En dépit de son parcours honorable, on veut bizarrement le laisser partir !
Le bon mondial réalisé récemment par le sept national des juniors au Mondial d’Espagne, on en parle encore, avec autant de satisfaction que de fierté. Au milieu de cette euphorie qui a touché toutes les composantes du handball tunisien, un homme, un seul homme n’a pas cédé au triomphalisme, en restant calme, humble et les pieds sur terre. Il s’agit de l’entraîneur de cette sélection Mohamed Ali Sghir. «Cet exploit, lance-t-il, ce n’est pas le mien. Il est plutôt l’aboutissement et la récompense du travail colossal déployé par les entraîneurs des clubs. Ce sont eux qui ont érigé le socle et les fondements, et moi, je n’ai fait qu’apporter une pierre à l’édifice».
Etonnante modestie d’un technicien vacciné contre le virus de la folie des grandeurs qu’attrapent beaucoup de ses collègues. «Personnellement, explique-t-il, j’ai toujours cette conviction que rien ne vaut le travail collégial basé sur l’entente et la complémentarité et que, tout seul, aucun sélectionneur au monde ne peut réussir».
Le soldat MAS
Qu’a fait Mohamed Ali en Espagne pour atteindre la 7e place mondiale ? «Ecoutez, répond-il, je n’ai pas une baguette magique.
Ce que j’ai fait là-bas consiste tout simplement à maintenir la pression sur mes poulains, en leur répétant, à l’infini, qu’ils sont capables d’aller loin, pourvu qu’ils y croient, car ils ont plein de qualités et de riches potentialités. D’ailleurs, je demeure persuadé que n’eût été notre maigre préparation du Mondial, on aurait pu aisément terminer dans le carré d’as. L’Egypte, par exemple, a décroché la 3e place parce qu’elle était avantagée par une longue et fructueuse préparation en Europe. De toute façon, il est réconfortant de constater que la matière première ne nous manque pas et c’est au moins ça de gagné. D’où la nécessité de voir toutes les parties concernées œuvrer de concert et mettre le paquet pour permettre à cette belle et prometteuse génération de joueurs de progresser et de voler encore plus haut. Il y va de l’avenir de notre handball».
Venant d’un entraîneur qui a fait du travail avec les jeunes son terrain de prédilection, le message sera, à coup sûr, reçu 5 sur 5. C’est que, dans cette spécialité, Mohamed Ali, de l’avis unanime des connaisseurs, est l’un des meilleurs. La fameuse génération de 2005, c’était lui. Celle qui l’a suivie, c’était lui aussi. Et celle de l’actuelle sélection des seniors, c’est encore lui. Recordman des participations aux championnats du monde (8) et aux championnats d’Afrique des nations (8), il est surnommé «le soldat MAS» qui ne rechigne jamais au sacrifice, nourri qu’il est d’une étonnante loyauté qui fait que dès qu’on fait appel à lui, il est là, sans conditions. Or, le plus bizarre est que la Fthb semble, aux dernières nouvelles, prête à le laisser partir suite aux offres qui ne cessent de pleuvoir sur lui. «Certes, précise-t-il, j’ai reçu beaucoup d’offres, ces jours-ci. Mais je n’ai pas manifesté mon désir de rendre le tablier». La précision faite peut-on en conclure que cet homme est devenu pour une raison ou une autre indésirable? Sa réussite providentielle dérange-t-elle à ce point?
Mohsen ZRIBI