La mondialisation et les accords de libre-échange ont déséquilibré tout l’écosystème de l’industrie du textile en Tunisie. Ainsi, depuis plusieurs années, le pays fait face à des flux massifs d’importations venant essentiellement des pays asiatiques et de Turquie qui règnent en maîtres sur ce secteur.
Inflation, baisse des exportations vers l’Union européenne, prédominance de l’informel, baisse des investissements…, l’industrie tunisienne du textile est mise à mal par divers obstacles qui paralysent son expansion. Ce contexte difficile a poussé les professionnels à tirer la sonnette d’alarme pour sauver ce secteur en danger. Ce dernier connaît des défis, mais il conserve une position importante dans l’économie du pays. Il est confronté à une concurrence internationale rude entraînant une pression sur les prix et des difficultés pour maintenir la rentabilité.
Faut-il rappeler que le nombre des entreprises opérant dans le secteur du textile en Tunisie a chuté à seulement 70 entités, contre plus de 200 entreprises auparavant, ce qui menace la pérennité du secteur, a alerté la Fédération tunisienne du textile.
Dans ce même contexte, le secrétaire général du syndicat, Habib Hazami, a fait état d’une baisse drastique du nombre des entreprises spécialisées dans le textile (tissage et finition), notant que ce secteur «est en voie de disparition» dans le pays. Et d’ajouter que le textile ne représente que 15% du secteur global du textile et de l’habillement, qui compte un total de 1.700 entreprises actives.
Dans ce sens, le responsable a dénoncé une concurrence déloyale de la part des entreprises qui importent du tissu fini, tandis que les autres entreprises effectuent divers processus tels que le lavage, la teinture et le polissage et se retrouvent, par conséquent, perdantes.
La Tunisie, poursuit-il, importe annuellement plus de 100 millions de mètres de tissu, alors que seulement 20 millions de mètres de tissu suffisent pour relancer les entreprises du secteur textile et finissage et les sauver de la faillite.
Confronté depuis plus d’une décennie à divers obstacles, avec des défis majeurs tant sur le marché local qu’à l’international, le secteur doit faire face à plusieurs difficultés qui impactent sa viabilité et sa compétitivité. Sur le marché local, l’inflation représente l’un des défis prédominants. L’augmentation des prix des matières premières, de l’énergie et des coûts de production entraîne une pression sur les marges des entreprises du secteur, réduisant ainsi leur rentabilité. Cette inflation affecte également le pouvoir d’achat des consommateurs locaux, réduisant ainsi la demande intérieure de produits textiles et d’habillement. Par ailleurs, le secteur du textile est confronté à une concurrence déloyale de l’économie informelle. Les produits contrefaits sont commercialisés à des prix inférieurs, ce qui nuit non seulement à la rentabilité des fabricants légitimes, mais aussi à la qualité et à la réputation de l’industrie dans son ensemble.
A l’échelle internationale, le secteur du textile est confronté à plusieurs obstacles, notamment la hausse des facteurs de production et la dépendance à certains marchés. La hausse des facteurs de production, tels que les coûts des matières premières, de l’énergie et de la main-d’œuvre, constitue un défi majeur pour le secteur textile à l’échelle internationale. Cette augmentation des coûts de production peut rendre les produits tunisiens moins compétitifs sur le marché mondial, notamment face à la concurrence des pays offrant des coûts de production plus bas. De plus, la dépendance à certains marchés peut également représenter un obstacle pour le secteur. Si la Tunisie dépend fortement de certains marchés pour ses exportations textiles, comme l’Union européenne, tout changement dans ces marchés, qu’il s’agisse de fluctuations économiques, de politiques commerciales ou de demandes spécifiques, pourrait avoir un impact significatif sur les exportations et la compétitivité du secteur.
Par ailleurs, on assiste à une concurrence acharnée déloyale qui détruit les circuits de distribution fragilisés par les effets du Covid. Aujourd’hui, ce ne sont que quelques niches, notamment le textile professionnel et le textile haut et moyen de gamme qui ont connu un impact moindre.
Outre la baisse du pouvoir d’achat des Tunisiens et les séquelles de la crise du Covid ainsi que les conséquences de la guerre en Ukraine et au Proche-Orient, le secteur vit des difficultés importantes malgré l’effort du gouvernement pour rétablir la confiance chez les professionnels. Parmi les obstacles souvent cités, on parle de l’économie informelle. Un phénomène qui touche toutes les chaînes de l’industrie, à commencer par la production mais aussi les importations.
Quelles sont les opportunités de développement et les pistes de solutions pour renforcer la compétitivité et la durabilité de ce secteur ? Malgré ces difficultés, l’amont textile en Tunisie dispose d’opportunités et de potentialités pour se développer et se renforcer. Parmi ces opportunités : la proximité géographique et culturelle avec l’Europe, qui constitue un atout pour répondre aux exigences des donneurs d’ordre en termes de qualité, de délai et de flexibilité, outre la diversification des marchés et des produits, notamment vers l’Afrique, le Moyen-Orient et les Etats-Unis, qui offrent des perspectives de croissance et de rentabilité.
Autres opportunités non moins importantes qui consistent en l’innovation et la différenciation, permettant de se positionner sur des segments à forte valeur ajoutée, tels que le textile technique, le textile médical, le textile intelligent ou le textile durable.
Pour saisir ces opportunités, il est nécessaire de mettre en œuvre des solutions adaptées aux besoins et aux spécificités du pays, dont la modernisation des équipements et des procédés, qui permet d’améliorer la productivité, la qualité et la compétitivité du secteur, le soutien financier aux nouvelles entreprises et aux petites et moyennes entreprises existantes, la création de zones industrielles dédiées au secteur textile, le développement de la coopération…