Nos technopôles, déjà créés pour mettre en synergie l’idée et son projet dans un climat d’investissement innovant, ont du mal, semble-t-il, à accomplir leur mission. Ce qui suppose que projets de recherche et plans du développement ne vont pas de pair.
Pas plus tard que la semaine dernière, le premier prix de la meilleure recherche scientifique féminine 2022-2023 a été attribué à un projet réalisé en matière d’adaptation aux changements climatiques. Deux ans plus tôt, ce même prix était, alors, remis à un exploit médical en neurologie. Soit, autant de prouesses dont on est fier et qui feraient, certes, l’histoire de nos compétences tunisiennes, femmes et hommes à part entière.
Cela est, indéniablement, évident. Le pays regorge, à n’en point douter, de têtes bien faites et un capital humain d’un esprit fin, en mesure, si volonté et moyens il y a, de passer le cap et sortir de l’ordinaire, afin de se faire une place au soleil. Ainsi, le succès de nos chercheurs peut être la clé de voûte du développement local, sauf si leurs œuvres scientifiques et projets de recherche ne soient laissés traîner dans les tiroirs des laboratoires de nos universités.
Banque de projets cadenassée !
Nos technopôles, déjà créés pour mettre en synergie l’idée et son projet dans un climat d’investissement innovant, ont du mal, semble-t-il, à accomplir cette mission. Leur rôle défaillant incomberait aux divergences de choix et des problématiques du développement aux antipodes des solutions technologiques innovantes proposées.
Et le Parc scientifique et technologique de Borj Cédria fait le constat de l’état actuel des choses. Ce temple de formation et de recherche-développement ne date pas d’aujourd’hui, il remonte au début des années 80, où il existait sous son nom d’antan «centre de Borj Cédria». Plus de 40 ans déjà, l’on n’en sait plus rien. Soit un fleuron dans l’ombre ! Tout comme une perle précieuse perdue sur les côtes d’un pays sous-développé qui n’a, guère, peiné à la retrouver. C’en est bien l’image ! Pourtant, la lauréate du premier prix portant sur la recherche dans le domaine d’adaptation aux changements climatiques fait partie de son corps enseignant. Honorée, tout récemment, par la ministre de la Femme, son projet consiste en le traitement agronomique des semences résilientes aux aléas du climat.
Pourquoi, alors, ne fait-on pas la part belle à pareil pôle du savoir? Et pourquoi une telle banque d’outils et d’idées de projets n’a-t-elle pas été exploitée à bon escient dans la résolution des problématiques prioritaires ? En fait, les énergies renouvelables, la gestion de l’eau, la biotechnologie végétale, la pollution, la valorisation des déchets, l’agriculture biologique et bien d’autres sont autant de thématiques pouvant relever les défis de l’environnement et gagner les enjeux du développement durable.
Chercheurs et industriels font bon ménage !
Mais tout cela a toujours été au centre d’intérêt du technopôle de Borj Cédria (TBC), sans avoir jusque-là porté tous ses fruits. Sauf qu’un trésor de brevets d’innovation et de vraies boîtes à idées qui risque, si rien n’y fait, de partir en éclats. Qu’en est-il au juste ? Bâti sur un terrain de 90 hectares, le TBC présente un potentiel académique riche en expérience en matière de formation et de recherche-développement. En 2015, il comptait quelque 400 chercheurs sur place auxquels se sont joints des universitaires, dispensant, ensemble, une formation professionnalisante assez poussée. Une telle cohabitation dans un espace industriel fait, alors, bon ménage
Ce n’est que ces dernières années que l’Ecopark de Borj Cédria s’est lancé dans des actions de promotion, afin de sensibiliser sur son patrimoine, son potentiel et sur les services divers qu’il propose à ses clients, à ses promoteurs et à ses start-up. Sa stratégie de communication a pris, faut-il le dire, une nouvelle forme sous le signe de «l’innovation intégrée». Faute de moyens, le technopôle a du mal à se faire vendre.
Cependant, l’objectif est primordial : faire de ce parc un vivier technologique rayonnant au niveau aussi bien national qu’international. C’est que la pépinière des promoteurs y hébergée, la zone industrielle in situ ou celle aménagée à Bouargoub basée à une vingtaine de km de Borj Cédria devraient mieux s’investir de cette mission. En dépit de ses moyens de bord limités, le TBC est parvenu, bon an mal an, à répondre aux besoins de l’industrie. Banalisés, plusieurs projets de recherche, bien que finalisés, sont hélas restés lettre morte. Pourquoi ces alternatives technologiques apportées à de vrais problèmes d’actualité n’ont-elles pas été prises au sérieux ?