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Eloge du Sahara

Editorial La Presse

 

L’adoption, jeudi dernier, du projet de décret portant création de l’Office de développement du Sud et du Sahara par le Conseil des ministres vient à point nommé donner un nouvel élan au développement régional dans les quatrième et cinquième districts tunisiens. Cette structure, qui aura son siège à Tozeur, œuvrera à assurer une meilleure orientation des investissements publics afi n d’assurer une exploitation optimale des ressources naturelles et humaines dans les différents gouvernorats du Sud de manière à y booster le développement et à assurer leur intégration dans le circuit économique national.
Le sage Théodore Monod disait que pour parler du désert, il faudrait se taire comme lui et lui rendre ainsi hommage. En effet, la première jouissance au Sahara, c’est ce regard sur l’immensité, le silence et la splendeur de ce vaste et étrange territoire où l’on assiste au coucher du soleil sur les dunes comme des pâtres d’étoiles célestes.
C’est que le Sud tunisien, par la richesse de sa palette de couleur ocre et ses oasis verdoyantes, a quelque chose d’intime et de secret à offrir. De ses villes baignées dans les couleurs du soleil, émane un appel envoûtant à l’escapade. Ici le pouls du temps bat à un rythme mystérieux, celui du rien vacancier qui nargue le voyageur et le pousse à l’aventure.
Dans cette région des grands parcours, l’horizon disparaît et toute vie semble annihilée pour laisser place aux trois déserts entremêlés : le désert de sable, où le vent sculpte inlassablement des dunes mouvantes; le désert de sel, celui des Chotts, miroirs de cristaux scintillants qui renvoient d’étonnants mirages ; et le désert de pierres, immensité rocailleuse et calcinée où le regard se perd.
Imaginez des dunes géantes, une mer de sable toute crêtée d’or, les pas feutrés des chameaux dans le silence du Grand Erg…
Le Sahara tunisien est tout cela, mais bien plus encore. C’est aussi les villages berbères perchés au sommet de collines abruptes, les surprenants ksour ou châteaux du désert, les habitations troglodytes creusées à même la roche… Immensité et diversité caractérisent ce monde saharien; un monde exaltant d’où l’on revient transformé.
C’est d’ailleurs la richesse et la splendeur imperturbable qui se dégage de cet espace qui a fasciné plus d’un romancier, d’un poète ou d’un cinéaste.
La Guerre des étoiles, Le Patient anglais…La liste est longue et l’on ne pourrait citer à titre exhaustif tous les films tournés sur ce plateau inédit que présente le modeste Sahara tunisien. Cependant, on ne pourrait jamais prétendre valoriser le Sahara avec des clichés basés uniquement sur la seule étrangeté des lieux et la forme de dépaysement qu’ils offrent par leur vacuité.
Car le Sahara n’a jamais été un lieu vide. En effet, la «présence de l’homme préhistorique est encore largement attestée dans l’ensemble du Sahara… Il est habité par les hommes depuis plus de deux millions d’années». Nous sommes donc en présence, certes, d’un milieu vaste et hostile, mais qui est chargé d’histoire, de culture et de civilisation. Il s’agit donc de faire découvrir par le biais de ce nouvel office l’art et la manière de vivre des communautés qui vivent au Sahara.
Outre l’élevage, l’agriculture et les énergies renouvelables, l’Offi ce devrait aussi valoriser les aspects de la vie bédouine au Sahara. A l’instar des vaillants Mrazigs, fi ers cavaliers et vaillants combattants pour la libération de la nation au temps de la colonisation, et leur sens de l’honneur et du sacrifi ce, qui nous rappellent le rôle que jouait par le passé ce grand carrefour d’échanges commerciaux et de départs des caravanes. C’est aussi dans ces lieux désertiques qu’on peut faire l’éloge du dromadaire qui a transporté sur sa bosse des siècles de civilisations : hommes, guerriers, pèlerins, brigands, sel, épices, or et armes…C’est lui qui a fait sortir Abraham d’Egypte et c’est sur une chamelle que le Prophète a accompli sa Hijra (exil).
Alexandre Le Grand, Hérodote et Lawrence d’Arabie ont atteint les coins les plus reculés des déserts grâce au chameau. Cité par la Bible et le Coran, en Australie, il fut introduit en masse pour construire les chemins de fer. Selon un hadith du Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui), c’est l’animal le plus réussi de la création. En effet, de sa démarche sont nées la musique arabe et la poésie.

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