Il est surtout difficile de résister à l’odeur des bambalounis qui s’échappe de la plus ancienne boutique du village et qui vient nous chatouiller délicieusement les narines.
A chaque fois, le même charme opère lorsqu’on se rend à Sidi Bou Saïd. Il est difficile, en effet, de résister à l’atmosphère enchanteresse dans laquelle baigne le village et à l’attrait des coquettes maisons peintes en blanc et bleu qui jalonnent les allées pavées et au détour desquelles se dévoile une vue magnifique sur le port situé en contrebas.
Mais il est surtout difficile de résister à l’odeur des bambalounis qui s’échappe de la plus ancienne boutique du village et qui vient nous chatouiller délicieusement les narines. Ces succulents beignets frits qui titillent joyeusement nos papilles portent allègrement leurs 92 ans. C’est en 1932 que la boutique a ouvert ses portes dans le village de Sidi Bou Saïd. Les premiers propriétaires, Mohamed Changoul et Mohamed El Hakim, deux cousins originaires de Ghomrassen, arrivent dans ce village, qui s’appelait à cette époque Jebel El Mana, avec une délicieuse recette de beignets dans leur baluchon. Ils sont loin de se douter que ces petites douceurs préparées avec amour dans l’arrière-boutique vont faire fureur et s’arracher comme des petits pains. Débarquant de leur village, ils apprennent le métier, dès leur jeune âge, auprès des Siciliens de La Goulette et maîtrisent très vite la préparation des fameux beignets italiens saupoudrés de sucre.
Une recette revisitée
Décidant alors de voler de leurs propres ailes, ils s’installent à Sidi Bou Saïd où ils revisitent avec passion la recette qu’ils réaménagent en s’inspirant d’une délicieuse spécialité locale: la ftira tunisienne. Le bambalouni inspiré du nom du beignet italien «bombolino» est né. La recette est transmise de père en fils. Taoufik El Hakim en apprend le secret en passant toutes ses vacances dans l’arrière-boutique à observer son père, malaxer longuement la pâte jusqu’a ce qu’elle devienne souple. « Il faut avoir de la passion pour ce métier qui n’est pas facile, sinon on ne peut pas réussir à faire de délicieux bambalounis, raconte le quinquagénaire. C’est à l’âge de 19 ans que j’ai commencé à apprendre le métier avec mon père. Mais c’est depuis tout petit que je l’observe dans son arrière-boutique, travaillant avec passion la pâte pour en faire de délicieux beignets. Il m’a fallu cinq ans pour apprendre à maîtriser parfaitement la réalisation des bambalounis». La relève sera-t-elle assurée un jour ? Non, selon l’artisan qui a décidé de ne pas transmettre le flambeau à ses enfants. «Cela ne veut pas dire que la boutique fermera. Il n’est pas question de priver les habitants et les visiteurs de nos délicieux bambalounis».