, Achouri, Jaziri et Skhiri) au moment où il devait abattre toutes ses cartes et jokers et jouer son va-tout offensif. Tunisie-Afrique du Sud a été le troisième 0-0 de la soirée de cette CAN avec celui de Mali-Namibie et de Tanzanie-RD Congo en 36 rencontres de la première phase et ça résume presque tout.
Détresse plus que tristesse
Elle est où la responsabilité de cet échec cuisant ? Celle d’un sélectionneur qui peut se plaindre de ne pas avoir sous la main le groupe idéal, des joueurs au talent étincelant qui font les grands entraîneurs ? Celle des joueurs qui ne sont pas tellement mauvais au niveau qualité individuelle et valeur intrinsèque mais qui se lamentent de ne pas avoir un entraîneur de grand calibre avec un grand vécu, d’un vrai meneur d’hommes qui peut être maître des vestiaires pour leur dire leurs quatre vérités quand ça ne marche pas et de mieux gérer un match ? Jalel Kadri, qui a parlé de contrat à objectifs avec la Fédération, aurait dû quitter la sélection après la Coupe du monde 2022 au Qatar pour avoir échoué de passer au second tour. Il a tout fait pour rester en place pour cette CAN 2023 avec l’ambition que ce tournoi va le révéler au monde. Il a fait un mauvais calcul et écrit non pas l’histoire mais l’une des pages les plus tristes de notre football. Ceux qui ont milité pour le faire venir, et ne l’ont pas fait démissionner ou limoger à temps, ont aussi une grosse part de responsabilité à assumer dans ce déclin.