Physique fragile, un genou qui ne guérit pas, un service mou et une identité de jeu perdue, le début de saison de Ons Jabeur est à oublier. Quand est-ce qu’elle va rebondir? Elle en est capable.
2024 est le début de saison le plus faible et le plus décevant de Ons Jabeur depuis plus de 7 ans. Elle n’y arrive pas, avec des chiffres qui parlent d’eux-mêmes : 5e défaite et toujours la malédiction du premier ou du second match perdu sur les tournois avec des défaites face à Andreeva à Melbourne (2e tour), Tsurenko à Doha, Volynets à Indian Wells et tout dernièrement Avanesyan à Miami.
Ons Jabeur n’arrive plus à bien rentrer dans les tournois et se fait piéger tôt face à des joueuses pas tellement fortes et qui lui sont inférieures sur tous les plans. Rien qu’à voir ces matches pour constater que c’est Ons qui joue mal et qui offre des points à ses adversaires. Sur ces matches perdus, généralement, les points gagnants sont plus du côté de notre joueuse, les points les plus spectaculaires; et en même temps, énormément de fautes directes et des points offerts à ses adversaires. Le tout avec un service affaibli et très facile à contrer, surtout sur la 2e balle. Cela se voit bien que ce n’est pas le tennis habituel de Ons Jabeur, ni ce qu’elle peut faire quand elle est au top de la forme. Mais cela dure depuis le début de saison, et aucun signe de reprise ou de relance. Finalement que se passe-t-il : usure ? Fragilité physique et un genou «coupable»? Style de jeu appris et décodé par ses adversaires ? L’effet encore de cette finale fatale perdue à Wimbledon ? Un peu de tout, à vrai dire.
Ons Jabeur est en train de douter et de bloquer mentalement. Elle n’est pas aussi bien physiquement, ses appuis et ses déplacements sont plus lourds, et à chaque fois que ça coince pour elle sur un match, son genou ne répond plus et craque. Pas de quoi lui faciliter la tâche.
Heureusement pour Ons Jabeur que ces défaites n’ont pas eu d’effet majeur sur son classement WTA puisqu’elle reste encore au Top 10, et c’est capital pour pouvoir éviter de jouer le premier tour sur maints tournois. Ce classement est expliqué par deux choses : Ons Jabeur n’a pas beaucoup de points à défendre puisqu’elle était absente ou battue tôt l’an dernier sur ces mêmes tournois. Deuxième point, les joueuses qui lui collent au classement ne gagnent pas assez de points et perdent elles aussi ou ne jouent pas telles Zheng, Vondrousova, Ostapenko ou Kasatkina. Mais il faudra faire attention, Ons doit défendre son titre gagné à Charleston l’an dernier (480 points) et prochainement les points gagnés à Roland-Garros (Quart de finale). Entre-temps, elle n’a pas beaucoup de points à défendre à Madrid et Rome.
Rebond ou enlisement ?
Personne ne peut répondre exactement à cette question sensible. Ses fans ont peur du scénario des Badosa, Pliskova, Krejcikova, Azarenka, Bencic ou Osoka, des joueuses qui étaient au Top 10 et qui gagnaient des tournois avant de descendre bas au classement. En tout cas, cette saison démarre mal pour elle, mais on sait tous que le tennis féminin reste imprévisible et ouvert à toutes les alternatives vu le niveau équivalent au-delà de la 5e place. Tout dépendra en fait de Ons Jabeur elle-même, de sa capacité à trouver le rebond et à freiner cette courbe décroissante qui a commencé justement après la terrible et désastreuse défaite face à Vondrousova à Wimbledon. Ons a depuis perdu de sa joie sur un court, avec cette grippe qui l’a bloquée à l’USOpen par exemple. On attendra de voir l’état de son genou qui lui cause un énorme tort, et pour le reste, Ons Jabeur paie également une part de ses choix sportifs. Avec ce talent fou qu’elle a, avec son tennis diversifié, elle aurait pu faire mieux avec une autre approche tactique et bien sûr avec un autre staff plus expérimenté des grands tournois et des détails qui font la différence sur le tennis de haut niveau. On ne pense pas que c’est la fin pour Ons Jabeur et on espère bien que ce ne le sera pas. Elle a encore du talent et des performances à réaliser pour une joueuse qui a enchanté les esprits et créé un style de jeu et une identité propres qui font d’elle une joueuse unique. Il ne faut pas la «détruire» par des commentaires de haine et de complexes par des gens qui n’ont jamais eu une raquette à la main. Ce que Ons Jabeur a fait pour le sport tunisien dans un sport aussi compliqué et «ingrat» que le tennis, seuls les connaisseurs et les vrais passionnés peuvent le percevoir. On attendra avec impatience ce qu’elle fera dans les prochaines semaines !