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Bijoux anciens et modernes : L’éclat de l’argent

 

Le bijou exalte la beauté féminine et révèle son rang social dans certaines régions.

Dans les entrelacs des souks de Tunis, dont l’origine remonte à l’époque hafside, mais aussi au cœur des médinas de Sfax, de Moknine et de Djerba, des orfèvres… martèlent, cisèlent, torsadent et repoussent depuis des siècles de somptueux bijoux d’argent massif.
Ces bijoux, dont l’origine quelquefois se perd dans la nuit des temps, accompagnent et exaltent la parure féminine.
Bijoux réalisés par les artisans des villes, ils sont portés, traditionnellement, par les femmes des campagnes. La citadine, quant à elle, préfère l’or à l’argent. La rurale y voit une valeur refuge, mais aussi l’héritage de symboles millénaires.
Car le bijou n’est pas innocent : il véhicule un message et a souvent une fonction : repousser le mauvais œil, conjurer les maléfices, assurer la bonne fortune. Ce qui explique la profusion de signes prophylactiques dans son ornementation : poissons, mains de Fatma, piments, scarabées, signe de Tanit, étoiles et croissants, mais aussi inclusions de coraux, de coquillages de pierres semi-précieuses aux différentes vertus.
Bracelets, colliers, temporaux, bijoux de tête, boucles d’oreilles, ceintures, parures de poitrine varient au gré des régions et des influences diverses. Parmi les plus anciens, et les plus fidèlement liés à l’histoire du costume tunisien, on peut certainement citer le «kholkhal» ou bracelet de cheville et la fibule.
L’antiquité déjà connaissait le «kholkhal», et sa forme n’a pas sensiblement changé. Offert à la jeune femme au jour de ses noces, il consacre son statut d’épouse. S’il disparaît aujourd’hui de l’usage quotidien, encore qu’il ne soit pas rare de voir la femme rurale drapée dans sa «mélia» continuer de l’arborer, il reste un bijou de fête et de cérémonie.
Seule concession à une vie pratique, on adopte plus facilement le «kholkhal» creux, plus léger que le massif, même si celui-ci est caractéristique de certaines régions.
La fibule, elle aussi, est liée au costume drapé, et remonte à la nuit des temps. Ronde, triangulaire ou en croissant, la fibule à ardillon s’accompagne d’une chaîne à anneaux plats. Elle continuera de vivre dans son usage premier, car si elle se fait plus rare dans nos campagnes, la «mélia», vêtement drapé, ne disparaît pas encore.
Mais ces bijoux d’argent connaissent aujourd’hui une nouvelle vie : entrés en décoration, ils font l’objet de collections et s’intègrent dans différentes compositions décoratives : «kholkhal» converti en cendrier, bracelet en porte-cigarette, fibules encadrées en tableaux, ils investissent les vitrines.
L’argent, dit-on, n’a pas d’odeur. Celui-ci en a : celle d’une tradition récupérée, d’une mémoire sauvegardée.

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