Faisant partie des plus anciens monuments du patrimoine urbain de la Ville de Tunis, la piscine du Belvédère a connu des années fastes avant de tomber dans l’oubli. Son histoire est riche des belles soirées musicales qu’elle a abritées et des tournois sportifs qu’elle a accueillis.
Nichée au sein du plus grand parc de la Ville de Tunis, la piscine du Belvédère est un des plus anciens joyaux urbains du centre-ville. C’est grâce à la récente intervention du Président de la République qui a mobilisé l’Armée nationale pour engager des travaux de réparation urgents que ce monument, tombé en désuétude, va pouvoir enfin retrouver ses lettres de noblesse.
Ce bassin réalisé dans les années trente pendant le protectorat français et auquel on accède par un grand portail en fer, a été construit dans le pur style Art Déco, un mouvement artistique et une tendance architecturale en plein essor à cette époque en Europe qui se caractérise par la construction de blocs aux lignes symétriques et épurées.
Espace de détente et de loisirs, la piscine devient un haut lieu de rencontre de l’aristocratie tunisoise et occidentale résidentes en Tunisie et acquiert également une dimension sportive en accueillant, pendant plusieurs années, différents types de compétitions nautiques : pongistes, waterpolo….On y passe l’après-midi à siroter du thé ou du café et à observer les différents tournois qui s’y déroulent. Des spectacles et des soirées musicales y sont, par ailleurs, organisés également apportant une touche de magie à ce bassin.
Reléguée au second plan, la piscine tombe progressivement dans l’oubli
Au début de l’Indépendance, cette piscine, qui est la première à avoir été construite en Tunisie, va accueillir la première équipe nationale de natation qui vient s’y entraîner pour se préparer aux Jeux panarabes de 1957 qui se déroulent à Beyrouth. Elle n’est pas seulement ouverte aux sportifs de haut niveau mais accueille également des jeunes des quartiers et des faubourgs qui viennent s’y baigner, profitant ainsi de la fraîcheur de l’eau en été. « Je me rappelle qu’on adorait y aller, mes frères et moi, quand j’étais petit, raconte T.B, un sexagénaire habitant l’un des faubourgs de Tunis. On payait un ticket d’entrée qui n’était pas cher à l’époque et on devait se rendre obligatoirement aux douches avant d’aller nous baigner. Et il fallait être muni obligatoirement de son maillot de bain sinon nous n’avions pas le droit de nager. Tous les enfants des quartiers et des faubourgs de Tunis s’y baignaient, il ya cinquante ans. Les plongeoirs étaient l’attraction principale. Quant à la répartition des horaires d’entraînement pour les sportifs et ceux réservés au grand public, elle était très bien organisée. C’était la belle époque ». Au milieu des années 60, la réalisation de la Cité Olympique d’El Menzah, qui est dotée d’une grande piscine olympique, va reléguer la piscine du Belvédère au second plan. Elle perd sa dimension sportive et continue à abriter juste des soirées jusqu’à ce qu’elle tombe dans l’oubli pendant près d’un demi-siècle. Bien que des voix nostalgiques se soient élevées plusieurs fois appelant à la réhabilitation de ce monument du patrimoine qui n’a cessé de se dégrader au fil des années, il n’y a pas eu de réelle initiative visant à engager d’importants travaux de rénovation pour restaurer ce bassin après sa fermeture en 2004. La récente prise de position du Président de la République devra lui permettre de retrouver son aura d’antan.