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Le Cnci, une coquille vide ?

Editorial La Presse

 

ET nous voilà à quelques encablures du Festival de Cannes ! Du 14 au 25 mai. Le festival compte parmi les plus grandes  vitrines  mondiales du cinéma et on ne sait pas encore si la Tunisie aura son pavillon ou pas. On croit savoir que le Cnci (Centre national du cinéma et de l’image), s’y étant pris tard, la Tunisie pourrait avoir  un  pavillon loin de son emplacement habituel très bien situé sur la Croisette. Très loin. Le jeune homme en charge de l’institution depuis le début de l’année ne peut donner que ce qu’il a.   

Même avec un pavillon bien placé, quelle stratégie pour vendre la Tunisie comme terre de tournage ? Jusque-là, nous nous sommes contentés de petits catalogues sous forme de flyers à la manière de ce qu’on trouve dans nos boîtes à lettres. Mais le Cnci est appelé à  « vendre » l’image de la Tunisie de manière très moderne et à attirer les superproductions étrangères à l’instar du Maroc. Il s’agit de dynamiser tout un secteur économique qui était jadis très florissant et qui s’est effiloché lentement à cause de la bureaucratie et des autorisations de tournages qui doivent  faire le tour de cinq ministères … Indiana Jones, Le Patient anglais,  La Guerre des étoiles ont été tournés chez nous, dans nos belles contrées, et témoignent de notre expertise et du professionnalisme des techniciens tunisiens.  Depuis plus de cinq ans, une étude effectuée par l’Union européenne pour créer un « Tunsian Film Comisssion »  sommeille dans les tiroirs du Cnci. Les ministres et les directeurs généraux du Cnci se  sont succédé et personne n’a prêté attention à cette manne économique laissée en friche. Chaque année, la Tunisie est présente à Cannes mais aucun effort n’a été fourni pour attirer les producteurs étrangers, aucun effort pour vendre nos films et nos projets de films à l’étranger. Même pas un travail de lobbying pour soutenir  nos cinéastes et placer leurs films dans  des festivals. Car on ne le sait que trop : être sélectionné dans un festival aujourd’hui est un travail de « public relations »,  pour ne pas dire de copinage. Aujourd’hui, un jeune producteur qui veut ramener des tournages étrangers en Tunisie ne saura plus à quel saint se vouer. C’est la croix et la bannière. L’année précédente, Harisson Ford était présent à Cannes pour présenter son film. Il n’était même pas invité par les responsables tunisiens à dire deux mots sur ses souvenirs de tournage d’Indiana Jones en Tunsie. Il l’aurait fait ! Et quelle promotion pour la Tunisie, terre de tournage. Devant le Cnci s’ouvrent également de grands autres défis pour faire du cinéma tunisien une véritable économie rentable pour les producteurs tunisien dans leur pays comme l’instauration de la billetterie unique, un dossier tabou qui dure depuis des années et qu’aucun ministre ni directeur du Cnci n’a pu toucher. Parce que personne ne sait que les films tunisiens faits pour des Tunisiens et pas pour les festivals étrangers, cela  rapporte gros !     

Il n’est peut-être pas trop tard pour s’ y prendre mais avec beaucoup de volonté politique et économique parce que le cinéma n’a jamais été pensé chez nous comme une possible industrie mais  juste pour « faire  auteur  ». Il est temps de changer de focale.

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